La société civile guinéenne s’inquiète de la situation qui prévaut dans la gouvernance des affaires publiques et appelle au retrait pur et simple de cette ‘’proposition’’ de Loi

COMMUNIQUE DE PRESSE N°02/2016/P – Par voie de presse, il vient d’être révélé à l’opinion, l’introduction d’une proposition de Loi portant amendement du règlement intérieur de l’Assemblée Nationale en vue de légiférer sur de nouveaux avantages en faveur de nos ‘’honorables’’ députés.

L’article de presse diffusé sous le titre ‘’Guinée : Les députés exigent des passeports diplomatiques pour leurs femmes et leurs enfants’’ devrait nécessiter un démenti immédiat de la part de l’Assemblée Nationale, si l’information en l’état prêtait à équivoque. En espérant un éventuel démenti de cette grave information, la société civile guinéenne exprime à l’Assemblée Nationale sa désapprobation, de tout acte d’abus du pouvoir d’Etat, à des fins personnelles. L’exemple de rigueur et de respect de deniers publics devrait être donné en tout premier lieu par les représentants du Peuple.

En effet, les nouveaux avantages envisagés, outre leur caractère abusif, posent un problème moral. En plus, ils pourraient avoir inopportunément d’importantes incidences financières sur le Budget de l’Etat ; et susciter d’autant, à travers de nouvelles pressions fiscales, des charges supplémentaires injustes pour les travailleurs, les populations et les entreprises, déjà éprouvées par la crise actuelle.

En ce moment précis, l’Assemble Nationale doit mesurer avec une forte attention l’état d’esprit dans lequel les travailleurs, les populations et les entreprises endurent les conséquences de la crise financière que traverse notre Pays, du fait entre autres de la mauvaise gouvernance des affaires publiques. Déjà l’Assemblée Nationale vient d’augmenter de 111, 6% la rémunération des députés, dans la Loi des finances 2016 votée il y a seulement quatre mois, (de 27,494 milliards en 2015 à 58,21 milliards de francs guinéens en 2016). Alors que près de 60 % des citoyens guinéens qu’ils représentent croupissent dans la misère et peuvent passer des jours entiers sans avoir de quoi manger. Il est inacceptable que l’on continue d’exiger des sacrifices de nos pauvres populations pour soutenir de vaines réformes, quand les représentants de l’Etat continuent de se servir à volonté.

La société civile guinéenne s’inquiète de la situation qui prévaut dans la gouvernance des affaires publiques et appelle au retrait pur et simple de cette ‘’proposition’’ de Loi. Elle met en garde l’Assemblée nationale contre les conséquences de tels excès qui illustrent le mépris pour les populations et suscitent de l’indignation des citoyens, dans ce contexte socio-économique précaire.

La société civile guinéenne invite le Gouvernement et la Cour constitutionnelle à prendre toutes les dispositions utiles pour empêcher les initiatives susceptibles de détériorer un climat social déjà fragile.

Conakry, le 13 avril 2016

La PCUD