Contrairement aux acteurs de la pêche industrielle qui étaient contraints de respecter le repos biologique sur les eaux en Guinée pendant la période du 1er juillet au 31 août, ceux de la pêche artisanale menaient leur activité pour approvisionner la population en poisson. Sauf que malgré cette volonté, ces artisans sont très loin de satisfaire leurs concitoyens qui trouvent difficilement le poisson au marché. Il est devenu cher et rare, ce qui fait que beaucoup de personnes se plaignent.

Nous nous sommes rendu au Port de Pêche de Boulbinet pour connaître les raisons de la cherté du poisson à Conakry. Les conséquences de la rareté du poisson se font ressentir dans l’assiette au quotidiennement.

Les femmes venues des 5 communes de la capitale se bousculent tous les jours au débarcadère du Port de Boulbinet. Elles passent toute la journée à attendre l’arrivée  des barques. Une fois que la barque accoste, chacune se précipite pour passer devant et être la première servie. Malgré le prix élevé, elles n’hésitent pas à acheter ces poissons pour les revendre au marché.

Arrêtée à l’écart juste à côté d’un groupe de femmes, Fatoumata Sylla, mariée et mère de trois enfants, raconte la galère qu’elle traverse avant d’avoir le poisson :

« Rien ne va au sein du port de Boulbinet. L’affaire du poisson est difficile. Actuellement, il y a le vent et la pluie, beaucoup de pêcheurs ont perdu leurs matériels. D’autres n’ont pas le courage de partir à la mer pendant cette période hivernale. Difficilement on gagne les poissons. Si tu n’as pas une bonne relation ou une barque pour toi, tu vas beaucoup souffrir. Certaines personnes te font traîner toute la journée en te faisant de fausses promesses. Moi, pour avoir le poisson, je finance un pécheur, des fois il me ment sans me donner le poisson dont j’ai besoin. »

Puis, elle explique comment se passent les transactions: «  Quand je gagne le poisson, je le revend aux femmes vendeuses de poissons sur le marché. C’est dans ça qu’on gagne notre vie et on s’occupe de notre famille. Maintenant le prix est très cher. Avant, on pouvait avoir 5 poissons pour 5.000 gnf, mais maintenant c’est 5 pour 10.000 voire 20.0000gnf… ».

Quant à Paye Camara, un pêcheur qu’on a trouvé en train de faire les filets pour préparer son prochain voyage, il soutient que la cherté du poisson ne dépend pas des pêcheurs, mais plutôt des conditions dans lesquelles ils exercent cette activité pendant cette saison pluvieuse.

Selon M. Camara, sur les centaines de pêcheurs artisanaux qui travaillent au Port de Boulbinet, il y a seulement  peu d’entre eux qui pêchent. Puisqu’il y a trop de risques en haute mer : « Même si nous prenons toutes les précautions avant de partir, il est quand même très difficile de pêcher pendant cette période de pluie où on peut être confronté à un vent violent ou autre problème. Malgré cela nous nous sacrifions pour approvisionner nos concitoyens en poissons. De retour on est obligé de réparer nos barques mais on est surtout confronté à l’augmentation du prix du carburant qui nous pousse à augmenter le prix du poisson ».

Le vice-président du comité de développement des Débarcadères du Port de Boulbinet, Abdoulaye Camara, a, pour sa part, donné une piste de solution pour faciliter l’approvisionnement du poisson : « Le poisson va être cher sur le marché. Quand la pêcherie est rare ce n’est pas facile. C’est la pêche artisanale qui peut servir la population à 90%, mais si ces pécheurs sont moins dotés, on ne pourra pas servir la population. Nous nous efforçons de pêcher. Il faut qu’au niveau des débarcadères on outille très bien les pêcheurs. Ainsi, il y aura une bonne pêche, car on aura suffisamment de poissons sur le marché ».

Pour loin, M. Camara demande au président de la République de les aider à obtenir leur subvention qui leur a été promise.

Par ailleurs, il faut noter qu’à l’image du port de Boulbiinet, les autres ports du pays sont confrontés au même problème pendant cette période hivernale. Même si la reprise de la pêche industrielle est une bonne nouvelle, il va falloir que le gouvernement apporte un soutien particulier aux acteurs de la pêche artisanale qui travaillent dans des conditions pénibles.

Soya Gallet