Cette interrogation est tout à fait légitime et mérite d’être clarifiée.

Le secteur énergétique est complexe et repose sur deux piliers distincts : la production et la distribution de l’électricité. La Guinée, grâce à divers projets d’infrastructures hydrauliques, comme celui du (Programme de Réhabilitation et d’Aménagement des barrages), a réussi à atteindre un niveau de production capable de couvrir 80% de la demande.

Toutefois, le véritable enjeu réside dans la distribution de cette énergie à travers le pays. Depuis l’indépendance, les progrès en matière de transport et de distribution sont restés limités, laissant certaines régions comme la Haute-guinée ou la Guinée-Forestière relativement isolées du réseau électrique. Acheminer l’électricité sur de longues distances, depuis les zones de production jusqu’aux régions périphériques, s’avère extrêmement onéreux. C’est pour pallier ce déficit que des projets d’interconnexion régionale, tels que Linsan (qui est sous régional) et celui reliant la Guinée à la Côte d’Ivoire, ont été lancés pour alimenter les régions éloignées. Ensuite la ligne d’interconnexion Guinée-Mali est à 65% des travaux, ce qui va permettre en 2025 d’apporter de l’électricité en haute-guinée.

L’ÉCHANGE COMMERCIAL D’ÉNERGIE.

L’électricité, contrairement à des denrées telles que le riz ou le fonio, ne peut être stockée pour des usages futurs. Une fois produite, elle doit être immédiatement consommée ou, à défaut, elle est irrémédiablement perdue, tout en continuant d’imposer des coûts d’entretien liés aux infrastructures de production, et le modèle de contrat take or paye ou tak and paye.

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Sur la scène internationale, notamment en Europe, il existe un marché énergétique intégré, où l’électricité se négocie comme des matières premières ou des devises. Les pays en situation de surplus énergétique ont la possibilité de vendre cette énergie à leurs voisins, optimisant ainsi leur production et diminuant leurs coûts d’exploitation.

En Guinée, la récente crise était dû à la faible capacité du couple Souapiti-Kaleta de 690 en puissance installée, elle fournissait 150 mégawatt avant l’arrivée du bateau thermique. Pour combler le gap/combler, on a fait appel au bateau.

Miraculeusement, en dépit des prévisions météo qui n’étaient pas en notre faveur cette année, le changement climatique nous a honoré d’une bonne pluviométrie qui a permis au barrage de déverser atteignant la côte 211.

Notre objectif était d’atteindre les 210 au mois de décembre prochain pour faire face à la demande croissante avec l’appui du bateau thermique car à partir de janvier, les besoins vont aller jusqu’à 690.

Mais la côte 210 de hauteur d’eau nous permet de produire 400 mégawatts de janvier à juillet 2025.

Nous avons donc constaté qu’il y a 2 mètres de hauteur d’eau qu’il faut turbiner ou déverser. C’est de l’argent perdue la seconde option.

C’est là que l’interconnexion avec les pays voisins entre en jeu. Elle permet non seulement de vendre cet excédent, mais aussi de participer à un commerce régional de l’électricité. Cela a déjà été le cas lorsque la Guinée était en crise et a eu besoin du Sénégal.

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La vente de cet excédent n’implique pas une indifférence du gouvernement à l’égard des besoins domestiques.

Nous n’avons pas de ligne de transport interne qui permet d’évacuer cette énergie dans des villes comme Faranah, Boffa, Macenta, Kankan ou autre. La seule piste qui nous est ouverte c’est de vendre cet excédent aux pays voisins.

Pourquoi c’est bénéfique pour les voisins ?

Il s’agit de l’hydraulique, ça coûte moins cher que le thermique. Le Sénégal nous a vendu du thermique à un moment donné. Et aujourd’hui ils peuvent acheter de l’hydraulique moins cher et donc réduire leur coût d’exploitation tout comme le Libéria, la Sierra-Leone et la Guinée-Bissau.

Ainsi, pour faire face aux charges du bateau, et retrouver du dollar dans les caisses de l’Etat, pendant 3 mois, nous sommes entrain exporter de l’énergie.

Et il est important d’ajouter ceci : en période de saison des pluies (août, septembre et octobre), la demande interne baisse car les gens font moins recours aux appareils électroménager surtout les climatiseurs.

Donc la Guinée exporte de l’énergie : plus de 80 mégawatts au Sénégal et une centaine vers le réseau CLSG et 20 en Guinée-Bissau. Le couple Souapiti-Kaleta peut produire à date 650 mégawatts jusqu’en décembre sans pour autant hypothéquer le plan de production pendant la période d’étiage.

Notre responsabilité est de vous rendre compte, vous informer et faire comprendre les choses.

Aboubacar Camara

Ministre de l’Energie, de l’Hydraulique et des Hydrocarbures

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