La route nationale n°1 (RN1) reliant Conakry à Kindia est devenue un véritable calvaire pour les usagers. Ce tronçon stratégique, emprunté quotidiennement par des milliers de véhicules, est jalonné de multiples points de contrôle, transformant le trajet en un parcours du combattant.
De retour de ma ville natale où j’étais en fin de semaine pour des raisons sociales, j’ai constaté une situation exaspérante : les contrôles commencent là où s’arrête la 2×2 à la sortie de Coyah et s’étendent jusqu’à Sabouya, pour ceux qui se rendent à Kindia. Une dizaine de postes de contrôle mixtes composés de policiers et de gendarmes, avec à de rares occasions la présence des douaniers, sont disséminés le long de cet itinéraire.
Les automobilistes de bonne foi qui s’arrêtent volontairement sont soumis à un véritable interrogatoire des agents en uniforme. Le contrôle des documents de bord devient une véritable épreuve, car il est quasi impossible d’être en règle à leurs yeux. Même lorsque toutes les pièces exigées sont présentées, un prétexte supplémentaire est trouvé pour justifier une sanction.
Le cas le plus emblématique reste celui de la visite technique. Si un automobiliste ne possède pas ce document, deux options s’offrent à lui : payer une verbalisation de 400 000 francs guinéens au Trésor public, au prix de la confiscation des papiers du véhicule jusqu’à paiement effectif, ou bien s’acquitter immédiatement de 100 000 francs guinéens en espèces. Une somme qui ne garantit même pas d’échapper au même traitement au prochain barrage.
Les contrôles prennent aussi une tournure discriminatoire selon le type de véhicule. Un 4×4 flambant neuf est systématiquement perçu comme un signe de richesse, ce qui motive un acharnement supplémentaire des agents. À l’inverse, les taxis semblent bénéficier d’un passe-droit. Leurs conducteurs ne s’arrêtent même pas : ils tendent simplement un billet de 10 000 francs guinéens à la volée aux agents postés, que ce soit à l’aller ou au retour.
Si ces contrôles sont censés contribuer à la sécurisation de la route, en permettant notamment l’interception de stupéfiants et de produits illicites, les usagers estiment qu’ils doivent être mieux encadrés et moins contraignants. Face à ces abus, ils appellent à une réglementation plus équilibrée, moins discriminatoire afin que la RN1 ne soit plus un parcours d’obstacles mais une voie de circulation digne de ce nom dans l’intérêt de la sécurité nationale.
Aboubacar SAKHO
Journaliste-juriste