Apparemment, la décision de la police nationale d’interdire des mototaxis dans la commune de Kaloum pour mieux assurer la circulation ne fait pas l’unanimité chez la population. Dans le centre-ville administratif du pays, de nombreuses personnes critiquent sévèrement cette décision des autorités policières qui serait prise unilatéralement sans tenir compte des réalités du contexte actuel. Ils estiment que cette décision contribue à augmenter le calvaire des usagers. A cause du manque des taximotos, les gens ont du mal à se déplacer. Beaucoup de travailleurs viennent en retard à leur service. Ils passent plusieurs heures à attendre sans cesse les véhicules qui se font rares. En plus, cette interdiction favorise le chômage des jeunes et la corruption.

Les personnes interrogées dans le cadre de ce reportage estiment globalement qu’au lieu de prendre une décision hâtive pour interdire les mototaxis à Kaloum qui est le centre des affaires du pays, l’Etat devrait règlementer le secteur. Car de nos jours, il est devenu un pourvoyeur de fonds et d’emplois pour les jeunes guinéens.

Selon Mariam Kanté : « L’interdiction des mototaxis dans la commune de Kaloum est une très mauvaise décision de la part du directeur général de la police nationale. Parce que nous souffrons beaucoup pour trouver un moyen de déplacement. Ça fait 2h de temps que nous sommes arrêtés à la plaque pour chercher de véhicule mais en vain. On ne trouve ni véhicule ni moto. Les rares motards qui sont sur la circulation disent qu’ils ne sortent pas de la ville. Il ne fallait pas interdire subitement la circulation des mototaxis en ville. Cette décision fait souffrir beaucoup les gens à Kaloum. La sortie et la rentrée de la ville est devenue très compliquée surtout pour nous qui viennent travailler ici. Le gouvernement doit vraiment revenir sur cette décision. C’est seulement les mototaxis qui peuvent t’envoyer là où tu veux. Je pense que même si les motards sont indisciplinés dans la circulation, il fallait prendre des mesures idoines sans interdire directement. Sinon c’est tout le monde qui soufre. »

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Pour Aboubacar Sylla : « Le secteur de mototaxis est devenu aujourd’hui un secteur très sensible, il faut le reconnaître. Il y a des cadres qui sont dans les bureaux qui sont fâchés contre cette décision de la police nationale. Mais aujourd’hui sort dans la rue, les gens sont entrain de marcher, ils sont en retard au service.

L’Etat doit prendre ses dispositions et s’investir dans la réglementation de ce secteur qui est devenu un secteur pourvoyeur d’emplois et de fonds. Imagine si tous ces jeunes conducteurs sont remis au chômage, quand on dit qu’il y a marche c’est tous ces jeunes-là qui vont se verser dans la rue pour manifester leur ras-le-bol. Mais si ça trouve qu’ils sont occupés à une activité génératrice de revenus, ils ne vont jamais sortir.

Il faut faire les États généraux des taximotos et mettre quelques choses en place dans l’intérêt supérieur de la nation. Mais il ne faut se lever un beau jour pour annoncer l’interdiction sans voir l’impact de la décision.

Il y a des motards qui travaillent avec les policiers moyennant quelque chose. Mais quand tu es sous une couverture, tu fais ce que tu veux. Parce que tu n’es pas verbalisé. Dès qu’on t’arrête tu appelles tel commissaire ou tel commandant et puis on te lâche facilement. Il faut que tout ça cesse. Le directeur général de la police doit être lui-même être sur le terrain pour voir le fait réel. »

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Quant à : Dénis Fabrice : « Puisque nous sommes en manque de moyens de déplacement, surtout que les bus ne sont pas empruntés par tout le monde et aussi les taxis se font rares. Donc, c’est avec les mototaxis qu’on arrive à circuler dans la ville mais aujourd’hui si on apprend que ces mototaxis sont interdites de circuler à Kaloum ça va être compliqué pour nous. Puisqu’il n’y a pas d’alternative. Après l’interdiction qu’est-ce qui suit pour permettre aux gens de se déplacer aisément. Vous-même, vous voyez que les gens sont arrêtés à la plaque pour chercher véhicules et quitter la ville.

A l’instar des pays comme le Sénégal et la Côte d’Ivoire, l‘Etat guinéen devrait s’investir dans le transport urbain. En Guinée, les bus ne sont pas assez, quand un passe, ça va mettre une heure de temps avant de voir le second et là c’est très compliqué pour nous les citoyens. La population souffre. »

Ces avis sont partagés par beaucoup de guinéens. Pratiquement toutes les couches sociales empruntent les mototaxis pour vaquer à leurs occupations.

En ce qui concerne les conducteurs, ceux qui forcent la situation sont interpellés par les agents de police. A date pas moins de 400 motos ont été arrêtés et se trouvent à la fourrière. Selon la direction générale de la police, les personnes verbalisées doivent payer une amende au trésor public afin de récupérer leurs engins. Après 45 jours sans payement, les motos seront revendues aux enchères, dit-on.

Ibrahima Soya pour le Courrier de Conakry

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