La journée mondiale de la liberté de la presse a été célébrée ce jeudi 03 mai 2018 en comme partout dans le monde. Ce grand évènement médiatique qui a réuni les présidents des différentes associations de presse, le corps diplomatique accrédité en Guinée, le chef de file de l’opposition, et même le président de la République Pr Alpha Condé s’est tenu à la maison de la presse de Guinée. Le président Alpha Condé se rend pour la première fois depuis 8 ans à la tête de la Guinée à une célébration de la journée mondiale de la liberté de la presse en Guinée.
Après avoir écouté, la déclaration des associations de presse qui présente dans son ensemble la grande précarité de médias guinéens, le président Alpha Condé s’est plutôt saisi du classement général 2018 de Reporters Sans Frontière (RSF) qui classe la 104ème. Résultat d’un recul de la liberté d’expression en Guinée. Alpha Condé en fait le centre de son discours.
« Je dis souvent que la Guinée est victime de son passé. Quand vous parlez de vous aider, moi je vous demande ce que vous avez fait pour la Guinée. Tous les progrès qu’on a fait depuis 2011 sont passés sous silence, comme si on était dans un pays où on maltraitait les journalistes. Pourtant aucun journaliste n’a été arrêté par le gouvernement et encore moins tué. Et pourtant les pays comme la Mauritanie, les journalistes sont maltraités et arrêtés, et ils ont été classé 54ème. C’est parce vous présentez une image de la presse en Guinée qui ne correspond pas à la réalité. Comment voulez-vous qu’on vous appuie quand vous faites en sorte que tous les efforts en faveur de la liberté de la presse sont étouffés et dès qu’il y a le moindre malentendu, vous faites du bruit. Parce que des gendarmes ont convoqué des gens, vous en faites un grand bruit, vous faites du boucan. Moi je ne suis pas prêt à m’engager derrière vous, quand vous continuez à piétiner tous les progrès de la liberté de la presse. Vous faites comme si la Guinée était encore sous la première république. Donc chacun n’a qu’à prendre ses responsabilités ; il faut se poser la question qui est responsable de ce classement. Vous parlez de reporter sans frontière, mais ce n’est pas le meilleur exemple en France. Est-ce que depuis que je suis président, un journaliste a été emprisonné ? Est-ce que j’ai poursuivi un journaliste depuis que je suis président ? Est-ce que j’ai porté plainte contre un journaliste ? Alors comment la Guinée peut être classé 104ème ? C’est parce que vous continuez à vendre une image du pays qui est contraire à la réalité du pays. Comment voulez-vous qu’on continue à écouter vos revendications quand vous faites tout pour présenter une mauvaise image du pays. Comment on peut être 104ème ? Il faut d’abord répondre à cette question, si vous répondez à cette question je vous répondrai, mais tant que vous ne répondez pas à cette question je ne vous répondrai pas », a-t-il laissé entendre.
Nantènin Traoré