Les membres du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) ; condamnés en première instance il y a plus d’un mois, ont été libérés jeudi 28 novembre 2019 par la Cour d’appel de Conakry.  L’audience doit reprendre le 5 décembre prochain. Le leader du Bloc Libéral, le Dr Lansana Faya Millimouno, a réagi à cette libération.

Dans un entretien qu’il a accordé à Guineenews, le président du Bloc Libéral (BL) a dénoncé ce qu’il appelle une justice à double vitesse. Il dit avoir un sentiment mixte suite à cette libération des membres du FNDC : « J’ai un sentiment mixte face à cette actualité. D’un côté, je suis content pour mes compatriotes qui étaient détenus de retrouver leurs familles. Leur place, c’est dans leurs familles, pas dans une prison. Parce qu’ils n’ont pas commis de crime ni de délit punissable par la loi guinéenne. Et donc, le fait qu’ils aient recouvré leur liberté et qu’ils soient capables de vivre avec leurs familles, je suis content pour cela. Mais en même temps, je vais au-delà pour dire que l’élite guinéenne doit faire très attention. Elle doit s’assumer. Elle doit prendre ses responsabilités. Le fait qu’on soit en train de jouer à un système qui est dangereux pour un système judiciaire. La démocratie n’est possible que, l’Etat de droit n’est possible que lorsque le système judiciaire joue son rôle de façon indépendante. Et cette indépendance doit s’affirmer non seulement par rapport à tous les acteurs sociaux et économiques, mais elle doit s’affirmer par rapport à sa propre hiérarchie. Autrement dit, quand un juge, un magistrat prend une décision, il ne doit se conformer qu’à la loi et non à la volonté de qui que ce soit, fût-il le président. »

Dans des propos que nos confrères ont relayé, Faya Millimouno regrette le fait que la justice ne bouge quand c’est un opposant qui est concerné : « On n’a pas l’impression que notre justice soit aujourd’hui en train de s’affirmer de cette façon. On sait l’acharnement de la justice quand il s’agit d’un opposant. On sait l’impunité qui est cultivée par la même justice quand il s’agit de quelqu’un de la mouvance. Si la justice devait faire son travail pour tous ceux qui commettent les délits dans ce pays, la moitié des membres du gouvernement serait déjà en prison. Donc, je dis qu’il faut que l’élite s’affirme et qu’on cesse de parler, de tuer et de voler au nom d’un individu. Nous sommes une démocratie. C’est nous qui faisons du président de la République – qui est une institution extrêmement importante dans notre pays -, c’est nous qui faisons de la Présidence de la République une position équivalente à celle de dieu humain. Il faut qu’on sorte de cela. »

Il conclut en disant que la justice doit être impartiale : « La Guinée a besoin d’être mature. La Guinée a besoin d’être au diapason  de l’humanité. Nous devons avoir une justice pour que les Guinéens aient confiance en elle, renouent avec la paix pour que nous construisions ce beau pays. Je n’ai pas le sentiment, avec ces va-et-vient, avec ces tergiversations, que la justice guinéenne soit en train de s’affirmer comme on l’aurait souhaité ».

Maurice Haba pour lecourrierdeconakry.com

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