La gouvernance par les interdictions et les restrictions est l’une des caractéristiques des régimes autocratiques. Les systèmes répressifs s’instaurent par la stratégie des lois et décisions liberticides taillées sur mesure.
À défaut d’avoir de la vertu pour régler ou anticiper les problèmes de la société, les dirigeants radicaux s’arrangent toujours à rendre illégales les formes pacifiques de contradiction. Cela leur permet de predisposer les esprits immatures et manipulés à la justification de la répression, les emprisonnements et la torture des contestataires.
Malheureusement ce type de méthode encourage la radicalisation et la forme clandestine de la résistance. Il va de soi que lorsque les gouvernants rendent impossible la forme démocratique de conquête et d’exercice du pouvoir, ils encouragent l’émergence d’autres options.
Voici quelques exemples illustratifs dans l’histoire des luttes politiques :
> En Afrique du Sud, l’ANC, le mouvement anti apartheid avait été interdit d’activités. Ses partisans et leaders étaient considérés comme des terroristes. L’organisation était également sur la liste noire de plusieurs pays qui collaboraient avec le régime d’apartheid. La suite est connue.
> L’esclavage, le racisme et la colonisation ont été aussi instaurés par des lois faites par et pour des systèmes véreux. Toutes initiatives de contestation étaient réprimées par la police et les juridictions au nom de l’autorité dite publique.
La suite est connue.
> En Côte d’Ivoire, c’est par des lois orientées qu’Alassane Ouatara avait été contraint à l’exil et déclaré inéligible pendant plusieurs années pour défaut de nationalité.
La suite est connue.
> Au Rwanda, Paul Kagamé et sa communauté (les Tutsis) ont été aussi discrimés et persécutés sur la base des lois fabriquées pour favoriser l’injustice à leur égard.
La suite est connue.
En fait, lorsque les criminels du droit se mettent au service du mal, ils taillent les textes de loi à la mesure de l’agenda des bourreaux. C’est pourquoi, la loi dans tous les contextes ne peut suffire pour rendre acceptables tous les actes d’une autorité prétendument publique.
Raison de plus pour poser souvent la question sur la légitimité de ceux qui gouvernent. Qui fait la loi et selon quel mandat ? Sont-ils correctement élus ou nommés pour prendre des décisions d’ordre législatif et administratif pour l’intérêt général ?
À cet égard, il est facile de comprendre qu’une junte militaire qui gouverne sans un large consensus, ne dispose pas de la légitimité nécessaire pour prendre certaines catégories de décisions. Au risque de mettre en danger l’équilibre politique et social du pays.
Aliou BAH
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