Les observateurs de la scène politique guinéenne sont partagés entre pessimisme et optimisme quant à la tenue de ce dialogue annoncé par les nouvelles autorités du pays.

La majorité pessimiste est en face d’une minorité optimiste qui flirte avec le CNRD. Cette minorité négative est composée de nombreuses petites formations politiques qui ne représentent pas les 10% de l’électorat. C’est justement avec ces partis que le premier des ministres projette l’ouverture d’un dialogue le 20 courant pour parler de la transition. Seulement que cet échantillon n’est pas représentatif des populations guinéennes, la majorité pessimiste à laquelle on refuse les préalables de dialogue, incarne les aspirations des 85% de guinéens.

On veut faire croire à l’opinion que ces quatre coalitions sont opposées au dialogue parce qu’elles refusent de prendre part à cette parodie. Ce cadre ainsi programmé ne servira à rien d’autre qu’à faire des séances de photos dans le seul but de prouver que le dialogue inter guinéen a été tenu. Les partis qui sont pour un tel dialogue et qui prétendent que tout ce que le CNRD fait est bon, sont dans leur droit. Egalement les quatre coalitions de partis politiques qui estiment le contraire sont aussi dans leur droit. On ne peut pas être arbitre et partie à la fois, la crise de confiance entre d’une part le CNRD qui a fait dénégation de sa propre charte et de ses promesses et, d’autre part d’un quatuor politique fort de sa représentativité sur le territoire national est telle qu’il faut un facilitateur de la CEDEAO pour la résorber.
Le CNRD agit dans l’illégitimité absolue ce qui ne le donne pas le droit d’imposer au peuple son dictat. Il n’est pas l’émanation d’une volonté populaire, il est le fruit d’une usurpation du pouvoir et l’expression de la force du canon. C’est pour cela qu’il doit prendre en compte les préoccupations de ceux-là mêmes, qu’il veut mystifier pour la tenue de ce cadre nécessaire à la sortie de crise. Si réellement le CNRD veut d’un dialogue franc, sincère et loyal, pourquoi alors ne pas se concerter avec cette force sociopolitique pour le déterminer ?

Tant qu’il continuera à procéder unilatéralement au choix des hommes et des conditions à respecter sans le consensus, il ira droit dans le mur. C’est un manque de volonté qui caractérise la démarche du CNRD qui ne veut pas mettre en exergue son dessein inavoué. Sinon c’est aussi simple que ça, faire appel à toutes les composantes sociopolitiques pour définir les contours et le contenu d’un cadre participatif et inclusif. Cette élaboration unilatérale que veut imposer le CNRD ne passera pas, par conséquent la crise sociale perdurera ce qui est son souhait car, il veut se perpétuer aux affaires.
Mohamed Béavogui qui avait voulu d’un cadre sincère et loyal a été contraint à jeter l’éponge car, il ne partageait pas les mêmes aspirations que le CNRD. Celui qui l’a remplacé, Bernard Gomou que nombreux guinéens ont salué pour sa non appartenance à un parti politique, s’est affiché en béni oui oui du CNRD pour preuve, sa sortie maladroite face au Président Embalo Sissoko. Il n’est pas décideur dans ce cadre de dialogue, il ne fera qu’appliquer les injonctions de son mentor. Quand on atteint un tel niveau de responsabilité, il est important d’avoir une forte personnalité et refuser le rôle de personnage.
C’est à ce jeu que le quatuor refuse de participer, il ne veut pas être figurant dans une concertation qui ne sera qu’une simple parodie et un moyen de dédouaner la junte au pouvoir aux yeux de la communauté internationale. On ne peut pas vouloir d’un dialogue en séquestrant et en forçant à l’exil des acteurs politiques essentiels du pays. Aujourd’hui il ne fait l’ombre d’aucun doute que Dr. Kassory Fofana est un otage politique. C’est parce qu’il fait peur qu’on l’a incarcéré injustement pour des faits qui tardent à s’avérer depuis plus de 7 mois.
Mais quelle que soit la durée de la nuit, le jour apparaitra. Tout le monde se réjouit de la tenue du procès des massacres du 28 septembre 2009. Des hommes jadis grands sont devenus de vulgaires individus aux prises avec la loi. Ce qui signifie qu’ils ont été rattrapés par leur passé, cette mégalomanie qui obstrue les voies du bon sens des parvenus du pouvoir. C’est l’obstination, le refus d’entendre et d’écouter qui a engendré les massacres du 28 septembre. Force est de reconnaitre aujourd’hui que la Guinée fait face au même scénario de 2009, l’entêtement des autorités à ne pas vouloir prendre en compte les réclamations des forces sociopolitiques.

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Pourtant sous d’autres cieux avec d’autres militaires les choses se passent autrement. Au Tchad, l’héritier de Deby a agi avec la raison et non le cœur, le peuple tchadien n’a pas tardé à reconnaitre en lui un homme d’Etat, un véritable pacificateur. Il sera plébiscité et choisira comme premier ministre, le chef de file de l’opposition tchadienne. Tout près au Burkina, le jeune officier Ibrahima Traoré n’a eu besoin que d’une semaine pour rassembler les forces vives de la nation afin d’écrire une charte et choisir un président de la transition. Là également, le peuple Burkinabé a exigé Ibrahima Traoré à la présidence de la transition.

Tout cela dépend de la volonté et du patriotisme de ces militaires qui ont choisi l’intérêt supérieur de la nation au lieu d’un égocentrisme étriqué. Contrairement à la junte guinéenne qui peine à mettre autour d’une table les guinéens après plus d’une année au pouvoir. Colonel Mamadi Doumbouya et ses amis semblent voir les choses autrement, refusant catégoriquement d’approcher le quatuor pour comprendre les raisons de leur obstination. Le chef doit avoir le dos large et la capacité de maitriser son égo pour trouver la solution aux problèmes qui se posent à lui. Mais l’attitude vengeresse du CNRD prouve aujourd’hui à suffisance qu’il a dans son collimateur des hommes à éteindre socialement et politiquement.
L’impunité était le mal évident connu de tous les guinéens. Cette impunité pouvait être corrigée sans les excès qui sont observés aujourd’hui. Les vieilles habitudes ont la vie dure, aucune action de l’homme ne peut être parfaite car, la perfection appartient à Dieu. Vouloir tout embrasser à la fois éparpille les efforts et cela ne donne pas une totale lisibilité aux actions entreprises. Les mesures impopulaires prises par le CNRD, des mesures qui ne tiennent pas compte des facteurs sociaux décrédibilisent la junte, qui est vue aujourd’hui comme un instrument de répression et de règlement de compte.

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Si tout est mauvais comme le prétend la junte mais, on ne peut pas non plus corriger tout à la fois. Le bon sens voudrait que l’on procède par étape et avec méthodologie. Les actes posés uniquement pour leurs effets d’annonce sont contre productifs et sources de frustration, de ressentiment. La solution pour le dialogue réside dans le respect de l’article 77 de la charte voulue par le CNRD. Tous les opportunistes qui gravitent aujourd’hui autour des nouvelles autorités ne veulent rien d’autre que sauvegarder leur intérêt égoïste. Colonel Mamadi doit savoir qu’ils ne sont pas autour de lui par son amour ou par patriotisme, ce ne sont que des saprophytes qui ne peuvent vivre qu’à ses dépens.
Moussa Dadis Camara était entouré de pyromanes comme Moussa Keita, Idrissa Chérif etc. qui ne faisaient que l’encenser dans sa dérive. Au naufrage du CNDD où sont-ils, que sont-ils devenus ? Partagent-ils la même responsabilité que Le capitaine Moussa Dadis Camara ? Non ! Quand le CNRD fera naufrage, colonel Mamadi Doumbouya en sera le seul responsable car, les Amara Camara, Sadiba Kouloubaly, Idi Amine et autres vont l’abandonner face à la vindicte populaire. Comme Juda, ils nieront tout pour le mettre sur la tête de Mamadi Doumbouya, c’est ce qu’il faut craindre.
Une sagesse africaine enseigne : « La perdrix s’est ravisée lorsqu’elle a vu le poulet plumé ». Dadis à la barre ! est une leçon dont il faut savoir profiter. Quand le pouvoir enivre l’homme sa raison se trouble.

MAM CAMPBELL JOURNALISTE INDÉPENDANT ET ACTIVISTE CONSULTANT EN COMMUNICATION.

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