L’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) est une nouvelle coalition qui compte apporter un nouveau souffle aux débats politiques guinéens.

Dans une interview accordée à la rédaction du Courrier de Conakry, le président de l’ANC, Hamidou Barry et par ailleurs leader du Parti Citoyen pour la Défense des Intérêts Collectifs (PCDIC) nous dit tout. Les ambitions de l’ANC, les raisons de son départ de l’ANAD, ses relations avec Cellou Dalein Diallo, sa lecture sur l’évolution de la transition… Lisez !

Hamidou Barry avec l’ANAD de Cellou Dalein

Monsieur le président, pourquoi créer une nouvelle coalition?

Nous avons réfléchi créé l’ANC pour résoudre les problèmes qui ne l’ont pas été au sein de l’ANAD. Nous n’étions pas d’accord sur l’ange d’approche. Il y a également notre éventuel repositionnement politique. Comme vous le savez, qui parle politique, parle de positionnement au niveau des élections locales et nationales. Il y a aussi un plan de redéfinition mais aussi de réorientation politique. Parce qu’il ne suffit pas de rester dans le carcan, lorsqu’on vous qualifie de petit et agir pour rester éternellement petit.

Il y a combien de partis politiques au sein de l’ANC ?

À date, l’ANC est composée de 21 partis politiques et il y a d’autres demandes en cours de traitement. Et croyez-nous que l’ANC reste ouverte à tous les partis qui désirent y adhérer et apporter quelque chose.

Nous sommes dans une démarche de renouvellement de la classe politique guinéenne. Avec l’ANC, nous nous battrons pour contribuer au processus de retour à l’ordre constitutionnel mais aussi poser des actes pour notre participation aux futures élections.

Que répondez-vous aux gens qui vous accusent d’être proches du CNRD ?

C’est un débat qui n’a pas lieu d’être. Nous avons eu le courage d’entrer en politique ; en tant que leader, c’est ce même courage qui nous a animé aujourd’hui à mettre en place l’ANC. Donc, ceux qui estiment que nous sommes pros ceci ou celà, je pense que ce sont des intellectuels qui manquent d’arguments et qui ne veulent pas accepter la logique du débat.

 Sinon, à la place des accusations sans preuve, une discussion sereine et objective est mieux indiqué.

Concrètement, qu’est-ce que vous comptez apporter de nouveau dans le paysage politique guinéen ?

Nous comptons apporter des contributions allant dans le sens du retour rapide à l’ordre constitutionnel. Le débat sera à plusieurs niveau ; il y a la question de la constitution, le mode de gestion des futures élections et aussi la loi sur la CENI. Il y a aujourd’hui, le volet diplomatique à travers les institutions accréditées et le système des nations unis que nous rencontrons souvent. Nous comptons nous impliquer auprès de ces institutions là pour leur demander d’appuyer et d’accompagner la Guinée pour le retour à l’ordre constitutionnel.

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Il y a un budget de six cent millions de dollars qui est posé sur la table. Est-ce que la Guinée, elle seule, pourra relever ce défi ? Je dis non ! C’est à travers l’implication des partenaires qu’on pourrait éventuellement travailler pour mettre ce montant sur la table.  Nous devons examiner de manière objective l’organisation des futures élections pour l’intérêt supérieur du peuple de Guinée.

Quelle est la position de votre Coalition par rapport au cadre de dialogue ?

Après le lancement de l’alliance ANC, nous avons acté à travers des lettres, notre demande d’intégration aux tables de dialogue. On a aussi adressé des courriers au mministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, au CNT et aux institutions.

Après un examen, il y a eu un retour avec accusé de réception soi-disant qu’on est d’accord sur notre arrivée au tour de la table. Ce qui reste à faire, c’est de savoir où l’ANC sera reçue à travers l’organigramme pour voir comment se retrouver au tour de la table et participer. Mais à l’interne, croyez-nous, nous sommes entrain de travailler pour apporter des solutions à la situation socio-politique. Je pense que la logique de la transition, c’est le retour à l’ordre constitutionnel, c’est pour cela que l’ANC souhaite envoyer comme premier plan, comment travailler par rapport au retour à l’ordre constitutionnel.

Quel est votre regard sur l’évolution de la transition guinéenne ?

L’évolution de la transition se situe sur plusieurs angles. Après 60 ans d’indépendance, la Guinée a encore du chemin à faire dans le secteur des infrastructures routières.

Malgré les efforts consentis par le CNRD, de faire en sorte qu’il y ait une fluidité de la circulation au niveau de la capitale, mais les périphéries de Dubréka, Coyah et toutes les préfectures de la Guinée, peinent à avoir des infrastructures dignes de ce nom. C’est pourquoi, je vais profiter de cette occasion pour interpeller l’autorité en charge des questions routières, d’accepter de recruter les meilleures entreprises dans la mise en place de ces infrastructures.

J’estime qu’à un moment donné, l’AGEROUTE mérite de revoir sa copie pour éviter à notre pays cette saignée financière qui ne dit pas son nom.

Du côté des infrastructures éducatives et sanitaires, vous voyez aujourd’hui, même à Conakry, les écoles privées prennent le dessus sur les écoles publiques et je pense que cela est l’échec pur et simple des autorités.

L’une des actualités brulantes, c’est le mode de désignation des chefs de quartier et de district, quel est votre avis là-dessus ?

Nous avons tenu une plénière le vendredi dernier. Le meilleur mode désignation serait celui effectué par les citoyens. Je pense que cela est extrêmement important pour la survie et pour la quiétude sociale

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Le décret de désignation des chefs de quartiers peut créer d’autres problèmes. Il y a déjà des problèmes non résolus sur la table. Nous sommes contre que les politiques gèrent les quartiers encore une fois…

Dans une récente sortie, le premier ministre Dr Bernard Goumou, affirme que le leader du l’UFDG, Cellou Dalein pouvait rentrer en Guinée. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

En tout cas, je ne me souviens pas d’un quelconque mandat d’arrêt qui pèse contre Cellou. À un moment donné, il faut confier son courage et son destin à Dieu pour aller de l’avant. Je vais prendre l’exemple de Mamadou Sylla. Mamadou Sylla a tout subi dans ce pays. Mais il continue à rester dans ce pays, à se battre pour que ce pays se tienne debout. Ce n’est pas une raison en soi, lorsqu’on est interpellé de fuir les institutions dont on est censé diriger demain et qui sont les maillons forts du développement des secteurs d’activité de notre pays.

Donc, aujourd’hui, en tenons-nous à la déclaration du premier ministre qu’il n’y a pas de mandat d’arrêt derrière la personne du président Cellou. Il faut que l’opinion guinéenne en soit suffisamment informée. Nous ne sommes pour aucune forme d’injustice dans notre pays. Que le président Cellou voie quel est l’angle d’approche par rapport à sa gestion au sommet de l’État.

Quelles sont vos relations actuelles avec vos anciens alliés de l’ANAD dont Cellou Dalein Diallo ?

Cellou Dalein Diallo reste un ami avec qui nous avons partagé assez de choses. Croyez-nous que ce n’est pas le moment de jeter un discrédit sur lui. A travers l’ANAD et les autres qui sont avec lui, nous restons de bons amis.

En dehors de la politique, nous sommes des êtres humains. Nous sommes des êtres qui vivent dans une société donnée à travers nos différentes coutumes et mœurs que nous sommes appelés à intégrer pour avancer.

Votre mot de conclusion 

Mon dernier mot, c’est de vous remercier et vous demander de vous impliquer davantage pour aider à faciliter le retour à l’ordre constitutionnel. Aujourd’hui, on a tendance à jeter tout sur les politiques, mais vous hommes de médias, vous devez travailler davantage à mieux cerner le débat pour que nous puissions arriver à voir le bout du tunnel. Croyez-nous tant qu’on va durer dans une transition, ce pays serait bloqué un peu partout.

Propos recueillis par Soya et Foulamory

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