Plus de cinq mois après l’incident du dépôt de carburant à Kaloum, la réhabilitation des sinistrés est difficile. Malgré les vivres, le matériel et l’argent mobilisés, les victimes affirment n’avoir reçu que des sacs de riz. À Coronthie, les résidents accusent l’État de mauvaise gestion des fonds alloués. Les sinistrés suspectent le gouvernement de vouloir les expulser de leurs domiciles. Ils rejettent fermement la procédure d’indemnisation initiée par le gouvernement, qui a commencé à verser deux millions aux propriétaires et un million aux locataires. Les habitants de Coronthie jugent ces montants dérisoires. Déçus par les autorités de transition, les propriétaires reconstruisent leurs maisons.

 

Lors de notre reportage, nous avons rencontré le porte-parole des sinistrés et des propriétaires concernés.

Mamoudou Cifo kè Touré, président du comité des sinistrés des hydrocarbures de Kaloum, critique l’action de l’État guinéen. Il déclare que les victimes ayant reçu de l’argent de la commune de Kaloum l’ont rendu aux autorités, préférant rester dans leurs propriétés.

« Nous sommes stupéfaits d’apprendre le montant dérisoire de deux millions pour les propriétaires et d’un million pour les locataires en guise de compensation. Nous ne souhaitons pas que nos dirigeants dérogent aux lois. La compensation implique un préjudice. Les huissiers doivent publier leurs constatations, qui serviront de base à l’indemnisation. Nous voulons avertir l’État qu’il s’écarte de sa mission en tentant de museler la population de Coronthie. En période hivernale, les lois sont claires : personne ne doit être expulsée de son logement.

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Si l’État souhaite protéger des centaines de familles menacées par les intempéries, il devrait redistribuer les aides reçues pour les sinistrés au lieu de les détourner. Les familles ont rendu les sommes perçues à la mairie de Kaloum, affirmant leur intention de rester à Coronthie, où elles ont déjà entamé des travaux sans l’aide de l’État et souhaitent les achever de même. Elles se déclarent opposées au concept de bail partagé.

Fatoumata Soumah, rencontrée devant sa concession qu’elle rénove elle-même, relate les épreuves endurées par sa famille depuis l’explosion. « Je n’ai reçu aucune aide financière de l’État. Je reconstruis ma concession avec mes propres fonds. Des sacs de riz ont été distribués, mais peu parmi nous en ont bénéficié. Après la destruction, les gens se sont éparpillés, certains s’établissant en banlieue, d’autres dormant à même le sol. Mes enfants et moi dormons dehors; ma maison est en ruine. Nous avons attendu l’État en vain pendant cinq mois. On nous a informés de l’intention de l’État d’établir un bail, mais nous ne sommes pas d’accords. Nos parents sont ici depuis l’époque coloniale; l’État ne peut pas nous expulser. Le président Mamadi Doumbouya ne peut pas nous déloger.

Nous refusons l’argent proposé par l’État. Je n’ai pas été à la commune. Ils proposent 60 millions à chaque concessionnaire pour quitter les lieux, mais comment cette somme pourrait-elle suffire pour une famille nombreuse ? »

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Sékou Ahmed Tidiane Konaté, un autre concessionnaire, critique également la démarche de l’État, affirmant qu’aucun représentant administratif n’est venu discuter du bail avec sa famille.

« Nous n’avons reçu aucune aide de l’État. Aucune autorité ne s’est présentée pour nous adresser la parole. On nous a simplement envoyé un document nous proposant de reprendre les travaux de construction ou de les réaliser nous-mêmes. Nous avons choisi de reconstruire notre concession à nos propres frais et avons déjà achevé le premier bâtiment, il en reste deux. Quant aux rumeurs de bail avec l’État, je n’ai vu aucune autorité ici à ce sujet. »

Du côté du palais de la Colombe, le Chef du gouvernement, Amadou Oury Bah, a rencontré les sinistrés ce jeudi pour clarifier la situation. « Nous sommes là pour vous », a déclaré Amadou Oury Bah, assurant que le gouvernement respectera ses engagements. Il a précisé que des procédures fiables ont été établies pour assurer la transparence et une répartition équitable des fonds alloués par l’État pour le déménagement temporaire des sinistrés. Des notaires participent aux opérations qui ont débuté il y a quelques jours, selon la page officielle de la Primature.

Cette sortie du Premier ministre confirme le déménagement des sinistrés qui veulent pourtant rester dans leurs concessions. C’est pourquoi beaucoup de concessionnaires sont actuellement en plein chantier.

Soya et Foualamory

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