Créé en 1961 par des artistes guinéens, le  Bembéya Jazz est composé de 14 membres. Dirigé par Sékou Bembéya Diabaté depuis 2003, ce groupe mythique a très tôt imposé son style mandingue. Aujourd’hui, avec il célèbre ses 57 ans d’existence dans l’histoire musicale guinéenne. Ce qui vous donne l’occasion, d’en savoir plus sur M. Sékou Bembeya Diabaté et sa bande. Chef d’orchestre, membre fondateur, guitariste, auteur, compositeur et arrangeur, Sékou Bembeya nous dit tout. Lisez !

Lecourrierdeconakry.com : Bonjour M. Sékou Bembéya. Le Bembeya Jazz a 57 ans d’existence. Pouvez-vous nous rappelez les temps de gloire du groupe?

Sékou Bembeya Diabaté : Nous  prions tous les jours pour que Dieu fasse revenir ces moments de gloire parce ce que pendant ces moments, tout le monde était concerné, tous les guinéens étaient concernés. A l’époque, tu ne pouvais pas oser parler le problème de racisme. Ici, en Guinée, à l’époque, même un étranger qui n’est pas de la Guinée, tu ne pouvais pas oser dire que parce que tu es guinéen tu vas lui faire du mal. C’est pour vous dire que tout le monde était ensemble. Pour en revenir à nos gloires, je vais commencer par notre premier succès à Conakry, parce que dans toute chose il y a un examen.  Notre examen c’était des compétitions. Et pour la première fois, quand nous avons gagné, c’est comme quand un élève a son premier baccalauréat. La joie qui est là pour l’élève même, toute la famille. Gagner ceci une fois, deux fois jusqu’à trois fois, et après, c’est le clou des clous. On nationalise les petits villageois comme orchestre national par un décret de l’Etat. C’était des choses qu’on ne pouvait même pas imaginer. Ça c’était autre chose. Après, nous avons été parmi les délégués artistiques pour aller à Cuba. Vous savez à l’époque, la musique cubaine, je peux dire en Afrique de l’Ouest, il y en avait un peu partout. Tout le monde dansait avec ça, moi-même j’adorais cette musique. Alors quand on nous a dit qu’on partait à Cuba pour presqu’un mois et demi, c’était une autre joie. On était avec les balais de Conakry II. Eux ils avaient présenté au festival  une pièce de danse qui s’appelait kakinlambé. Ça aussi c’était une autre grande gloire. Nous avons joué un peu partout. On a fait une tournée de 45 jours à Cuba, ce n’était pas un stage. Les cubains étaient étonné, complètement étonné, parce qu’on a même repris des chansons de leur propre création chez eux là-bas. Vous voyez ce que ça fait. Après il y a eu le premier festival panafricain en 1969 à Alger, la Guinée avait ramassé tous les prix presque et nous on a été 2ème, après nous avons eu  la chance de faire un concert. Cette compétition était parmi les nationaux. Là aussi, nous avons été classé premier. C’est cette musique qu’on appelle ‘’regard sur le passé’’, cette musique était devenue universelle et jusqu’à aujourd’hui les gens l’adore.

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Après 57 ans, dites-nous comment se porte aujourd’hui le groupe ?

Je remercie Dieu, parce que dans toute chose il faut avoir l’ambition et avoir la chance de la réaliser. Et c’est ce qui a été fait à mon niveau. Par exemple, j’ai été nommé comme chef d’orchestre en 2003. A l’époque la majorité des membres fondateurs étaient déjà fatigué. Donc il fallait penser à la relève, au point de vue des vents, des chants, des rythmes, des guitares. Et j’ai eu la chance. Aujourd’hui, non seulement l’orchestre joue avec les jeunes, mais aussi, il y a quelqu’un qui est à ma place. L’orchestre peut jouer aujourd’hui sans Sékou Bembeya, Sékou Bembeya est assis, il les regarde. Vous allez dire que ce ne sont pas les notes de Sékou Bembaya, oui, mais l’orchestre jouera le répertoire comme il le faut, le schéma musical comme il le faut. Donc grâce à Dieu, grâce à Sékou Bembeya cela est fait.

Quels sont les relations entre les membres du Bembéya ?

Vous savez dans la musique, il y a un instrument qu’on appelle accordeur. Cela veut dire que les instruments ne peuvent pas aller l’un sans l’autre. Il faut qu’ils s’accordent, qu’ils se tiennent afin de sortir quelque chose harmonie. Donc si vous voyez qu’un groupe musical fait de la bonne musique c’est qu’il y a une entente. Sans accord rien ne peut aller. Il y arrive des moments où on ne se comprend pas mais enfin de compte on finit toujours ensemble pour une même cause.

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Alors aujourd’hui, vu que le Bembeya n’est pas très actif. Avez-vous d’autres projets ?

Le Bembeya c’est pour tout le monde. J’avais une ambition musicale, et grâce aux personnes de bonnes volontés, j’ai eu la chance de faire quelque chose qui n’a rien à avoir avec le  Bembéya Jazz. Et j’ai eu la chance de réaliser ce rêve, bientôt ça va finir, d’ici la fin de l’année mes deux albums vont sortir sur le marché guinéen.

Bénéficiez-vous aujourd’hui d’une prise en charge de la part de l’Etat ?

Sincèrement non. On ne gagne rien, socialement, moralement, matériellement de la part de l’Etat. Jusqu’à l’heure à laquelle je vous parle, il n’y a rien pour nous les anciens.

Un dernier mot ?

Je vous remercie d’être là, parce que grâce à vous le peuple arrive à savoir qui nous où nous sommes et ce que nous faisons. Je remercie tous les journalistes et j’espère qu’à travers vous les choses vont changer.

Propos recueillis par Nantènin Traoré

 

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