À 38 ans, le joueur des Los Angeles Lakers est devenu mardi 7 février le meilleur scoreur de l’histoire de la ligue de basket-ball nord-américaine, battant le record détenu depuis 1984 par une autre gloire des « Purple and Gold », Kareem Abdul-Jabbar.

King James n’a jamais aussi bien porté son surnom. Vingt ans après son arrivée dans la grande ligue, la star des Los Angeles Lakers vient d’être sacrée meilleur marqueur de l’histoire de la NBA, avec 38 390 points inscrits en carrière. Le natif d’Akron (Ohio) en était déjà devenu le quatrième meilleur passeur une semaine plus tôt, en distribuant sa 10 338e offrande face aux New York Knicks.

Voilà déjà plusieurs mois que les amoureux du ballon orange surveillaient son compteur de points. Certains se prenaient même à imaginer comment il ferait tomber le record. La ligue, elle, avait vu les choses en grand. « Nous ferons en sorte que le match soit disponible partout dans le monde, annonçait ainsi son patron Adam Silver en janvier. Nous arrêterons probablement le match pour marquer le moment, l’histoire. Nous planifierons ensuite une célébration plus grande, à la hauteur de l’événement. » Et pour cause : cela faisait près de 40 ans que le record n’avait pas été battu. Le dernier à y être parvenu : Kareem Abdul-Jabbar, autre gloire des « Purple and Gold », un soir d’avril 1984. Le pivot avait mis fin à sa carrière cinq ans plus tard, à l’âge de 42 ans, avec 38 387 points au compteur.

C’est finalement sur un panier à deux points à domicile contre Oklahoma City que LeBron James est devenu le meilleur scoreur NBA de tous les temps. Il ne reste alors plus que quelques secondes à jouer dans le troisième quart-temps et les Lakers sont menés de sept points par le Thunder. Le numéro 6 est en tête de raquette. Il reçoit la balle, pose deux dribbles et d’un shoot en arrière sur une jambe, décroche le record mythique. Aussitôt, le match s’arrête. Le King exulte.

Une longévité exceptionnelle

LeBron James avait ce record en ligne de mire depuis un bon moment. « Je mentirais si je disais que je ne le visais pas », avouait-il en décembre 2019, tout juste auréolé de son titre de « Meilleur sportif de la décennie » par l’agence de presse AP. Pas au point d’en faire une obsession, jurait-il cependant. « J’ai toujours laissé les choses suivre leur cours. Il se passe ce qui doit se passer. Mais je l’ai bien en tête. » Ambitieux, mais philosophe. LeBron James s’apprêtait à fêter ses 35 printemps et figurait alors à la quatrième place au classement des meilleurs marqueurs, juste derrière Kobe Bryant et Karl Malone, et à 5 000 points de Kareem Abdul-Jabbar. Soit l’équivalent de deux saisons et demie à 25 points de moyenne par match.

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Pour nombre de joueurs du même âge, un tel objectif aurait paru inatteignable. C’est généralement à ce moment-là que les bobos commencent à s’accumuler et que les performances déclinent. Mais sur LeBron James, le temps semble glisser. Le colosse de 2,06 m pour 113 kilos a beau lui-même ne pas être épargné par les blessures, celles-ci ne semblent avoir aucun impact sur son rendement. À 38 ans, il réalise l’une de ses meilleures saisons, avec une moyenne de 30,2 points, 8,5 rebonds et 7 passes décisives par match. Le 31 janvier, il est même devenu le premier joueur de l’histoire de la NBA à réaliser un triple-double (plus de 10 pts, 10 rebonds et 10 passes dans un même match) au cours de sa 20e saison. De quoi forcer l’admiration des autres cadors du circuit. « Il est l’exemple ultime pour un athlète », dit de lui son homologue des Brooklyn Nets, Kevin Durant.

Le secret de cette longévité ? Une évidence : un régime draconien. Cryothérapie, séances de musculation quotidiennes avec des coachs individuels, repas préparés par ses cuisiniers personnels… LeBron James indiquait en 2018 dépenser 1,5 million de dollars chaque année pour se maintenir en forme et pouvoir encaisser les 80 matchs d’une saison régulière. Le trentenaire met également l’accent sur l’aspect mental, en intégrant à sa routine des séances de yoga et en veillant à la qualité de son sommeil. « C’est quelque chose que j’ai toujours privilégié, et c’est tout aussi important pour mon jeu, ma carrière et ma vie que n’importe quel exercice physique », faisait-il valoir il y a trois ans, en signant un contrat pluriannuel avec une célèbre application de méditation.

« L’Élu »

Du mental, il en fallait pour supporter la pression des espoirs placés en lui. Encore lycéen, LeBron James est déjà annoncé comme l’héritier de Michael Jordan. Il a 17 ans et fait la couverture du magazine américain de référence Sports Illustrated. Maillot de son lycée St. Vincent-St. Mary sur le dos, yeux écarquillés et bras tendu comme pour toucher le rêve qui s’offre à lui, il a l’air d’un enfant le jour de Noël. En lettres capitales : « L’Élu ». Rien que ça. « J’ai craint qu’on ruine la vie de ce gamin », racontera des années plus tard le journaliste Grant Wahl au site d’information sportive The Undefeated – aujourd’hui Andscape. Mais le « gamin » a les épaules solides. Il le prouve dès l’année suivante, sans passer par la case université, en tournant à plus de 20 points de moyenne avec son équipe des Cleveland Cavaliers, et termine la saison avec le titre de meilleure recrue de l’année.

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Vingt ans plus tard, son palmarès parle de lui-même. Quatre fois champion NBA (en 2012 et 2013 avec le Miami Heat, en 2016 avec les Cleveland Cavaliers et en 2020 avec les Los Angeles Lakers), quatre fois élu meilleur joueur de la saison régulière, LeBron James a également été deux fois médaillé d’or aux Jeux olympiques avec l’équipe nationale américaine. Et avec 19 sélections au All Star Game, le match qui réunit chaque année les meilleurs joueurs de la ligue, il vient d’égaler le record de Kareem Abdul-Jabbar.

Voilà pour le joueur. Businessman avisé – il est le premier basketteur NBA en activité à figurer dans le classement Forbes des milliardaires –, l’homme se distingue aussi par son engagement en faveur de la communauté afro-américaine. Quand il ne partage pas ses performances sur les réseaux sociaux, il est le premier à dénoncer les injustices raciales. « Vous comprenez maintenant ??!!?? », s’indignait-il ainsi sur Instagram au lendemain de la mort de George Floyd, en légende d’un photomontage montrant d’un côté le policier blanc Derek Chauvin et de l’autre l’ex-quarterback des San Francisco 49ers Colin Kaepernick. Il lui arrive aussi de mettre la main à la poche : pour financer des programmes d’aide, fonder une école ou une association incitant les Noirs américains à voter.

Qui pour le détrôner ?

« Ces dernières années, mon respect et mon admiration n’ont fait que croître, car je l’ai vu défendre des causes importantes. Je suis heureux de passer le flambeau à quelqu’un de si digne », a récemment déclaré Kareem Abdul-Jabbar, tempérant les critiques qu’il lui avait adressées après un geste jugé déplacé lors d’un match contre les Indiana Pacers ou quand la star des Lakers avait comparé le Covid-19 à une grippe et un rhume. « LeBron a mérité ce record et j’espère qu’il le conservera plus longtemps que moi. »

Le King y parviendra-t-il ? Son premier poursuivant au classement des meilleurs marqueurs, Kevin Durant, est à 12 000 points derrière lui. Mais l’ailier des Brooklyn Nets a déjà 34 ans et est facilement sujet aux blessures. Sans compter que le nouveau recordman n’entend pas s’arrêter là. Il a annoncé vouloir terminer sa carrière dans la même équipe que son fils LeBron Jr., quelle qu’elle soit. Actuellement au lycée, « Bronny » pourrait intégrer la NBA en 2024. LeBron James serait alors dans sa quarantième année et deviendrait le premier joueur de l’histoire à évoluer dans la grande ligue aux côtés de sa progéniture. Une bonne manière de conserver son trône au firmament de la NBA.

RFI

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