Situé dans l’enceinte du Centre Hospitalier Universitaire de Donka, l’Institut de Nutrition et de Santé pour l’Enfant (INSE) est un service qui s’occupe de la prise en charge des bébés prématurés et des nouveaux nés avec complications. Malgré l’existence de ce centre d’urgence néonatale, on enregistre chaque jour des décès au sein dudit lieu. Cela est souvent lié à un manque de personnel qualifié et de matériels suffisants.
En dépit de l’insuffisance des appareils notamment de couveuses et de photothérapies pour les bébés prématurés, ce centre d’urgence néonatale est confronté à un problème de ressources humaines.
Lors de notre récente immersion, on a constaté une faible présence de médecins et d’infirmiers. D’après notre source digne de foi, plus de 90% des travailleurs sont des stagiaires. Pourtant, selon nos informations, l’Etat a affecté une cinquantaine de médecins dans ce centre. Mais malheureusement, la majorité d’entre eux prennent le salaire mensuel sans faire le travail. Avec cet abandon de poste, il ne reste que des stagiaires qui n’ont ni l’expérience ni encore la compétence des titulaires.
Le jour de notre visite, on a vu que trois infirmiers stagiaires qui sillonnaient les trois salles pour veiller à plus d’une dizaine de bébés. Portant dans les conditions normales, il est recommandé d’avoir au moins deux infirmiers par salle. Mais avec ce manque ahurissant de personnel. Les quelques uns qui sont présents n’arrivent pas à gérer la situation et cela occasionne le décès des bébés prématurés et d’autres problèmes. Selon notre interlocuteur qui a préféré garder l’anonymat, ‘’si les infirmiers sont fatigués, on peut enregistrer trois à quatre décès par jour’’.
C’est dans même sillage que le père d’un nouveau-né, nous a relaté une scène assez surnaturelle dans laquelle, les infirmiers se contredisent sur le traitement de son enfant :
« Notre enfant est alité ici depuis quelques jours, mais on constate que les médecins se contredisent sur le traitement du bébé. Le médecin qui nous avait reçus, après avoir examiné le bébé, nous a dit de ne pas lui donner du lait mais un autre est venu le lendemain pour dire le contraire. Dès qu’on a remis le lait au bébé, il a commencé avoir des problèmes et c’est très inquiétant ».
Par ailleurs, le constat révèle que certains stagiaires travaillent en fonction de leur humeur. Puisqu’ils ne sont ni des fonctionnaires ni des salariés, ils n’ont pas de compte à rendre à quelqu’un. Ils se considèrent comme des agents libres et n’ont aucun n’engagement avec l’Etat. Ils sont libres de travailler ou pas. Ils peuvent quitter à tout moment. D’ailleurs c’est à cause de cette situation que beaucoup de médecins ont quitté le centre de l’INSE, nous a confié un des infirmiers.
Toutefois, il faut signaler que ce problème de personnel n’est pas propre uniquement au Centre Hospitalier Universitaire de Donka, c’est la même situation qu’on rencontre dans la plus part des services de santé au niveau public. Les médecins titulaires qui sont payés par l’Etat, désertent les hôpitaux pour s’occuper de leur clinique privée. Alors que la majorité des stagiaires qui y sont, n’ont pas les mêmes compétences, ni la motivation pour s’occuper très bien des patients.
En outre, suite à l’annonce du recrutement massif dans la fonction publique, le gouvernement de Mohamed Béavogui, devrait se pencher sur la situation de ces éternels stagiaires. Cela, à travers l’enrôlement et la formation pour mieux améliorer le service de santé afin de pouvoir sauver des vies. En plus de ça, l’Etat est censé d’équiper et bien veiller au bon fonctionnement des structures de santé.
Ibrahima Bah