La contraception est des solutions pour préserver la santé maternelle mais aussi un moyen de contrôle de la démographie. En Guinée, au moins 360 000 femmes utilisent des méthodes modernes de contraception en Guinée selon le rapport FP2020 (ndlr : Family Planning 2020). Mais que pensent les guinéenne de cette pratique séculaire ?
Pour connaître la perception des femmes sur l’utilisation de ces méthodes, nous avons interrogé quelques dames et demoiselles qui ont accepté d’en parler à vive voix :
Pour Marie Jeanne Kamano, les rumeurs découragent les femmes à aller vers la contraception.
« L’utilisation des méthodes contraceptives est une bonne chose, parce qu’il vaut mieux prévenir que guérir. Il faut faire les enfants par choix et non par accident. Il est important de rendre accessible les méthodes contraceptives modernes pour prévenir des grossesses non désirées, que ça soit du mariage ou en dehors du mariage. Le coût pour prévenir une grossesse non désirée n’est pas comparable au coût de l’avortement. C’est sur ça justement que les communautés doivent être informées. Le coût de l’avortement même si c’est médical ça un prix. Il y a toujours un danger… Mais les femmes doivent savoir que les centre de santé sont là pour les orienter dans le choix de contraception et de votre besoin et de vous informer sur l’effet secondaire attendu d’un tel médicament. Mais souvent les rumeurs découragent beaucoup de femme tout simplement. Le médecin doit préparer donc la femme à affronter aussi les rumeurs ».
Le préservatif, sauveur !
Quant à Foulématou Bah, elle explique comment elle utilise ces méthodes : « Je sais qu’il y a l’utilisation des préservatifs, de la pilule, il y a des injections ou des implants. Ma façon de faire la contraception c’est juste de l’utilisation du préservatif et je pense que c’est la meilleure si on l’utilise bien. Parce qu’avec les pilules, il y a des risques d’oubli. Les implants c’est bien mais parfois ça dérape. Mais l’utilisation des préservatifs, je pense que c’est la meilleure méthode. Pour le moment cette méthode m’a sauvé des grossesses ».
L’approche des agents de santé bloque les jeunes
Bintou Sidibé pour sa part, déplore l’accès difficile des services de santé et encourage les parents à oser parler de l’éducation sexuelle avec les enfants.
« Les jeunes ont tendance à ne pas aller vers les méthodes contraceptives puisque les services de santé ne sont pas adaptés ; il y a des médecins, quand tu pars vers eux, il te menace de dire à tes parents. Au lieu de te rendre service, ils te font un procès. L’accès n’est pas aussi facile, les prix sont exorbitants, même si les prix officiels ne sont pas chers mais arrivée dans les services, on a tendance a demandé un montant très élevé. Tout ça bloque l’accès aux méthodes contraceptives. Il y a aussi, le manque d’information, on ne sait même pas vers où se diriger. Les seuls services que j’ai vu, c’est dans les bluezones, pourtant les jeunes en ont besoin », dit-elle avant de revenir sur son utilisation.
Quid de l’éducation sexuelle en famille
La Guinée un pays à majorité musulmane et très marqué par les pratiques traditionnelles. Le dialogue entre enfant et parent est très limité.
L’éducation sexuelle reste un tabou. Malgré les campagnes de sensibilisation, beaucoup de parent n’ont pas encore brisé la glace avec leur fille.
« On doit être en mesure d’expliquer à la fille de ne pas faire telle ou telle pour éviter la grossesse. C’est le rôle des parents, des ONG ou structures spécialisées d’aller vers les filles pour les expliquer l’importance des méthodes. Mieux ne pas tomber enceinte que de tomber et essayer d’avorter » confie Bintou Sidibé.
Les jeunes manques d’informations et d’accompagnement au sein de la cellule familiale. Et souvent, elles sont guidées par des copines. « Elle a peur de demander à sa maman, à sa grande sœur ou aller dans un service de santé. Il y a une barrière qui l’empêche d’avoir les informations nécessaires, par peur d’aller vers ces derniers, la fille se contente finalement des conseils de ses copines qui lui disent utilise ça, c’est bon et lui communiquer des mauvaises informations ».
Il faut signaler que dans le cadre de ce reportage nous sommes allés dans certaines écoles de la capitale même à ce niveau, le sujet n’est pas facile abordé. Plusieurs d’entre elles ont refusé de parler. Il y a beaucoup d’élèves qui ne se sont pas capable de dire c’est quoi une méthode contraceptive. Les filles ont très peu de connaissance sur ces méthodes.
Monia Briggs