by le djely- S’il n’est pas particulièrement connu avec ses initiales, la Centre de réhabilitation et d’éducation nutritionnelle interne (CRENI) de l’hôpital national Donka, est toutefois pour de nombreuses mères de famille, l’ultime recours. Avec une capacité d’accueil de plus de 50 enfants pour sept salles d’hospitalisation (en temps normal), il est le service qui prend en charge les enfants malnutris sévères avec complications. Notre reporter y a fait une plongée et nous révèle qu’au-delà de la malnutrition infantile, c’est contre la précarité des mères de famille qu’il convient de sévir.

Nous accueillant dans un bureau qu’il partage volontiers avec un collège, le médecin-chef du centre, Dr. Oumar Bah relate les circonstances dans lesquelles les patients sont admis

 Nous recevons des enfants qui sont référés des autres structures. Parce que nous sommes une structure tertiaire de référence. Quand nous avons des enfants, il y a un certain nombre de paramètres que nous vérifions. Ce sont notamment le périmètre  brachial, le rapport poids/taille, la présence des œdèmes, l’appétit et les complications. Quand vous entendez complication, c’est avec beaucoup de signes tels qu’un enfant qui vient avec  les vomissements, la diarrhée, la fièvre, les convulsions, les candidoses, etc. La plupart du temps, quand on reçoit un enfant, au prime abord, on lui donne le remède du  lait thérapeutique F75  pour rétablir les organes malades et  dès qu’il est stabilisé, nous pensons au lait F100 pour rehausser la courbe

Au sujet des causes de la malnutrition chez les enfants, les statistiques que fournit le médecin sont éloquentes

Les 90 % des gens que nous recevons ici sont pauvres. Si on n’a rien à manger, on tombe dans la malnutrition. Quand on est malnutri, il y a des organes qui sont affectés, l’enfant est toujours plutonique.

Cependant, il n’y a pas que la situation des enfants qui est préoccupante. Le personnel du CRENI, même si à date cela ne relève pas de ses prérogatives, ne peut s’empêcher de voir le lien entre les tout-petits et les conditions économiques désastreuses des mères qui les amènent en consultation. La situation est telle que Dr. Oumar Bah confie qu’une réflexion est en cours pour voir comment gérer ce lien délicat, mais ô combien déterminant pour les résultats escomptés

Sélectionné pour vous :  Labé : Les préparatifs de la rentrée universitaire vont bon train!

La plupart des femmes n’ont pas les moyens d’entretenir leurs enfants et aucune prise en charge n’est faite pour elles. Nous sommes en train de faire des requêtes auprès des institutions pour leur venir en aide. Dernièrement à Kindia, le problème a été posé et des analyses sont en cours pour la conception d’un document à remettre aux institutions. En 2015, sur un total de 507 hospitalisations, 98 femmes ont abandonné l’hôpital et 8 se sont évadées, par manque de moyens

Une situation que des mères de famille, au chevet de leurs enfants hospitalisés, ont confirmée au micro de notre reporter. Ainsi, arborant un visage triste et placée dans la salle des soins intensifs aux côtés de son enfant, Adama Diallo confie, la voix plaintive

Je suis ici depuis le 25 février 2016. On nous donne du lait pour les enfants. Mais moi je n’ai pas tous les jours de quoi manger. N’ayant pas d’argent, nous ne pouvons pas acheter de quoi nous nourrir.  Les frais d’hospitalisation ne posent pas de problème. Ils s’élèvent à seulement 80.000 GNF. Mais en ce qui me concerne, il y a que je n’ai rien mangé depuis hier. Quoique je dois admettre que l’état de mon enfant, lui, s’est considérablement amélioré.

En situation de reportage, nous assistons à une scène qui en dit long sur les conditions de vie précaires de celles qui amènent leurs enfants au CRENI. Aïcha, une jeune mère y déboule en larmes et son enfant squelettique dans les bras. Le diagnostic révèle une malnutrition aigüe avec complications (bronchite et la candidose digestive). Le médecin recommande une hospitalisation immédiate, au risque de perdre le bébé.  Mais la maman, quoi que désespérée, répond de manière catégorique

Sélectionné pour vous :  Route Faranah-Mamou : un cauchemar pour les usagers et les commerçants

 Je n’ai pas les moyens. Je veux qu’on lui donne un calmant

Alors quoi faire en pareille circonstance, Dr. Bah, lui-même pris au dépourvu et plutôt impuissant à faire face à une situation des plus délicates, esquisse une réponse

Il faut convaincre la maman à faire appel au papa, multiplier la sensibilisation et les persuader de faire l’effort de l’hospitaliser. Car l’hospitalisation est obligatoire. Autrement, on perd l’enfant. Parce que la direction (du centre) prend en compte beaucoup de cas. Mais elle est aussi limitée.

Travaux de rénovation-extension de l’hôpital obligent, quatre des sept salles du CRENI sont actuellement occupées par le service de la pédiatrie.

Aminata Kouyaté

631970505

Source: ledjely.com

 

LAISSER UN COMMENTAIRE AVEC Facebook