La déclaration de politique générale du gouvernement relève d’une tradition républicaine bien ancrée selon laquelle le Premier Ministre, devant la représentation nationale, expose les grandes orientations de son programme de gouvernement ainsi que les principales réformes et mesures qu’il ambitionne de mettre en place.
En Guinée, et principalement sous le régime autoritaire et liberticide du CNRD, cet exercice est devenu un moyen pour plonger dans la léthargie nos compatriotes lassés par la mauvaise gouvernance et l’amateurisme au plus haut sommet de l’Etat.
Quel crédit accorder aux dirigeants d’une transition qui, en promettant monts et merveilles à la Guinée, divisent les Guinéens, enterrent les droits et libertés arrachés de haute lutte, méprisent les citoyens alors même qu’ils protégent et laisser agir impunément les assassins au sein de nos forces de défense et de sécurité et les bandits à col blanc ?
Les annonces faites par le Premier Ministre Bah Oury illustrent parfaitement l’échec de la gouvernance de ceux qui disaient avoir pris le pouvoir pour la refondation et la rectification institutionnelle. Dans cet exercice, Bah oury annonce que les grandes orientations stratégiques qui guideront l’action du gouvernement qu’il dirige sont tirées du Programme de Référence Intérimaire (PRI) 2022 et 2025 et tient compte de trois axes notamment : le social, l’économie et la politique.
Prenons quelques actions à titre illustratif pour mettre en lumière les contrevérités d’un premier ministre dépassé et désormais mué en marionnette de la nouvelle dictature militaire.
Dans le domaine de l’électricité, en bientôt trois ans de transition, plusieurs milliards de dollars américains ont été prétendument investis dans le secteur de l’électricité pour quel résultat ? Même le peu que le régime déchu a laissé, la gouvernance actuelle est incapable de l’entretenir.
Les principales villes de l’intérieur du pays sont actuellement plongées dans le noir. Même à Conakry, les délestages ont repris de plus belle.
Les lampadaires solaires sont devenus de lointains souvenirs.
On nous parle également de plus de 300 millions d’euros de subvention à E.D.G. Ce qui met à nu un sérieux déficit de transparence et de gouvernance du secteur si l’on s’en tient aux résultats produits.
Dans le domaine de l’agriculture, force est de noter que sans être la solution miracle pour développer la Guinée, elle peut néanmoins permettre au pays de résoudre les problématiques de sécurité et de souveraineté alimentaires et réduire du coup le poids de l’importation sur fonds de subventions des denrées de première nécessité. C’est aussi un moyen de créer des emplois décents pour de nombreux jeunes aujourd’hui désœuvrés.
Mais hélas, comme dans d’autres secteurs porteurs de croissance de notre pays, ce n’est pas la priorité de la gouvernance actuelle malgré un budget de plus de 1900 milliards de dollars octroyé au département de l’agriculture. Nous restons encore largement dépendant de l’importation.
Sur le plan Social, la gouvernance Doumbouya a échoué sur tous les plans. Aujourd’hui, plus de la moitié des guinéens (68%) de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté. Pendant ce temps, le gouvernement continue à affirmer à cor et à cri que le pays a un niveau de croissance de 5,4%, alors que le chef de ce même gouvernement disait haut et fort qu’il travaille à ce que la performance macroéconomique soit ressentie par les Guinéens dans leur quotidien.
La Guinée va très mal comme en témoignent l’inflation galopante, l’injustice, l’exclusion, la division ethnique, les harcèlements dont sont victimes certains opérateurs économiques considérés proches de l’opposition notamment de l’UFDG.
À titre d’exemple, le refus de payer les dettes intérieures a occasionné la fermeture de plusieurs petites et moyennes entreprises contribuant ainsi à faire exploser le chômage des jeunes. En seulement deux ans, pas moins de 29.000 jeunes ont quitté le pays en raison de l’incapacité du CNRD et ses laquais civils à créer et à sauvegarder des emplois. Que dire des jeunes guinéens morts récemment dans le désert et les eaux Méditerranéennes en tentant de fuir l’enfer guinéen.
La folie liberticide du CNRD a atteint son paroxysme avec le retrait des agréments des médias privés et indépendants les plus suivis du pays que la junte a voulu asphyxier.
Leur seul tort, c’est de dénoncer la mauvaise gouvernance, la corruption, l’enrichissement illicite et les nombreux détournements des deniers publics sous le régime militaire. La liste des maux qui assaillent le pays est longue.
Ce matin, dans les différents marchés du pays, un sac de riz se négocie à 350. 000gnf, le sucre à 400.000 gnf, la farine à 360.000gnf etc…. Il faut arrêter de tromper l’opinion et d’insulter l’intelligence des Guinéens.
Dans le discours du PM, on ne retrouve nulle part d’explications sur la façon dont le gouvernement entend améliorer les conditions de vie et d’existence de nos compatriotes.
Au contraire, le gouvernement cherche à préparer les esprits à une année difficile pour le peuple.
Pourtant, ils doivent savoir qu’il ne revient pas au peuple de payer le prix de la mauvaise gouvernance et de la gabegie financière. Qui ne se rappelle pas des allégations de détournement de l’agent judiciaire de l’Etat portant sur plus de 415 milliards de nos francs qui ont éclaboussé plusieurs cadres de la gouvernance actuelle ? Ne parlons pas du cas des marchés de gré à gré avec des rétro commissions et des scandales financiers qui ont caractérisé les trois dernières années la gouvernance du CNRD.
Sur le plan politique, les trois ans du CNRD n’ont servi qu’à exacerber les tensions et les divisions ethniques.
Le Général Mamadi Doumbouya et son gouvernement cherchent désespérément à museler l’opposition et toutes les voix discordantes dans notre pays.
Il y’a un plan concerté pour confisquer le pouvoir et instaurer une nouvelle dictature. Depuis le 5 septembre 2021, plus de 52 de nos compatriotes ont été tués. Le pouvoir utilise la violence et la terreur pour se maintenir dans le seul but de profiter des ressources du pays au détriment des ayant droits.
Sans mentionner les détenus politiques, nos collègues aujourd’hui en exil et le refus obstiné des autorités de la transition d’ouvrir un dialogue franc, honnête et constructif avec les acteurs politiques et sociaux les plus représentatifs du peuple de Guinée, en l’occurrence ceux qui représentent 95% du corps électoral.
Le renoncement au délai de la transition obtenu de commun accord avec la CEDEAO risque de conduire le pays vers des lendemains incertains. Malgré les apparences, nous sommes assis sur une poudrière.
Cet autre échec démontre clairement la médiocrité de ce gouvernement qui ne réussit malheureusement que dans l’esbroufe et la publicité mensongère.
Il appartient aux Guinéens de chasser tous ces imposteurs qui ont pris le pouvoir sans jamais l’exercer dans l’intérêt de la Guinée .
Souleymane SOUZA KONATÉ, Président de la Commission Communication de l’ANAD et Conseiller chargé de Communication de Cellou Dalein Diallo.