On est encore très loin d’en finir avec les conflits domaniaux à Conakry et ses environs. Pratiquement chaque semaine, des familles sont déguerpis et les maisons sont démolies pour diverses raisons.

Pas plus tard que vendredi dernier, plusieurs familles ont été mises dehors manu militari à Coléah Lanséboungy dans la commune de Matam. Cela sans une décision de justice.

Ladite concession appartiendrait à la famille Sylla du feu Moussa Sylla dit Kamouya. C’est depuis l’époque coloniale que la famille est venue s’installer sur les lieux. Avant de quitter la Guinée, le propriétaire Blanc aurait définitivement cédé la maison à Moussa Sylla qui est devenu le nouveau propriétaire.

Selon l’un des petits-fils du feu Moussa Sylla, en l’occurrence, Fodé Momo Sylla, c’est lors du régime de Lansana Conté que le conflit domanial a commencé avec l’arrivée de Tahiratou Keita.

D’après les explications de Fodé Momo, dame Keita est arrivée dans la concession grâce à son mari togolais. Suite à la disparition de son époux, Tahiratou a commencé à réclamer la propriété de la maison en disant que c’est le fils du Blanc qui lui a vendu la concession.

« Cette dame a été logée par notre grand-père grâce à la complicité des sages d’alors et le quartier. Nous ne savons pas si elle a vendu le terrain ou pas mais, depuis 2008 cette affaire continue »

Suite aux confrontations entre la famille feu Moussa Sylla et dame Keita, la justice s’est saisie du dossier. « A l’époque, le tribunal de première instance de Mafanco et la Cour d’appel de Conakry ont tranché en faveur de la famille Sylla. » soutient Fodé Momo.

Sélectionné pour vous :  Me Salif Kébé : « On savait que le référendum était en préparation, mais… »

Malgré cela, quelques années plus tard, dame Keita revient encore pour réclamer la propriété de cette maison de Coléah. C’est ainsi que l’affaire est de nouveau devant le TPI de Mafanco. Pendant que le dossier est pendant devant ledit tribunal, les agents du CMIS de Matam sont venus mettre dehors la famille Sylla manu militari. Ils auraient procédé à cette violation de domicile sans présenter un document de justice.

Selon Mamadouba Sylla fils du feu Moussa Sylla « De nombreuses juridictions ont été saisies du dossier, dont la Cour suprême. A la convocation du Tribunal de première instance de Mafanco, nous étions à l’attente du 2 février prochain quand nous avons reçu la descente musclée de ces policiers qui ont fait usage de force, en tirant les grenades lacrymogènes et en volant nos biens »

Une autre victime de cette exaction des agents du CMI de Matam confirme les faits : « Nous avons constaté ce matin une descente des forces de l’ordre en compagnie des jeunes loubards cagoulés. À 4h, ils sont venus casser nos biens. Après avoir fini d’enlever les portes, ils sont entrés dans nos maisons pour faire sortir nos biens. »

Suite à cette intervention musclée des forces de sécurité, un huissier est venu faire le constat sur le terrain. A l’heure actuelle, le dossier est entre ses mains apprend-on.

Occupant toujours la concession, la famille Sylla demande la justice et compte également porter plainte contre leur ancienne locataire Tahiratou Keita.

Sélectionné pour vous :  La Guinée : quand des sages excellent dans la manipulation et l'ethnocentrisme

« Nous demandons au président de la République, le colonel Mamadi Doumbouya, et à son ministre de la Justice, Charles Wright, de faire face à ce conflit qui nous oppose à cette dame qui a été notre locataire il y a 15 ans de cela » a souhaité un autre membre de la famille.

Affaire à suivre !

Ibrahima Bah

LAISSER UN COMMENTAIRE AVEC Facebook