Dans un récent communiqué du ministère du Commerce, de l’Industrie et des PME, la société american Beverages SARL a été officiellement autorisée de rouvrir la chaine de production du jus Energy 24H. L’entreprise devrait enfin reprendre service malgré l’opposition du procureur spécial de la Cour de Répression des Infractions Economique et Financières (CRIEF), Aly Touré.
L’interdiction de vente suivie de la saisie des produits fait suite à des analyses effectuées par l’Office National de Contrôle Qualité (ONCQ) qui indiquent que les boissons sont impropres à la santé de la population. Malheureusement, pour le département du Commerce, la fiabilité de ce rapport est mise en cause par des spécialistes.
Sur ce, l’on se demande si la ministre Lamah ne s’est-elle pas fait avoir dans ce dossier qui a été pris en charge par le Directeur de l’ONCQ ? Ce dernier est reproché d’aller au-delà de ses compétences.
Dans la note circulaire du Directeur Général de l’ONCQ, Mohamed Kadiatou Sylla, datant du 10 janvier 2023, il est indiqué ceci : « A la lecture des conclusions des résultats d’analyse de la boisson 24h Energy (De la date de production à nos jours, volume 300ml et 500 ml appartenant à la société American Beverages (SABEV) Sarl et au vu du rapport de constat de l’inspection en date du 4 janvier 2023 ; je vous demande de procéder à la saisie, au retrait et à la destruction de ladite boisson dans le circuit commercial sur toute l’étendue du territoire guinéen. ».
Les incohérences du rapport
Selon Dr. Ibrahima Diari Barry, Spécialiste en question Alimentaire et Nutritionniste, le rapport de l’ONCQ contient des incohérences qui se résument en quatre anomalies :
« Première anomalie
Du point de vue de l’exigence réglementaire ; c’est le directeur national du contrôle qualité qui avait publié une note circulaire où il s’est basé sur la L03 alors que cette loi n’existe pas. C’est la loi L033 du 14 juillet 2021 qui existe. Au niveau de l’article 38 de cette loi, elle donne le mandat à l’équipe du contrôle qualité mais l’article 45 de cette loi dit que lorsqu’une entreprise produit des denrées alimentaires qui ne sont pas du tout conformes et que l’ONCQ analyse et détecte cela, les résultats doivent être notifiés d’abord à l’entreprise puis suivi d’un bulletin d’analyse.
Et l’article 49 dit que tant que ces produits portent atteinte à la santé, il faut une saisie ou un rappel par un arrêté motivé. Dans notre pays, c’est le ministre qui prend un arrêté. Donc, il ne revenait pas au directeur de l’ONQC de prendre cet acte. C’est à la ministre du Commerce de le faire en indiquant les risques associés.
Deuxième anomalie
Du point de vue scientifique ; les résultats sont incohérents et contradictoires. Ils ont reproché à l’entreprise que l’acidité était élevée. Les boissons gazeuses sont connues pour leur acidité. Le PH varie de 2 à 4. Ils font (inspecteurs de l’ONCQ) une analyse et trouvent 3,5 mais c’est normal.
Si maintenant l’acidité est élevée, même les boissons de coca cola ou de la bonagui si vous leur demandez, s’ils vous montrent leur bulletin d’analyse, vous trouverez les mêmes paramètres.
Secundo : ils disent qu’ils ont trouvé des ASR c’est-à-dire des bactéries. Comment l’ONCQ peut nous dire que l’acidité est élevée et qu’il trouve des ASR dedans : ce n’est pas normal.
Troisième incohérence
Du point de vue technique ; l’ONCQ qui parle de retrait, dans le cas d’espèce on ne devrait, pas parler de retrait. C’est un rappel. Quand on parle de retrait, c’est une mesure préventive qui consiste à identifier ou à enlever une denrée alimentaire non vendue dans les boutiques. Dans le cas d’espèce, le produit a été vendu. La boisson était déjà dans les boutiques. Comme la boisson était dans les boutiques, on parle de rappel ; et là aussi, ils se sont plantés. En plus ils parlent de retrait…
Quatrième anomalie
Du point de vue critère ou spécifications techniques, on retiendra qu’en République de Guinée, seul l’institut guinéen de normalisation a la compétence, la qualité et le mandat d’élaborer des normes et spécifications techniques pour les produits alimentaires.
L’institut guinéen de normalisation n’a jamais élaboré des spécifications techniques sur les boissons énergétiques. Alors où l’ONCQ a puisé les spécifications techniques qui se trouvent à la troisième colonne du bulletin d’analyse ? »
A la lumière de ses explications, Dr Ibrahima Diari Barry soutient que Les résultats de l’ONCQ sont attaquables. Parce que les conclusions ne se justifient pas.
Eu égard à des insuffisances du rapport de l’ONCQ, le département du Commerce avait commandité un autre rapport d’analyse à un laboratoire en Belgique.
« Dans le bulletin d’analyse élaboré par le laboratoire belge, le bulletin ne montre pas que les boissons Energy sont impropres à la consommation. Les résultats sont favorables à l’entreprise…La ministre a botté en touche les résultats de l’ONCQ. » a révélé M. Barry.
Dans notre quête de l’information, on n’a pas pu avoir une réaction des cadres du ministère du Commerce et du service ONCQ.
Néanmoins, on apprend que pour reprendre service, l’entreprise américaine est obligée de prendre en compte les recommandations en matière du respect de la réglementation en vigueur du pays hôte. Pendant trois mois, elle fera également objet d’une supervision de l’ONCQ.
Malgré l’autorisation du département du Commerce, de l’Industrie et des PME, la CRIEF s’oppose catégoriquement à la reprise officielle à la commercialisation des jus Energy 24H.
Wait and see !
Ibrahima Bah