Dans une interview accordée à nos confrères de RFI, ce mardi 12 mars 2024, le
nouveau Premier ministre guinéen, Amadou Oury Bah a évoqué l’épineuse question
sur un retour à l’ordre constitutionnel en Guinée.
Dans cette interview qui a duré environ 17 minutes, le premier ministre Amadou Oury Bah est clair là-dessus. Répondant aux questions sur la nécessité d’un retour à l’ordre constitutionnel, le premier ministre a fait savoir que la durée de la transition dépend de ce qui doit être fait sur le terrain. Pour le moment selon lui, la priorité des autorités de la transition est de finaliser le recensement administratif à vocation d’état civil (RAVEC), d’où, il y aura l’extraction du fichier électoral.
En commun accord avec la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le général Mamadi Doumbouya et sa troupe s’étaient engagés à rendre le pouvoir au
plus tard le 31 décembre 2024. Sur le respect ou non de cet engagement, Bah Oury affirme que les processus de transition sont complexes d’un pays à un autre.
“Malheureusement, la CEDEAO a toujours interprété la question de la transition comme une passion de pouvoir. Or les causes fondamentales de la déstabilisation de la Guinée, pour ne parler que d’elle, sont d’ordre beaucoup plus structurels. Donc si nous voulons éviter la répétition de ces séries d’instabilité, il faut prendre en compte la nécessité d’un stat building d’où la refondation. En se dotant d’instruments lui permettant d’éviter de nouvelles crises politiques majeures.”
Poursuivant dans son intervention, le premier ministre soutient qu’il y a un retard qui a été constaté mais, dans l’exécution de son agenda, il fera les points dans les prochains jours et semaines avec la classe politique guinéenne de manière globale et fera en sorte que ce retard puisse être rattrapé avec l’aide de Dieu.
Interpellé quant à son accord d’être le nouveau locataire du palais de la Colombe et s’il avait interpellé au préalable le général Mamadi Doumbouya qui lui a porté confiance, sur le temps nécessaire pour l’exécution de la transition.
Le premier ministre répond en ces termes “Que la durée de la transition dépend de ce qui doit être fait sur le terrain. Nous avons besoin de finaliser le recensement administratif à vocation d’état civil (RAVEC), de ce fichier, il y aura l’extraction du fichier électoral. À partir de l’établissement de ce dernier, le référendum a été indiqué comme étant un objectif majeur par le président du CNRD, le général Mamadi Doumbouya. Donc d’ici la fin de
Il faut nécessairement que le référendum puisse être tenu. À partir de ce
moment-là, les autres processus électoraux vont être déclinés.”
Selon le premier ministre, l’année 2025 est une bonne période pour couronner l’ensemble du processus toujours avec l’aide de Dieu parce que précise t-il l’explosion du principal dépôt d’hydrocarbures de Kaloum a été un coup très dure, et qui impacte l’ensemble des activités de l’État aujourd’hui.
S’agissant s’il y a une crainte de confiscation du pouvoir par le CNRD, le premier ministre affirme que les autorités sont loin de là. “Non! Ce n’est pas le cas parce qu’il y a des efforts, et de la volonté qui ont été déjà
déclinés sur le terrain.”
Par ailleurs, cette sortie du premier ministre ne rassure pas certains acteurs politiques du pays. Réunis au sein des Forces Vives de Guinée (FVG), ces acteurs politiques ont dans une déclaration publiée dans la soirée de ce mardi 12 mars, exprimé leur inquiétude quant au respect de la durée de la transition.
“Cette déclaration du nouveau chef du Gouvernement confirme le renoncement par les autorités guinéennes à l’Accord dynamique conclu avec la CEDEAO en octobre 2022 et qui limitait la durée de la Transition à 24 mois.
Pour eux, la Résolution du CNT qui fixait la durée de la Transition à 36 mois à compter du 5 septembre 2021 et tous les engagements pris par les autorités de rendre le pouvoir aux civils au plus tard le 31 décembre 2024 sont donc abandonnés.
“Cet aveux du Premier ministre est une illustration éloquente de l’échec de la gouvernance du CNRD dénoncé à plusieurs reprises par les Forces Vives de Guinée.”
Ibrahima Foulamory Bah pour lecourrierdeconakry.com
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