Ce 19 avril, des femmes de l’opposition voulaient marcher du Port au ministère de la Justice. elles ont été empêchées par les forces de l’ordre. voici tout de même le mémorandum qu’elles voulaient donner au ministre de la Justice.

 A la haute attention du Ministre d’Etat chargé de la Justice,

Garde des Sceaux

Objet: Justice pour les victimes des violences politiques, libération des responsables et militants de l’Opposition politique arbitrairement détenus.

Pour favoriser la réconciliation nationale, restaurer la crédibilité de la Justice guinéenne et par ricochet celle de l’Etat, il est indispensable de rendre justice à toutes les victimes des violences politiques. Qu’elles soient enregistrées lors des manifestations pacifiques de l’Opposition ou à l’occasion des élections nationales, justice doit être rendue conformément à la loi et aux Accords politiques de 2013 et 2015.

Il est de notoriété publique que la répression des militants de l’Opposition politique lors des manifestations pacifiques et pendant les élections nationales a entraîné des pertes en vies humaines (plus de 70 morts dont la plupart par balles) et causé d’importants dégâts matériels. De même, l’élection présidentielle du 11 octobre 2015 a été émaillée de violences orchestrées par le RPG, parti au pouvoir, contre les responsables, les militants et même les sympathisants de l’Opposition politique.

Il faut en effet libérer tous les responsables et militants de l’Opposition politique arbitrairement détenus et condamnés, qui sont incarcérés à Boké, Conakry, Mamou, Nzérékoré et  Kérouané.

Il est tout aussi impératif de réparer intégralement les préjudices matériels subis par les responsables et militants de l’Opposition politique, notamment à Conakry, Banankoro et Nzérékoré suite aux violences politiques et électorales.

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Ces violences ont porté une atteinte grave aux droits des citoyens qui ont souffert tant dans leur chair que dans leurs biens. En effet, outre les morts et les blessés graves, plusieurs militants et responsables de l’opposition politique ont été arbitrairement privés de leur liberté et leurs biens saccagés ou emportés par les militants du RPG. Dans la plupart des cas, ces violences ont été perpétrées sous l’œil complice des autorités civiles et militaires en toute impunité.

Il en est ainsi à Banankoro, Conakry, Nzérékoré et Koundara où les auteurs des crimes et délits sur les personnes et les biens, tous identifiés comme militants du PRG, ne font l’objet d’aucune poursuite. Tandis que les victimes, elles, croupissent en prison ou végètent dans un dénuement total, tous leurs biens ayant été détruits ou emportés.

Le cas du  Secrétaire fédéral UFDG de Banankoro (M. Sékou Marra) dont la maison fut entièrement calcinée par les militants du RPG et celui du Trésorier du bureau federal, Elhadj Souleymane Diallo, opérateur économique actuellement détenu à Kérouané illustrent parfaitement l’injustice dont sont victimes les responsables et militants de l’Opposition politique.

 

Ces faits, au demeurant irréfutables, démontrent la faillite de l’Etat républicain et la dérive de l’administration qui sont désormais totalement inféodés au RPG. Cela a pour conséquence une justice à deux vitesses: une qui sévit contre de pauvres innocents, l’autre qui garantit l’impunité aux auteurs des crimes.

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Face à cette situation, nous femmes de l’Opposition politique, en nos qualités d’épouses, de mères et de sœurs en appelons au Ministre de la Justice, Garde des sceaux, afin qu’il veille à ce que justice soit rendue à toutes les victimes des violences politiques et électorales, en assurant notamment :

 

la libération inconditionnelle de tous les prisonniers politiques ;

l’indemnisation de toutes les victimes de violence politique pour l’ensemble des préjudices subis;

l’identification et traduction devant les tribunaux sans délai des véritables auteurs des crimes et délits;

l’indépendance et l’impartialité de la Justice, mettant ainsi fin à toute interférence de la part du RPG et du Gouvernement ;

l’égalité de traitement de tous les citoyens devant la Justice, mettant ainsi fin à toute discrimination fondée sur l’appartenance politique, ethnique ou régionale ;

le droit à un procès juste et équitable pour tous, mettant ainsi fin à l’instrumentalisation de la Justice ;

le libre exercice des libertés publiques reconnues et garanties par la Constitution.

Ce sont là des mesures d’apaisement conformes aux valeurs de la République et  susceptibles de renforcer la cohésion sociale et l’Etat de droit dans notre pays.

Il est, en effet, de tradition républicaine qu’après une élection présidentielle émaillée de troubles, comme c’est le cas en l’espèce, des mesures d’élargissement puissent intervenir en faveur des prisonniers politiques, afin de favoriser la réconciliation nationale, la      paix et la stabilité.

Conakry, le 19 avril 2016

Les femmes de l’Opposition Républicaine

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