Le Premier ministre, chef du gouvernement Mamady Youla a procédé, ce mardi 1er novembre, au Palais du peuple, au lancement des activités de la semaine nationale de la Citoyenneté et de la paix (Senacip).
Cet événement a pour thème : « citoyenneté et civisme pour la paix, la démocratie et le développement ». La cérémonie s’est déroulée en présence de plusieurs membres du gouvernement, du gouverneur de la ville de Conakry, des représentants du corps diplomatique accrédités en Guinée, de la société civile, des partis politiques.
Dans son discours, le ministre de l’Unité nationale et de la Citoyenneté Khalifa Gassama Diaby a rappelé que le 2 juillet dernier, le gouvernement de la République a décidé d’instaurer à travers une loi votée à l’unanimité par les députés une semaine nationale de la citoyenneté et de la paix. « Cette initiative [soutenue] par M. le Président de la République, le Pr Alpha Condé, est l’expression d’un constat amer sur la problématique de la citoyenneté et du civisme dans notre pays », explique-t-il.
D’après Khalifa Gassama Diaby, « la réalité est simple et douloureuse. Des citoyens en Guinée, on en a généralement que de nom. Il a disparu complètement du champ social, économique et politique ». C’est pour cela, dit-il, que « cette réalité douloureuse de notre pays pose à nous tous, à l’ensemble de la République de Guinée et à nous qui gouvernons des défis considérables qui ne peuvent et ne doivent être ignorés au risque de sacrifier l’avenir et le devenir de notre nation ». Car, « nous avons abandonné collectivement depuis belle lurette ce combat de citoyenneté et de civisme responsables dans notre pays à commencer par les familles mais aussi l’Etat ».
A cet effet, il prévient : « l’Etat en abandonnant le terrain de la citoyenneté et du civisme, c’est comme si son existence ne pouvait avoir de sens et de légitimité sans citoyens libres et égaux. Et de cette réalité douloureuse, il pose et entretient les bases de sa propre impuissance ». Si selon Gassama Diaby l’Etat a sa part de responsabilité, les partis politiques en ont aussi la leur. « Les partis politiques participent eux aussi à la destruction de cet idéal de citoyenneté et du civisme posant ainsi les fondements de leur propre impasse et de leur propre fragilisation », estime-t-il.
Face aux défis de l’incivisme en Guinée, le chef du département de l’Unité nationale et de la Citoyenneté a lancé « un appel pressant à l’ensemble des Guinéens quelle que soit leur particularité, quelle que soit leur singularité à se mobiliser pour gagner ce combat de la citoyenneté et du civisme ».
Selon lui, « notre pays est malade de l’incivisme et la responsabilité est collective. Il nous faut nous mobiliser dans les familles, dans les établissements scolaires, dans tous les lieux de vie sociale et institutionnelle pour mettre fin à cette défaillance de la citoyenneté et à tous ces comportements inciviques qui sont devenus une faute grave de désordres, de violences et de handicaps multiples. L’incivisme en Guinée menace gravement les règles de bonne vie sociale, les rapports du bon voisinage, détruit peu à peu les fondements d’une vie publique citoyenne et responsable, devient une source inquiétante de violences (…). Il ne saurait y avoir d’unité nationale sans identité partagée. Cette possibilité d’identité commune n’est possible que dans la citoyenneté, dans le civisme et le comportement civique ».
Le Premier ministre, Mamady Youla de déclarer : « la commémoration de cette semaine revêt une importance capitale pour notre pays en ce sens qu’elle vise à consolider la démocratie, l’Etat de droit, la culture citoyenne et la recherche de la paix. Cette initiative vise également à éveiller la conscience des citoyens pour l’adoption d’un comportement civil et responsable ».
« En effet, ajoute-t-il, les phénomènes d’incivisme et d’incivilité, à tous les niveaux, ont pris des proportions inquiétantes ces dernières décennies et sont devenus une pratique courante dans la cité. Ces phénomènes reflètent une société qui a perdu ses repères, se manifestent en d’autres comportements déplorables : la corruption à grande échelle, la destruction de biens publics et privés, le non-respect des autorités publiques et des institutions républicaines, la transgression délibérée des lois de la république, la destruction de l’environnement ».
A l’en croire, « ces pratiques renvoient l’image d’une société en rupture d’avec ses valeurs traditionnelles et à la poursuite effrénée de modèles inadaptés et adéquats [constituant] un véritable frein au développement de notre pays ». Le Premier ministre a invité tous les Guinéens « à lutter contre les comportements allant à l’encontre du développement socioéconomique de notre pays parmi lesquels je citerai notamment la corruption, le népotisme, …. Il s’agit pour l’équipe gouvernementale que je conduis d’œuvrer sans relâche pour que toutes les composantes de la nation guinéenne se rassemblent dans l’unité et la cohésion autour des idéaux qui fondent les grandes nations afin de jeter les bases de l’émergence de notre pays ».
Pour sa part, la représentante de la société civile, Mme Binta Nabé, a appelé ses compatriotes à « un sursaut patriotique » pour le renforcement de la culture du civisme et de la citoyenneté. Dans la même lancée, le ministre conseiller à la Présidence de la République, Sanoussy Bantama Sow, a lui de son côté exhorté l’ensemble des acteurs à l’unité pour que la consolidation de la paix et de la démocratie soit une réalité en Guinée.
Le représentant du chef de file de l’opposition Elhadj Abdoulaye Diouma Diallo a demandé au gouvernement, aux partenaires au développement et à l’ensemble des citoyens guinéens de soutenir le ministre Gassama Diaby pour ne pas que « le virus du découragement ne l’atteigne ».
Enfin, le représentant des organismes de l’ONU en Guinée, Louis-Marie BOUAKA, s’est réjoui de l’organisation de cette semaine de civisme et de citoyenneté parce que, soutient-il, elle constitue une « aubaine » pour la Guinée.