A l’issue d’une session de formation organisée à l’intention des journalistes dans les locaux de la Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG), le Directeur Général du Contrôle Permanent de ladite institution financière a accordé une interview à un reporter du Courrier de Conakry.
Dans cet entretien, M. Condé est revenu sur les mesures prises par la BCRG pour lutter contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.

Récemment, la BCRG a organisé une formation à l’intention des hommes de médias. Qu’est-ce qui a motivé cette initiative ?

Nous avons remarqué qu’il y a des interventions à des différents niveaux avec des notions qui ne sont pas utilisées de façon appropriée. Comme les journalises ont un rôle à jouer, ils doivent sensibiliser le public. Alors, pour qu’ils puissent sensibiliser le public, il faut que les journalistes soient bien informés. Donc c’était nécessaire pour la BCRG d’organiser une telle formation pour débattre de ces questions afin de restituer à qui de droit. Ils sont une vingtaine de journalistes venus des associations professionnelles de presse à prendre part à cette formation de trois jours.
L’objectif principal est d’améliorer les connaissances des participants dans la mise en œuvre des mesures préventives de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.

Quels sont les thèmes abordés ?

Pendant ces trois jours intenses, on a abordé plusieurs thèmes importants. Il s’agit notamment : les questions conceptuelles du BC/FT (Blanchiment des Capitaux et Financement du Terrorisme), aperçu sur les mesures préventives en matière de LBC/FT, méthodologie d’évaluation des risques, approches fondées sur les risques en matière de conformité à LBC/FT, signaux d’alerte et déclarations d’opérations suspectes…

Comment peut-on faire une distinction entre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme ?

Le Blanchiment des capitaux est le recyclage de fonds provenant de crimes ou de délits, dont des actes de terrorisme, dans des activités légitimes ; alors que le financement du terrorisme est le financement des actes terroristes, des terroristes ainsi que des organisations terroristes.

Quelles sont les conséquences néfastes du blanchiment des capitaux pour un pays ?

Les conséquences du blanchiment des capitaux sont très graves pour un pays. Elles entrainent notamment : l’augmentation de la criminalité et de la corruption, la déstabilisation du secteur privé légitime, l’affaiblissement des institutions financières, les menaces à la stabilité politique et à la démocratie, l’aggravation de la pauvreté et de la maladie, la crise de liquidité, l’augmentation du taux de roulement du personnel, le derisking…

De nos jours, la plupart des Etats sont exposés au blanchiment des capitaux et au financement du terrorisme. Quels est le cas de la Guinée ?

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Tous les pays sont exposés aux risques. Le placement des capitaux et le financement du terrorisme est un risque et en tant que risque tous les pays sont exposés. En Guinée aussi le risque existe. Mais il faut prendre les mesures pour atténuer ces risques. Pour ne pas que la Guinée soit reconnue comme un pays où il est facile de blanchir de l’argent. C’est pourquoi beaucoup de dispositions ont été prises à tous les niveaux ; notamment au niveau étatique et au niveau institutionnel.

En Guinée, il y avait deux lois qui existaient avant qu’on ne les harmonise en une seule loi de lutte contre le blanchiment des capitaux et du financement de terrorisme. Mais il y a aussi les différents textes que la BCRG a pris en son sein pour atténuer ces risques de blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.

Dépuis quand la BCRG s’est intéressée à LBC / FT et quels sont les mécanismes mis en place pour endiguer ces problèmes ?

La BCRG a pris l’initiative pour couvrir le vide juridique qui existe en la matière. Parce que la première loi en Guinée portant sur la lutte contre le blanchiment des capitaux a été élaborée et adoptée en 2006 mais elle n’a été promulguée qu’en 2007.
Avant que cette loi ne soit élaborée et promulguée, il y avait un vide juridique. Pour couvrir ce vide, la BCRG a pris la décision de mettre en place une mesure. Cette mesure a permis de règlementer tout le secteur financier à l’époque contre le risque de blanchiment des capitaux et le financement de terrorisme.

Maintenant avec la promulgation de cette loi en 2007 et celle de 2014 sur le financement du terrorisme, les deux ont été regroupées en 2021 pour en faire une seule loi. Cette loi qui est d’actualité est la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. Elle est renforcée par les différents textes d’application que la BCRG prend tous les jours. Cette loi est applicable à la BCRG ainsi qu’aux secteurs qui relèvent d’elle ; notamment les institutions financières que sont : les banques, les assurances et les institutions de finances inclusives qu’on appelle généralement les micro-finances.

Concrètement, quel est les dispositions mises en place par la BCRG ?

Nous avons un comité LBC/FT qui est présidé par le directeur général du contrôle permanent que je suis pour le moment, et ce, grâce à la confiance que des autorités de la BCRG ont placé à ma modeste personne.

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Ce comité est composé de toutes les directions qui ont un rôle à jouer dans la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. Vous avez la direction de la supervision bancaire qui a charge de s’assurer le respect du dispositif de lutte contre le blanchiment des capitaux dans les banques ; la direction de l’agence principale qui assure le payement de tout ce qui est opération bancaire au niveau de la banque centrale ; la direction des opérations de change qui effectue les opérations à l’internationale au compte de la BCRG ; la direction des matières précieuses qui cordonne toutes les activités des orpailleurs du pays, c’est une zone très vulnérable ; cette direction aussi est membre de ce comité ; la direction du contrôle interne qui supervise toutes les opérations au jour le jour de la BCRG, est aussi représentée ; vous avez également la direction du contrôle et du suivi de la règlementation des changes qui assure le respect des principes par les bureaux de change et enfin le secrétariat de ce comité est assuré par celui qui est chargé de la conformité à la BCRG qu’on appelle le responsable de la cellule de conformité.

Quels sont les avantages pour un pays comme la Guinée de lutter contre LBC/FT ?

Plus vous êtes efficace dans cette lutte, mieux vous serez apprécié. Cette appréciation a un impact sur l’exécution de vos différentes opérations au plan national et international. Si vous êtes considéré comme un pays non coopérant, un pays qui laisse faire, alors vos opérations seront compliquées. On vous demandera assez d’informations, assez de documents justificatifs avant qu’on ne fasse votre opération. C’est pour ne pas qu’on en arrive là, que nous mettons tout ça en place pour que notre pays soit considéré comme un pays qui coopère, un pays qui fait ce qu’il faut pour maitriser ces risques.

Votre mot de conclusion ?

La LBC/FT est un processus qui concerne tout le monde, chacun dans son domaine. Plus les gens sont informés, plus ils prennent des mesures contre ces fléaux. C’est pourquoi, il est incontournable que les journalistes s’intéressent à ces sujets pour aider la Guinée à lutter contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme,

Je vous remercie

Propos recuillis par Ibrahima Bah

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