Très tôt ce lundi matin 6 janvier 2020, des apprentis de voitures à bord de plusieurs véhicules ont pris d’assaut les rues de Kankan à la recherche d’éventuels manifestants du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), comme l’attestent des mots qu’ils prononçaient. Aussitôt, des pillages de plusieurs boutiques et magasins et des échauffourées ont été signalés un peu partout dans la ville. C’est principalement ce sont les boutiques des marchés Djaka, Lofèba, Dibida ainsi que celles du quartier Mobil qui ont payé les frais de ces attaques. Plusieurs autres boutiques sont restées fermées.
La scène ressemble à celle vécue le 14 octobre 2019. Les apprentis transporteurs, dans leur quête d’éventuels membres du FNDC se seraient attaqués à plusieurs boutiques de la ville et le siège de l’UFDG. C’est au quartier Mobil que la tension est montée d’un cran entre les commerçants et les agents de forces de sécurité venus rétablir l’ordre. La tristesse se lisait sur le visage des rares commerçants qui étaient encore sur place. Ils se disent être victimes de pillage et pointent un doigt accusateur sur les syndicats des transporteurs, la CNTG.
Thierno Sadou Diallo a été témoin des faits : « Le matin, nous sommes sortis. On a ouvert nos boutiques. Ce sont eux qui sont venus caillasser nos biens, ils ont versé les sauces des femmes vendeuses ici. Ils ont frappé les femmes en faisant sortir leurs machettes et ils ont effrayé les gens avec les machettes. On n’est pas là pour défendre une ethnie. Nous sommes des Guinéens. On cherche notre intérêt pour vivre ».
Plusieurs manifestants qui ont barricadé la route ont été arrêtés avant d’être libérés sur le champ sur ordre du préfet venu s’enquérir des nouvelles sur le lieu. Amadou Secteur Barry est le chef du secteur N° 5. Il explique : «On m’a appelé quand j’étais à la commune que ça ne va pas ici, qu’il y a des syndicats qui sont venus ramasser les marchandises des gens, de l’argent. Je suis venu trouver qu’il y a assez de monde, il y a eu des dégâts. J’ai demandé à tous ceux qui ont été victimes de pillages de faire une liste pour déposer une plainte ».
Accusé de pillage de plusieurs boutiques, le responsable des syndicats des transporteurs, Moussa Djan, a balayé d’un revers de main ces accusations. Il faut signaler que dans les environs de 15 heures, les commerçants du grand marché Lofèba et certains citoyens se sont donné à un véritable jet de pierres avant d’être dispersés à coup du gaz lacrymogène. La ville est restée paralysée et les boutiques ont été fermées.
Mamadi KABA, depuis Kankan pour lecourrierdeconakry.com