Dans la matinée de ce mercredi 22 janvier 2020, le rédacteur en chef de la radio Horizon FM et correspondant du site d’information guineematin.com et la radio Lynx FM s’est fait arrêter et emprisonner par la Compagnie mobile d’intervention et de sécurité (CMIS) N°13 de Kankan lorsqu’il était en plein exercice de son métier. C’est suite à une manifestation des élèves maîtres de l’Ecole normale des Instituteurs (ENI) de Kankan pour réclamer le paiement de leur bourse d’entretien, qu’Abdoulaye N’Koyah Sylla a été arrêté.
Aux environs de 9 heures ce mercredi 22 janvier, le jeune journaliste s’est fait arrêter et conduit à la CMIS n°13 de Kankan pour être mis en détention pendant trois heures. On lui reproche d’avoir participé à un attroupement illégal et en lui affluant des propos « mensongers ». Abdoulaye N’Koya Sylla raconte sa mésaventure : « On a été informé que les élèves maîtres de l’Ecole normale des instituteurs étaient en train de manifester pour réclamer le non-paiement de leur bourse d’entretien. Aussitôt on s’est rendu sur le lieu pour la couverture médiatique de cette manifestation. Mais il se trouve qu’il y avait les agents de la CMIS qui procédaient aux arrestations. Je faisais des images parce qu’on a constaté que les élèves maîtres avaient érigé des barricades devant l’Inspection régionale de l’enseignement technique et professionnel. Ils sont venus m’interpeler. Je leur ai exhibé mon badge de journaliste. Ça ne leur a pas suffi. Ils m’ont embarqué manu-militari et j’ai été détenu à la CMIS pendant 3 heures. J’ai été aussi auditionné. C’est suite à l’intervention de mes confrères de Kankan que j’ai été libéré. A part le fait que j’ai réussi quelques coups de matraque et quelques coups de pieds quand même je n’ai pas été maltraité à la CMIS ».
Meurtri dans l’âme après avoir essuyé des injures de la part du commandant de la CMIS, le journaliste promet de porter plainte contre la CMIS N° 13 de Kankan : « Quand j’ai été interpelé et il a vu que je tentais de résister en leur faisant croire que je suis journaliste, il s’est approché de nous et il m’a proféré des injures père et mère. C’est ce qui m’a beaucoup choqué. Et je suis meurtri dans mon âme pour le repos éternel de l’âme de ma maman. Je veux porter plainte contre lui, mais je vais me retrouver avec l’association des journalistes de Kankan l’association à laquelle j’appartiens pour prendre une décision.»
Pour sa part, Fodé Bangaly Fofana, représentant de la Radio Télévision Guinéenne (RTG) et point focal de la Haute Autorité de la Communication à Kankan, condamne avec fermeté cet acte : « Je condamne avec la plus grande fermeté, parce que je ne peux pas comprendre qu’un journaliste soit en exercice de sa fonction et qu’on l’arrête surtout qu’il avait tous les identifiants et il s’est présenté avec son l’appareil photos et son badge. Avec tout ça, ils n’ont pas été sensibles, c’est ce qui m’étonne. Je ne sais pas qu’est-ce qu’ils ont derrière la tête pour agir de cette manière ».
Il faut signaler que le préfet de Kankan Aziz Diop serait à la base de cette arrestation, car il nous a fait savoir dans son salon que c’est lui qui a demandé aux agents de la CMIS de procéder à l’interpellation de tous ceux qui se trouvaient sur le lieu. Il faut aussi signaler qu’en espace de huit mois, trois journalistes ont été arrêtés par la même compagnie mobile d’intervention et de sécurité de Kankan.
Mamadi KABA depuis Kankan pour lecourrierdeconakry.com