La pauvreté et l’abandon des enfants ont favorisé la création des centres d’accueil pour enfant. Mais suite au foisonnement de ces sites qui ne répondent pas aux normes, l’Etat a arrêté de livrer les agréments. Pour en savoir davantage, un reporter du Courrier de Conakry a interrogé le Directeur National de l’Enfance, Akoye Guilaogui.
M.Guilavogui a brièvement donné les raisons, tout en expliquant les conditions nécessaires pour la création d’un centre d’orphelinat en Guinée. Lisez !
Combien d’orphelinats sont enregistrés au niveau de votre direction ?
Il y a plus d’une trentaine d’orphelinats dans le pays mais les 80% sont à Conakry. Ça fait trois à quatre ans qu’on a arrêté d’ouvrir les centres.
Pourquoi ?
Nous sommes en train de normaliser ceux qui sont là et on ne veut pas en ouvrir pour créer des problèmes. C’est qui fait que nous sommes plus dans l’option de retourner les enfants en famille. Et de faire en sorte que les centres qui existent soient capables de se prendre en charge et de prendre en charge les enfants qui y sont.
Quelles sont les conditions pour créer un orphelinat en Guinée ?
Pour ouvrir un orphelinat, il faut obligatoirement avoir une activité génératrice de revenus pour subvenir aux besoins des enfants. Même si après au nom de la solidarité nationale, l’Etat va continuer à vous appuyer et les partenaires. Mais, il faudrait que vous planifiez vos charges dans votre investissement. Les sources de vos ressources ne doivent pas prévenir des sacrifices.
Les autres conditions : il faut avoir un local qui n’est pas litigieux ; avoir des encadreurs qui sont en mesure de s’occuper des enfants ; que vous ayez un programme d’apprentissage des enfants.
Quel est le processus de réinsertion de ces enfants dans les familles ?
Le processus de réinsertion commence par ce qu’on appelle l’éveil avec toute la garantie que la famille puisse progressivement apporter le soutien. Au-delà de ça, vous avez l’accompagnement pour le développement, c’est à dire l’éducation. Progressivement, lorsque l’enfant est capable de s’exprimer et cela se traduit en substance pour certaines entreprises c’est bien possible. A priori pour nous l’enfant, c’est l’apprentissage et l’encadrement.
La normalisation voudrait qu’on puisse progressivement désengorger les centres. Vous verrez des centres qui ont un nombre d’enfants élevés alors qu’ils n’ont pas la capacité d’accueil requise. C’est pourquoi nous travaillons avec la coordination des centres pour que progressivement les enfants qui ont des filiations en famille ou en communauté puissent aller et être accompagnés dans leur famille.
Pourquoi que l’Etat exige la prise en charge transitoire ?
La demande de l’Etat c’est la prise en charge transitoire. Nous devons inscrire tous les centres dans cette logique. Les enfants ne peuvent pas rester de façon pérenne, parce que ce sont des charges. On doit faire en sorte que les centres puissent avoir des connexions avec les familles. Nous sommes en Afrique, on pense que chaque enfant doit avoir des contacts en famille. Il doit avoir une connexion avec la communauté. Pour nous les enfants doivent être capables de retourner en famille ou en communauté avec un accompagnement.
Donc, nous faisons la prise en charge transitoire. C’est normal, un enfant qui est à Conakry et qui a un problème de contact avec sa famille, il n’a pas pu continuer avec elle, les relations sont coupées. S’il y a une famille où l’enfant a été violenté par les tuteurs, nous sommes obligés de le récupérer pour un temps. Il faut continuer à travailler à la réinsertion des enfants.
Cette année le mois de l’enfant a été célébré sous le signe de la lutte contre les violations des droits des enfants. Pensez-vous que les enfants qui sont dans les centres d’accueil, sont mieux protégés ?
C’est vrai, que quand les enfants sont dans le milieu institutionnel nous pensons que nous sommes soulagés mais nous savons qu’il y a des cas de violations de leur droit. Donc, il faut être attentif à cela, en partant de ce qui a été vécu dans certains endroits. Donc, il faut renforcer le mécanisme de prévention. Faire en sorte que la prise en charge ne se limite pas seulement à la survie, au besoin alimentaire et au besoin de logement. Mais que les enfants soient préparés à sortir de ces centres avec un nouveau regard, une nouvelle vision. Une adaptation à la vie nouvelle qu’ils vont avoir lorsqu’ils vont être réinsérés dans la société.
Quel est le rôle de l’Etat pour le fonctionnement de ces centres ?
Nous travaillons régulièrement avec les centres pour que ces centres connaissent les orientations et les aspirations des enfants de Guinée. Que ces centres s’alignent aussi aux différentes normes et standards en matière de protection de l’enfant qui sont définies par l’Etat. Le gouvernement s’est engagé aussi à bien faire à l’image des autres pays de l’Afrique et du monde.
Propos recueillis par Ibrahima Bah