Le ministre guinéen des Mines Abdoulaye Magassouba s’est prêté à nos questions en marge du séminaire gouvernemental. La relance des activités minières après les années difficiles, la chute du prix des matières premières, le guichet unique des mines, la reprise de Rusal sont entre autres les points clés de cette Interview exclusive.
Lecourrierdeconakry.com : Où en est-on avec le projet West Africa Exploration vu la chute du cours des matières premières?
Abdoulaye Magassouba : La chute des cours de matières premières qui constitue aujourd’hui l’un des défis auxquels le secteur minier est confronté, pose un risque et des difficultés sur un certain nombre de projet. Mais notre conviction est que cela ne remet pas en cause la viabilité de ces projets sur le long terme compte tenu de la qualité et la quantité de nos ressources. Qu’il s’agisse des projets que vous avez cité ou d’autres projets dans le secteur du fer et dans d’autres sous-secteur au niveau des mines, nous sommes convaincus que tous ces projets vont se réaliser et que c’est juste une question de temps et de rigueur dans la mise en œuvre des actions du ministère. Et c’est pour cela que nous renforcerons nos capacités et le mécanisme de suivi des projets.
Avez-vous un plan pour la relance de la raffinerie d’alumine de Friguia, qui se trouve aux arrêts depuis 4 ans maintenant?
Abdoulaye Magassouba : Nous sommes en discussion avec les partenaires de Rusal pour la reprise des activités de cette raffinerie. Il vous souviendra que l’année dernière, le gouvernement dans les discussions avec les partenaires, a pris une option de réhabilitation de cette usine afin d’accélérer la reprise des activités. Donc, nous continuons à discuter avec les partenaires pour pouvoir s’entendre sur les conditions de cette reprise.
Au regard des défis qui se posent au secteur minier, la relance s’annonce difficile. Comment comptez-vous vous y prendre ?
Abdoulaye Magassouba : Nous comptons relancer le secteur minier à travers la mise en œuvre des cinq axes prioritaires dont je viens de parler. Nous avons déjà commencé le travail. En réalité, la planification que nous formalisons aujourd’hui dans le cadre du séminaire gouvernemental, tous les ministères n’étaient pas couchés sur leur oreiller. Depuis la nomination du gouvernement, il y a beaucoup de choses qui ont été faites. En ce qui concerne en particulier le ministère des mines, vous aviez suivi par voie de presse, que nous avons signé une convention avec la société Bel Air Mining avec le promoteur Alu-fer, nous avons aussi accordé une nouvelle construction à la société des bauxites de Guinée. Nous avons travaillé pour libérer 147 permis miniers qui seront disponibles dès maintenant pour de nouveaux investisseurs. Nous continuons à recevoir tous les jours des investisseurs et accélérer le processus de développement des différents projets miniers en facilitant les processus et en suivant de très près les projets qui sont déjà en activité dans le pays. Tout cela rentre dans le cadre de la relance de l’activité minière. Mais pour garantir et viabiliser cette relance, nous avons besoin d’une administration efficace. C’est pour cela que nous avons validé les résultats d’un audit institutionnel qui a été réalisé pour le secteur dont les recommandations sont en train d’être mise en œuvre pour rendre l’Administration plus efficace. Et cette efficacité va aller encore plus loin dans le cadre de la création du guichet unique qui sera effectué cette année.
A combien se sont élevés les recettes minières en 2015, et quelles sont les perspectives pour cette année?
Abdoulaye Magassouba : Les recettes minières pour l’année 2015 sont aux alentours de 200 et quelques millions de dollars. Mais ce sont des montants qu’on ne prend pas en référence, parce que notre ambition est que, compte tenu de notre potentiel. D’ici quelques années, nous voulons parler en milliard de dollars en termes de recette minière du pays. Au moment où date où je vous parle, si on compare le potentiel par rapport à ce qu’on gagne dans le secteur minier, je pense qu’il y a mieux à faire.
Après avoir annoncé des appels d’offres pour les blocs de bauxite de Boffa abandonnés par BHP Billiton et les blocs 1 et 2 de la mine de fer de Simandou, l’Etat guinéen semble s’être rétracté…
Abdoulaye Magasouba : Je précise que l’Etat guinéen ne s’est pas rétracté. Quand on lance un processus d’appel d’offre international, pour arriver au bout du processus, les candidats ont besoin de venir dans le pays pour faire les vérifications sur le terrain. Dans ces deux cas, les soumissionnaires nous ont fait comprendre qu’il était difficile pour eux de venir en Guinée pendant la période de l’épidémie à virus Ebola, et mettre en œuvre ces diligences-là. Face à cette situation, le gouvernement a décidé de surseoir à la mise en œuvre de ces appels d’offres. Mais je peux vous garantir que ce sont des gisements de haute qualité convoités par des investisseurs à un moment ou à un autre.
Un dernier mot ?
Abdoulaye Magasouba : Tout ce que je peux dire c’est que le président de la République a fait le choix de faire confiance à Mamadi Youla chef du gouvernement qui vient du secteur privé et qui connait donc les réalités de ce secteur, qui est le principal levier de développement. Nous avons opté pour une économie libérale et on peut se développer que par cette voix.
Interview réalisée par Nantènin Traoré
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