Aujourd’hui, de nombreux journalistes se retrouvent au chômage suite au retrait des licences et des fréquences des principaux médias du pays par les autorités de transition. Afin de comprendre la situation de ces employés affectés par cette mesure, notre équipe a rencontré le journaliste Mamadou Alpha Bah, secrétaire de rédaction chez Djoma médias.

Il décrit sa situation actuelle : « Nous vivons des moments extrêmement difficiles. Imaginez un jeune diplômé, luttant ardemment, qui se lève chaque matin en quête du bien-être, et soudain, les autorités décident de plonger des milliers de jeunes dans le chômage. C’est inexplicable, inconcevable pour un pays qui se prétend démocratique et respectueux des droits. Nous, les anciens employés de Djoma, sommes confrontés à une situation précaire. Rien que chez Djoma, nous sommes plus de 500 employés. Djoma Conakry emploie à lui seul plus de 250 personnes, sans compter les 9 antennes régionales comme Labé, Mamou, Boké, Siguiri, Kankan, Faranah, Kissidougou, N’Zérékoré, et d’autres. Nos collègues d’Espace et FIM sont aussi présents partout. Ainsi, ce sont plus de 1000 employés directs qui sont affectés. Parmi eux, il n’y en a pas un qui ne soutient pas au moins trois ou quatre personnes, car beaucoup d’entre nous sont mariés. Si l’on considère les personnes qui dépendent de nous, on peut dire que plus de 10 000 personnes sont impactées. »

« mes économies s’épuisent…je risque de me retrouver dans une situation difficile.

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Ces employés ont dû rentrer chez eux sans aucune indemnité. D’après Mamadou Alpha Bah, c’est grâce à ses économies qu’il parvient à subvenir aux besoins de sa famille.

 « Chaque matin, on se réveillait avec l’idée qu’il fallait aller travailler, même si le salaire était minime. Maintenant que le travail est suspendu, je me demande chaque matin ce que je vais faire, où je vais aller. C’est ma femme qui me conseille de voir mes amis pour ne pas rester cloîtré à la maison, et mon enfant qui me demande : « Papa, tu ne vas pas travailler ? » alors qu’il n’a même pas cinq ans. Il a compris que je ne travaille plus. Mais je reste confiant, car je sais que tout est temporaire, à l’exception du divin. Personne ne peut m’enlever le savoir que j’ai acquis. Ainsi, je peux l’utiliser pour travailler où que j’aille et gagner ma vie. Je ne cherche pas le luxe, mais je suis sûr de pouvoir subvenir aux besoins quotidiens de ma modeste famille. Ma chance et mon destin sont intouchables. En tant que croyant, je considère cela comme une épreuve passagère. Personnellement, je ne suis pas moralement affecté, car c’est la nature de la vie.

Économiser quand on travaille est essentiel, cela me permet de vivre actuellement. Mais si chaque jour je dépense sans gagner, mes économies s’épuisent. Si je ne trouve pas de revenu dans les trois à quatre mois, je risque de me retrouver dans une situation difficile. Mais d’ici là, Dieu veille sur nous, il sait que nous n’avons pas fait de mal au peuple. Il connaît le travail que nous avons accompli. »

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Pour rétablir les médias affectés par le retrait des agréments et des fréquences, Monsieur Bah appelle les organisations de défense des droits humains et Reporters sans frontières à s’engager plus activement.

« Je lance un appel à Reporters sans frontières et aux défenseurs des droits de l’homme pour qu’ils ne restent pas inactifs. Actuellement, certains peuvent dire que la presse est trop bavarde ou trop critique, mais il est essentiel de reconnaître que nos actions visent l’intérêt du peuple de Guinée et le bien-être de la nation », a souligné Mamadou Alpha Bah, rédacteur en chef du groupe Djoma Médias, qui a été fermé par les autorités de transition de la Guinée.

Le récit de Mamadou Alpha Bah illustre les répercussions dévastatrices du retrait des licences des médias en Guinée et souligne l’importance cruciale de protéger la liberté de la presse et le droit des journalistes à exercer leur métier sans crainte ni entrave.

Ibrahima Foulamory Bah pour www.lecourrierdeconakry.com

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