Dans la sous-préfecture de Guéasso, située dans la préfecture de Lola, une crise politique latente s’intensifie entre le sous-préfet et l’ancien maire, menaçant de provoquer des remous au sein de la population. Cette tension semble être le résultat de désaccords profonds entre les deux hommes concernant la gestion locale, avec des répercussions sur la vie quotidienne des habitants.
Le Sous-Préfet accuse l’Ancien Maire
Lors d’une interview accordée récemment à votre quotidien Lecourrierdeconakry.com, le sous-préfet a exprimé ses frustrations, accusant l’ancien maire de saper son autorité en manipulant certains membres influents de la communauté, notamment le président de la délégation spéciale et une partie de la population. Selon le sous-préfet, ces manœuvres visent à créer une fronde contre lui et à ternir son image auprès de sa hiérarchie.
« J’ai des problèmes sérieux à Guéasso, car il n’y a pas de collaboration franche entre les autorités communales (précédentes et actuelles) et moi. Depuis que la délégation spéciale est installée, quand j’appelle le président, il ne décroche pas. Et il ne m’associe à rien. Même quand on leur donne un courrier à partager avec moi, il le garde pour lui. Quant à moi, j’ai toujours rendu compte de ces problèmes à ma hiérarchie, mais rien ne change », déclare le Lieutenant-Colonel Zougou Kolié, sous-préfet de Guéasso.
Il accuse l’ancien maire d’être à l’origine de cette tension entre lui et l’équipe de la délégation spéciale. Selon lui, ce dernier lui en veut pour avoir rejeté une liste qui contenait le nom d’un membre du conseil communal sortant lors de la mise en place de la délégation spéciale. « Ils ont concocté une liste sur laquelle figurait le nom d’un ancien vice-président du conseil communal dissous que j’ai rejetée. Le gouvernement avait précisé qu’aucun ancien membre du bureau sortant ne devait appartenir à la délégation spéciale. Depuis lors, ils sont contre moi. Ils ont même écrit à ma hiérarchie pour demander mon départ, affirmant qu’ils ne veulent plus de moi », a-t-il ajouté.
Des pressions sur la population
Ce conflit aurait même touché les habitants, placés dans une position délicate. Le sous-préfet affirme que ses détracteurs, sous l’impulsion de l’ancien maire, auraient encouragé la population à boycotter toute interaction avec lui. Selon ses dires, il aurait été recommandé aux résidents de Guéasso de ne plus le saluer, sous peine d’une amende.
« Je suis menacé. Ils m’ont outragé jusqu’à interdire à la population de me saluer sous peine d’une amende de 500 000 francs guinéens », a déclaré le sous-préfet.
Réfutation de l’Ancien Maire
L’ancien maire de Guéasso, pour sa part, nie catégoriquement les accusations portées contre lui par le sous-préfet. Il affirme n’avoir jamais cherché à manipuler qui que ce soit, encore moins à orchestrer une campagne de boycott contre un représentant de l’État. Pour Ibrahima Diabaty, ces allégations sont infondées et relèvent d’une tentative de détourner l’attention des véritables problèmes de gestion rencontrés par la localité.
« Je n’y suis pour rien, il m’accuse à tort. C’est sa conduite qui n’est pas acceptable auprès de la population. Même le cabinet du préfet de Lola est au courant de ce qui se passe. Donc, s’il se fait humilier par la population, je n’en suis pas responsable. Mais lui, pour tout ce qui lui arrive, c’est moi qui suis derrière. J’ai même peur de lui », s’est défendu l’ancien maire de Guéasso.
Gestion des conflits entre éleveurs et agriculteurs
La sous-préfecture de Guéasso est le principal foyer de tensions entre éleveurs et agriculteurs dans la préfecture de Lola, selon les autorités. La gestion de ces conflits récurrents constitue donc un sujet épineux pour les autorités locales. Le sous-préfet et l’ancien maire ne s’accordent pas sur les mesures à adopter pour résoudre cette situation. Le sous-préfet, qui dit recevoir de nombreuses plaintes d’agriculteurs, accuse « l’ancien maire et son clan » de saboter ses efforts visant à rétablir les droits des agriculteurs.
« Dès ma prise de fonction ici, j’ai tenu une réunion avec les éleveurs. Je leur ai dit que lorsque leurs bœufs ravagent les cultures des gens, ils doivent dédommager les victimes selon le constat des agents techniques, et ce, dans un délai d’une semaine. Mais ils ne le font pas. J’ai fait arrêter un éleveur ici dont les bœufs avaient ravagé le champ de riz d’un citoyen dans un village. C’est l’ancien maire qui est intervenu pour le faire libérer, alors que je voulais le contraindre à dédommager l’homme dont le champ avait été détruit. Si cela continue, les agriculteurs n’auront d’autre choix que de se soulever », prévient-il.
Une « allégation » rejetée par l’ancien maire Ibrahima Diabaty Doré. Pour lui, le sous-préfet cherche à se cacher derrière ces accusations infondées pour dissimuler ses propres lacunes.
« Il y a des services compétents nommés par le gouvernement pour gérer les conflits entre éleveurs et agriculteurs. Je n’ai jamais libéré qui que ce soit. D’ailleurs, en vertu de quoi le ferais-je ? Je ne me mêle pas de cela. Ce sont les politiciens qui se servent de ces conflits pour se faire passer pour les porte-paroles de la population face aux éleveurs », a-t-il lancé.
Un conflit qui divise Guéasso
Ce conflit dépasse désormais une simple querelle politique entre deux hommes. Il affecte l’ensemble de la communauté, avec une population prise en otage dans un jeu d’influences qui pourrait nuire à la stabilité de la localité. D’un côté, certains résidents semblent soutenir le sous-préfet, affirmant que ses actions visent à remettre de l’ordre et à améliorer la gouvernance locale. D’autres, en revanche, estiment que l’ancien maire, fort de son expérience et de sa connaissance des réalités locales, devrait être écouté pour éviter des décisions potentiellement néfastes pour Guéasso.
Il est donc essentiel que ce conflit trouve une issue rapide et pacifique, car il risque de compromettre la cohésion sociale de la localité. La question reste de savoir si une médiation externe sera nécessaire pour rétablir la communication entre les parties et calmer les esprits.
Pour l’instant, la situation demeure tendue, et les habitants de Guéasso espèrent une solution rapide pour restaurer la sérénité au sein de leur communauté.
Mamady 2 Camara, correspondant à N’zérékoré
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