A l’occasion du lancement de la campagne de sensibilisation couplée au dépistage gratuit des maladies rénales chroniques en milieu militaire et civil, qui a eu lieu ce lundi 28 octobre au camp Samory Touré, un reporter du Courrier de Conakry a rencontré le Pr. Alpha Oumar Bah, Chef de service de Néphrologie de l’hôpital national de Donka.
Dans cet entretien, le néphrologue évoque le dépistage et prodigue de précieux conseils à la population afin d’éviter les maladies rénales.
Vous avez pris part au lancement de cette campagne de sensibilisation. Parlez nous un peu des maladies rénales ?
Les maladies rénales sont des maladies silencieuses. C’est à un stade avancé que les signes commencent à apparaître. Quand les signes apparaissent, la maladie devient irréversible. Or, si on dépiste la maladie trop tôt, on peut ralentir l’évolution de la maladie.
Comment se fera le dépistage ?
Le dépistage est gratuit. Il consiste à faire un examen d’urine pour rechercher les protéines, le sang, les infections dans les urines. Ensuite, on mesure la pression artérielle, on pèse le patient, on mesure sa taille pour calculer l’indice de masse corporelle.
Pour éviter l’insuffisance rénale, quels conseils pouvez-vous donner aux guinéens ?
Je conseillerai à la population les mesures suivantes : il faut bien contrôler sa tension artérielle ; (il ne faut pas rester avec des chiffres très élevés) ; il faut contrôler son diabète, contrôler la glycémie ; il faut éviter le tabac ; il faut éviter la sédentarité (marcher et bouger beaucoup) ; il faut éviter les médicaments qui sont toxiques pour les reins qui peuvent être toxiques pour d’autres organes ; il faut boire suffisamment d’eau pour avoir au moins un litre ou un litre et demi d’urine par jour. Donc, il faut boire deux litres d’eau par jour parce qu’il y a la transpiration. Il y a cette eau qui s’évapore dans la transpiration.
Peut-on avoir une idée sur le nombre de patients atteints de maladie d’insuffisance rénale ?
Dans notre service de Néphrologie à l’hôpital Donka, 62% des patients sont atteints d’insuffisance rénale.
On avait mené une enquête au sein de la population militaire. Sur 1025 militaires enquêtés, on a 222 cas d’hypertensions artérielles qui ont été notés. Sur ces 222, c’est seulement 65 qui se connaissent hypertendus. Donc, s’ils n’étaient dépistés et suivis, c’est sûr, après quelques années, c’est l’insuffisance rénale qui allait s’installer. Le traitement serait très difficile et très coûteux.
Propos recueillis par Ibrahima Soya