La tenue du procès du massacre du 28 septembre de 2009 avance à grands pas. Les autorités de la transition qui en ont fait une priorité, veulent que les audiences démarrent avant la fin de ce mois de septembre. La justice guinéenne suivie de près par la Cour Pénale Internationale s’active pour respecter cet engagement.

Mais à quelques jours de la date annoncée (le 26 septembre), l’opinion se demande pourquoi l’ancien ministre de la défense, Général Sékouba Konaté n’est pas parmi les inculpés ? Pourtant, le numéro 3 du Comité national pour le développement et la démocratie (CNDD) était un des hommes influents du pouvoir de l’époque. Pour beaucoup, en tant que responsable de l’armée guinéenne, c’est inadmissible qu’il soit innocent dans cette affaire.  L’on estime que ce sont ses hommes qui sont allés faire le massacre en 2009 au vieux stade de Conakry, où plus de 150 personnes ont été assassinées et une centaine de femmes violées en plein jour. Lors d’une manifestation des forces vives de la nation contre la candidature de Dadis Camara aux élections présidentielles de 2010.

Excepté Général Konaté, pratiquement tous les militaires qui occupaient des postes stratégiques en 2009 sont dans le viseur de la justice. Parmi eux, il y a : le président de la junte de 2009, le capitaine Moussa Dadis Camara, le numéro du CNDD, Mamadouba Toto Camara et le Moussa Tiegboro Camara…

D’ailleurs, après la publication de la liste des inculpés, plusieurs victimes ont porté plainte contre Général Sékouba Konaté. Mais cette plainte est jugée non recevable. Malgré la commission rogatoire Konaté n’a pas été entendu par les juges ni inculpé dans l’affaire du 28 septembre.

Pour certaines indiscrétions, la non inculpation de Sékouba Konaté serait l’une des promesses de la communauté internationale pour convaincre le président de la transition de 2010 de ne pas se maintenir au pouvoir. Mais d’organiser vite les élections et partir paisiblement loin du pays, sans qu’il soit inquiété par la justice. Ainsi, depuis l’avènement du Pr. Alpha Condé à la magistrature suprême, Sékouba Konaté vit à l’étranger. C’est suite à l’arrivée du Colonel Doumbouya, que le Général Konaté a fait son retour à Conakry avant de repartir.

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Contrairement aux autres anciens membres du CNDD, le dossier de Sékouba est un cas très particulier. Il bénéficierait des faveurs de la justice guinéenne et de la communauté internationale qui a longtemps mis la pression pour la tenue de ce procès. A défaut d’être inculpé, Général Konaté peut participer à ce procès en tant que témoin apprend-on.

Le Courrier de Conakry vous propose ci-dessous la liste des inculpés dans l’affaire du 28 septembre, publiée chez nos confrères d’Africa Guinée.

Le capitaine Moussa Dadis Camara, officier du Bataillon des Troupes Aéroportées (BATA), une unité d’élite de l’armée guinéenne. Il s’est emparé du Pouvoir en décembre 2008, à la mort du Général Lansana Conté, avec un groupe d’officiers de l’armée. Il a été inculpé en 2015 après avoir annoncé sa candidature à la présidentielle de la même année et noué une alliance politique tonitruante avec Cellou Dalein Diallo, adversaire redoutable d’Alpha Condé, qui à l’époque briguait un second mandat.

Le Commandant Aboubakar Sidiki Diakité, alias Toumba, ex aide de camp de Moussa Dadis Camara. Médecin militaire, on lui prête une maîtrise parfaite des arts martiaux. Le 03 décembre 2009, il avait ouvert le feu sur M. Camara, précipitant la chute de ce dernier, contraint à un exil forcé de onze années durant. Après des années de cavale, il a été rattrapé à Dakar, (Sénégal) puis extradé vers la Guinée.  Il est détenu depuis mars 2017, à la maison centrale.

Le Colonel Moussa Tiégboro Camara, gendarme, mis en cause par le rapport de la commission d’enquête internationale des Nations unies. Au moment des faits, il était ministre chargé de la lutte contre la drogue et le grand banditisme. Malgré son statut d’inculpé (depuis 2012), il a longtemps bénéficié de la confiance d’Alpha Condé qui l’a nommé Secrétaire Général à la Présidence en charge des services spéciaux. Il a été limogé après la chute d’Alpha Condé. Début septembre, il a été empêché de sortir du territoire national. Motif invoqué, un contrôle judiciaire en vigueur depuis son inculpation.

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Dans le même sillage, il faut citer le Colonel Abdoulaye Cherif Diaby. Au moment des faits, il était ministre de la Santé et de l’hygiène publique. Inculpé 2012, le cas de cet officier est emblématique. Médecin militaire de son état, il aurait empêché nombreuses victimes qui affluaient vers l’hôpital Donka, d’être pris en charge par les médecins.

Le lieutenant-colonel Moussa Keita, gendarme. Il est connu à travers une phrase devenue tristement célèbre : « Dadis ou la mort ».  C’était une figure importante de la junte. Lors des faits, il était secrétaire permanent du CNDD.

Sur cette liste, il faut ajouter le Colonel Claude Pivi, alias Coplan. En 2009, il était chargé de la sécurité présidentielle. A l’arrivée d’Alpha Condé au Pouvoir, il avait occupé un poste similaire avec rang de ministre, avant de tomber en « disgrâce » quelques mois plus tard.

Feu, le Général Mamadouba Toto Camara, ex numéro 2 du CNDD (comité national pour la démocratie et le développement). Il est décédé en août 2021, éteignant l’action publique contre lui.

Les autres inculpés sont moins connus du grand public. Il s’agit du lieutenant-colonel Blaise Guemou, gendarme, Ibrahima Camara alias Kalonzo, gendarme, le Lieutenant Marcel Guilavogui, militaire de l’armée de terre, neveu de Dadis Camara, détenu à la maison centrale de Conakry depuis 2010, l’Adjudant Cécé Raphaël Haba, lui aussi détenu depuis 2010, Alpha Amadou Balde, gendarme brillant informaticien, lui aussi en détention, Paul Mansa Guilavogui.

Ibrahima Bah

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