Le diabète est une pandémie mondiale qui touche plus de 20 % de personnes en Guinée. Enfants, adultes ou personnes âgées, personne n’est épargnée par la maladie quel que soit le statut. Et pour accompagner autorités et patients dans cette lutte, l’équipe des jeunes leaders diabétiques de Guinée intervient au niveau des hôpitaux à travers différentes actions pour informer et sensibiliser les patients atteints de diabète. Entretien avec Bilguissa Baldé, présidente de l’équipe des jeunes leaders diabétiques de Guinée et mentor au sein de la Fédération internationale de diabète.
Lecourrierdeconakry.com : Depuis quand existe l’association ?
Bilguissa Baldé : Notre association est créée depuis 2009 et nous évoluons dans le domaine de la santé. C’est une association formée par les jeunes diabétiques eux-mêmes et qui font beaucoup d’activités dans le pays en général, à savoir dans l’éducation thérapeutique dans la sensibilisation, le sport, disons dans des secteurs divers.
Quel était l’objectif en créant votre association ?
On se disait, étant une personne atteinte de diabète et ayant de l’expérience, il vaut mieux aider les autres qui sont déjà nouveaux et prévenir ceux qui n’ont pas la maladie également. Parce qu’aujourd’hui, le diabète est devenu un problème mondial et ce problème mondial n’arrête pas de prendre de l’ampleur dans ce monde. Et mieux vaut prévenir que guérir.
Comment adhérer à l’association ?
Il y a des critères. Premièrement, il faut être diabétique parce qu’il faut être dans l’esprit de ceux qui sont déjà membres. Deuxièmement, il faut que tu sois dans le programme CDC parce que nous prenons souvent les jeunes qui sont membres et qui sont dans le programme de suivi. Là, ils sont suivis tous les jours, chaque fin du mois à l’hôpital.
Concrètement, comment se traduit le soutien que vous apportez aux diabétiques ?
Le soutien premier que nous faisons, c’est le fait de venir vers le patient qui est déjà en état de tristesse à l’annonce de son état de diabétique, se présenter comme étant un pair comme lui, le soutenir moralement et l’aider à comprendre son diabète.
Ensuite, nous assistons ces personnes pour beaucoup de choses. Il y a certains qui arrêtent de venir sur la plateforme pendant des mois, des années. Et puisque nous avons les renseignements, nous nous dirigeons avec tout ça pour aller les rechercher dans les différentes familles. Et nous appelons même ceux qui ne sont pas dans le programme. S’ils découvrent qu’ils sont diabétiques, de venir à l’hôpital pour demander où est la structure qui fait la prise en charge des enfants diabétique, parce que ça existe.
A l’hôpital, chaque mois on vient demander où sont les nouveaux malades. Ils nous fournissent leurs contacts et nous on entre en contact avec eux pour qu’ils adhèrent à l’association. Mais qu’ils adhèrent ou pas, nous notre rôle, c’est d’aider toute personne dans le besoin côté diabète.
Dans la mise en œuvre de vos actions, quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?
Souvent, on rencontre des difficultés qui sont liées au financement. Et deuxièmement, certaines autorités ne donnent pas accès à certaines places publiques. Je me rappelle du 2 octobre 2021, quand j’ai été au jardin pour négocier, afin de nous permettre de mener une activité sportive. Ils m’ont dit carrément il faut payer de l’argent. Et je me suis dit étant une personne comme ça dans le besoin, nous avons déjà des dépenses à faire parce qu’il y’a une prise en charge coté médicaments à faire et beaucoup d’autres choses à faire dans la prise en charge du diabète. Et si on vient vers vous en tant qu’autorité, nous permettre d’avoir même si c’est 2h de divertissement, on nous refuse. Je pense que ça, ça ne se doit pas. Et même dans les Blue zones, on a eu ces difficultés. Mais heureusement, on a pu régler ses problèmes avec beaucoup de choses.
Quel type de plaidoyer vous portez donc suite à tout cela ?
Nous faisons des plaidoyers à chaque fois que l’occasion se présente. Que ce soit au ministère du sport, au ministère de l’enseignement supérieur, de la santé, je demande souvent qu’on nous accompagne dans la prise en charge. Parce qu’il y a des moments, on est pris en charge par des ONG à l’international. Et on se dit, il y a des manques d’insuline. Nous demandons souvent dans nos plaidoyers de nous accompagner.
Que demandez vous à l’Etat, mais aussi aux populations pour éviter ou minimiser les risques de diabète ?
Une personne sur onze aujourd’hui vit de diabète, et ils ne connaissent pas leur statut sanitaire. Donc le premier conseil, c’est de dire aux personnes de se faire consulter à chaque fois qu’ils sont à l’hôpital et qu’ils ont l’occasion Demandez qu’on vous fasse une glycémie pour connaître votre état de santé parce que vous pouvez avoir le diabète sans qu’il y ait des signes.
Je conseille aux gens de faire attention à l’alimentation. Mangeons naturel, évitons tout ce qui est boîte de conserve, les aliments transformés au maximum. Pourquoi ? Il y a trop de sel dans les charcuteries le plus souvent, trop de sucre et trop d’huile. Et à partir du moment où ces éléments sont trop sucrés, trop salés, c’est qu’il y a une augmentation soit du taux de cholestérol, soit du taux de la glycémie. Si c’est la glycémie qui est élevé, le diabète est déclenché parce qu’il y a déjà une mauvaise alimentation et l’excès de poids. Et cet excès de poids fait de sorte à ce que ces patients tombent dans le panneau de l’hypertension et du diabète, parce que c’est des maladies frères et sœurs. Donc, je demande à tout un chacun de veiller à sa santé. Au minimum chaque trois à six mois, faites une consultation. Deuxièmement, mangez moins gras, moins salé, moins sucré. Pratiquez une activité physique, que ce soit de la marche même si c’est quinze minutes par jour. Ça c’est mon conseil à la population.
Aux jeunes diabétiques ou toute personne qui a le diabète, le diabète n’est pas mortel. On ne peut pas mourir d’une maladie telle que le diabète si vraiment ce n’est pas un fait de Dieu. Tenez bon, écoutez les spécialistes et informez-vous de comment vivre sans avoir des complications. Sachez que nous sommes là pour vous accompagner. Il y a une plateforme. Dès que vous êtes dans les structures, demandez au service de diabète s’il y a une association pour vous aider. Ils vont vous guider.
Au gouvernement, nous leur demandons juste une prise en charge de tous les diabétiques, parce qu’il y a des pays qui prennent en charge des enfants. Qu’est ce qui empêche la Guinée de faire pareil ? Un flacon d’insuline ne dépasse même pas les 30 €. Je pense que chaque citoyen ou chaque membre du gouvernement peut en acheter pour un enfant diabétique et ainsi lui sauver la vie. Nous demandons donc de nous accompagner dans la prise en charge, qu’on n’attende pas tout de l’étranger.
Propos recueillis par Elisabeth Zézé Guilavogui