Malgré des multiples sensibilisations pour arrêter les mutilations génitales féminines à N’Zérékoré, le phénomène perdure toujours et a pris de l’ampleur pendant ces périodes de vacance. Face à cette situation, les ONG de défense des droits de la femme tire la sonnette d’alarme et accusent les autorités, a appris surplace Lecourrierdeconakry.com.
Selon les dernières études, le taux de la pratique de l’excision en Guinée est de 97%. Soit le deuxième pays dans le monde après la Somalie. A N’Zérékoré le phénomène se pratique à 86%. Des statistiques qui démontrent combien de fois cette pratique persiste. Pourtant, plusieurs ONG humanitaires sont engagées dans la lutte contre les MGF.
‹‹ Pendant les vacances, des camps s’ouvrent un peu partout. Ils prennent des enfants n’importe comment pour les exciser. Récemment, j’ai même appris que la fille d’un policier a été prise de force. Je me disais qu’il allait avoir une action concrète cette fois-ci. Mais jusque-là rien n’est fait. Nous, nous sensibilisons, mais les femmes elles-mêmes ne comprennent pas. Il y’a même des femmes qui travaillent à l’hôpital qui sont impliquées dans cette histoire. Ce sont elles qui vont soigner les enfants dans les camps d’excision ›› déplore Hélène Zogbélémou, président de l’ONG Humanitaire pour la Protection des Droits de l’Enfant et de la Femme.
Pourtant selon les juristes, l’excision est formellement interdite par les textes de lois guinéens. Et les sanctions sont prévues contre les auteurs.
« Que ça soit par des méthodes traditionnelles ou moderne, le MFG sont interdites par la loi. Quiconque la pratique ou favorise doit s’exposer à des sanctions. Et le code pénal dit que si l’acte est avéré, l’emprisonnement va de 16 jours à 2 ans, et l’amende de 500 000 à 2 000 000 de francs guinéens » indique Mamadou Dian Bora Diallo procureur du tribunal de première instance de N’Zérékoré.
Malgré cette interdiction, les mutilations génitales féminines se pratiquent à ciel ouvert au vu et au su des autorités administratives et judiciaires de N’Zérékoré qui n’engage aucune action concrète contre le phénomène.
‹‹ Aucune implication que ça soit administratives ou judiciaires, nous ne voyons rien. En 2016, le gouverneur partant, Lancéï Condé avait une déclaration interdisant les MGF. Mais qu’il ne parte, il y a eu des camps d’excision, aucune exciseuse n’a été inquiétée. Et jusqu’à maintenant, c’est la même chose ›› accuse Hélène Zogbélémou.
Selon le procureur, des patrouilles seront engagés bientôt pour traquer les initiateurs de cette pratique qu’il qualifie de crime.
« A partir de la semaine prochaine, je vais donner des instructions fermes aux services de police et de gendarmerie pour sillonner la ville. Toute personne qui sera prise ne sera entendu et jugée selon les dispositions de la loi ›› menace Mamadou Dian Bora Diallo.
Mamady 2 Camara, correspondant à N’Zérékoré