La grâce présidentielle accordée au Capitaine Moussa Dadis Camara continue de susciter des réactions à travers le pays, notamment au sein des hommes de droit. C’est le cas de Me Théodore Loua qui estime que toutes les conditions n’étaient pas réunies pour légitimer cette grâce présidentielle. Il l’a fait savoir dans une interview qu’il a accordée à notre correspondant basé à N’zérékoré.
D’abord, Maître Michel Théodore Loua exprime sa joie de voir le Capitaine Moussa Dadis Camara sortir de prison. Car pour lui, une personne privée de sa liberté perd une partie de sa vie.
« Ma première réaction, c’est celle de la joie. Je me mets à la place de Moussa Dadis Camara. Car une personne privée de sa liberté se sent mutilée d’une partie de sa vie. Mais j’estime que cette joie doit être étendue à ses codétenus, dès l’instant que tous ceux-ci ont été condamnés pour les mêmes faits », a déclaré Me Théodore Michel Loua.
Cependant, en faisant une analyse juridique, l’homme en robe noire indique que cette grâce présidentielle accordée au Capitaine Moussa Dadis Camara n’a pas respecté toutes les procédures en la matière, telles que définies par le code pénal guinéen.
« Selon l’article 170 du code pénal guinéen, la grâce présidentielle est une dispense d’exécution de la peine accordée par le Président de la République au condamné frappé d’une condamnation définitive et exécutoire. Donc, pour qu’une grâce soit accordée, il faut que la condamnation soit définitive et exécutoire. C’est-à-dire que la condamnation ne doit souffrir d’aucun recours devant les juridictions. Ce qui n’était pas le cas pour le capitaine Dadis », a expliqué Me Loua.
Selon lui, du moment où les avocats de Dadis ont déposé des recours au niveau de la Cour d’appel, il fallait attendre que cette cour finisse d’examiner ces recours.
En revanche, il estime que cette situation ne constitue pas un cas d’impunité. « On ne peut pas assimiler cela à un cas d’impunité. L’impunité, c’est quand la justice refuse de se prononcer sur un cas, comme c’est le cas pour le dossier du drame du 1er décembre 2024 où le parquet de N’zérékoré a refusé de donner une suite à la plainte des victimes. Mais une fois que l’affaire a été jugée, que des gens ont été condamnés et que le gouvernement s’est engagé à indemniser les victimes, on ne peut plus parler d’impunité », a-t-il soutenu.
À la question de savoir quelles sont les voies de recours pour annuler cette grâce, Maître Théodore affirme que seul le procureur général a le pouvoir d’attaquer une grâce présidentielle en évoquant des manquements qu’il constate.
Pendant ce temps, certaines personnes continuent de penser que cette grâce présidentielle est une manœuvre politique afin d’obtenir l’adhésion des parents de Dadis. Un avis que Me Théodore ne réfute pas. « L’artiste Élie Kamano a dit que ce procès visait à manipuler Dadis et ses parents. C’est-à-dire, le juger, le condamner, et le gracier après pour avoir l’adhésion de sa communauté. Et je trouve que cette analyse est pertinente. Vu comment les choses se sont déroulées, on peut penser ainsi. » , a-t-il indiqué.
Mamady 2 Camara, depuis N’zérékoré