Mercredi 8 novembre 2017, les équipes de l’Organisme des Nations Unies chargé des migrations – OIM Guinée – étaient à l’aéroport de Conakry-Gbessia pour accueillir 243 migrants guinéens de retour de Libye. Le vol spécial, affrété par l’OIM Libye, a atterri aux alentours de 2h30 du matin ; parmi les passagers, 8 mineurs vulnérables, 10 femmes dont une mère avec ses 4 enfants, et 1 cas médical. Ce dernier a été pris en charge dès son arrivée par une équipe de médecins. C’est le second vol de cette importance depuis début novembre (le 1er novembre, 247 migrants guinéens avaient déjà regagné Conakry).
L’OIM Libye a effectué des entrevues avant départ et des examens médicaux. L’Ambassade de Guinée à Tripoli a facilité leur identification et l’obtention des documents de voyage. Les migrants de ce vol ont été enregistrés dans les Centres de détention de Trig al Matar et Tajoura, dans la région de Tripoli.
Les équipes de l’OIM Guinée, du SENAH (Service National des Affaires Humanitaire), de la Croix rouge, des représentants du Ministère des Guinéens de l’Étranger et du Ministère de l’Action Sociale étaient à l’aéroport pour les accueillir. Les migrants retournés ont été pris en charge par l’OIM Guinée qui leur a fourni un kit comprenant des effets de toilette, ainsi que de quoi se restaurer. L’OIM a procédé ensuite à leur enregistrement et à leur profilage. Ces données, une fois analysées, permettront à l’OIM de mieux saisir le profil des migrants irréguliers, d’en savoir plus sur les raisons de leur départ, leur parcours migratoire et leurs conditions de séjour en Libye.
Après cette étape de profilage, l’OIM a remis à chaque migrant une enveloppe d’un équivalent de 50€, comme frais de prise en charge de leurs besoins immédiats (y compris le transport), en attendant d’étudier leur cas et ainsi pouvoir leur faire des propositions alternatives, pour assurer leur réintégration durable en Guinée, et ce dans les trois mois suivant leur arrivée, dans le cadre du programme de « Renforcement de la gouvernance des migrations et de support à la réintégration durable des migrants en République de Guinée » financé par le fonds fiduciaire de l’Union européenne.
Un soutien psycho-social a été apporté dès l’aéroport aux migrants vulnérables à travers des entretiens individualisés réalisés conjointement par l’OIM et le Ministère de l’Action Sociale. Les migrants retournés résidants à Conakry ont pu rentrer directement chez eux, les autres, originaires des différentes régions de Guinée, ont été hébergés pour une nuitée par le SENAH au Centre de transit de Matam. Ils pourront ensuite rejoindre leur destination finale.
Parmi les migrants de retour, Seydou*, originaire de N’zérékoré. Il se présente avec une blessure à la main. Il explique qu’il était détenu par des bandits à Sabratha (ville côtière à 70km à l’ouest de Tripoli) dans une prison privée. Lors de la libération du camp par les forces gouvernementales, il a fuit ne sachant pas qui donnait l’assaut. En chutant, un morceau de bois lui a perforé la main. Après le transfert des migrants libérés à Tripoli dans les centres administrés par l’État libyen, il a été pris en charge par l’OIM qui s’est occupée de le faire hospitaliser dans une clinique afin d’y être opéré. Aujourd’hui il va mieux, soulagé d’être de retour en Guinée. Il doit se faire retirer les points de sutures d’ici quelques jours.
Le vol arrivé mercredi est le 9e organisé par l’OIM pour les migrants guinéens venant de Libye depuis début 2017. Il s’ajoute aux retours en provenance d’autres pays (Bénin, Cameroun, Égypte, Maroc, Niger, etc.). En tout, depuis janvier, 2 682 migrants guinéens, dont 5% de mineurs, ont pu rentrer en Guinée grâce à l’aide de l’OIM.
* Son nom a été modifié pour protéger sa vie privée.
Pour rappel, le projet de « Renforcement de la gouvernance des migrations et de support à la réintégration des migrants en République de Guinée » est un projet issu d’une initiative conjointe entre l’OIM et le Fonds Fiduciaire de l’Union européenne. Lancé en avril 2017 et d’une durée de 3 ans, il couvre 6 régions administratives de la Guinée : Conakry, Boké, Mamou, Labé, Kankan et N’Zérékoré. Dans le cadre de ce projet, l’OIM Guinée assiste les migrants retournés, selon leur profil et leurs besoins, rendant possible la création d’une petite entreprise, l’implication dans une initiative entrepreneuriale collective et/ou communautaire, ou le suivi d’une formation professionnelle.
Source: OIM