La récente sortie médiatique du ministre de la Jeunesse, des Sports et de l’Emploi, Keamou Bogola Haba, sur la situation des jeunes filles en région forestière continue de faire réagir. Si certains reconnaissent son intention de dénoncer la déscolarisation des jeunes filles, le mariage précoce et forcé d’autres estiment qu’il a franchi une ligne rouge en abordant la question de la virginité d’une manière jugée inappropriée et stigmatisant.
Parmi les voix qui s’élèvent contre le discours du ministre, Oumou Hawa Diallo et Batrou Cissoko, militantes engagées pour les droits des filles et des femmes en Guinée. Elles dénoncent une erreur de communication qui pourrait qui selon elles, nuire aux efforts de sensibilisation sur les droits des jeunes filles.
« Le ministre a bien fait de dénoncer le mariage précoce et forcé, ainsi que la déscolarisation des jeunes filles, qui sont des entraves majeures à leur épanouissement. Mais en abordant la question de la virginité, il est allé trop loin. Ce sujet est une construction sociale qui ne devrait pas être utilisée pour juger la valeur ou l’intégrité d’une fille ou d’une femme », déclare Oumou Hawa Diallo.
Poursuivant, elle insiste sur la nécessité de déconstruire ces stéréotypes qui, selon elle, renforcent les normes patriarcales et réduisent les femmes à leur sexualité plutôt qu’à leurs compétences et aspirations.
« En tant que ministre, son rôle est de promouvoir la santé sexuelle et reproductive, de sensibiliser les jeunes sur leurs droits et de poser des actes concrets en faveur des filles et des femmes », ajoute-t-elle.
De son côté, Batrou Cissoko, présidente de l’ONG Action des Femmes et Filles de Guinée, affirme que les propos du ministre ont heurté de nombreuses personnes, notamment en région forestière, où la question de la virginité est perçue différemment.
« La virginité est considérée comme sacrée dans nos sociétés, et c’est un sujet délicat à aborder en public. Le ministre a commis une erreur de communication qui a suscité de vives réactions, notamment à N’Zérékoré. Beaucoup de parents se sont sentis offensés par ses propos », souligne-t-elle.
Elle pointe également du doigt le manque de rigueur dans la prise de parole du ministre. « La communication, ce n’est pas parler à la volée. Un sujet aussi sensible doit être traité avec professionnalisme et nuance. Il aurait pu éviter cette polémique en adoptant une approche plus réfléchie et pédagogique. »
Les militantes insistent sur l’urgence d’un dialogue inclusif et respectueux, afin de sensibiliser la société sur les droits fondamentaux des jeunes filles, sans pour autant heurter les sensibilités culturelles.
Foulamory Bah pour lecourrierdeconakry.com