A l’instar des récentes décisions du Chef de la junte, Colonel Mamadi Doumbouya, son décret portant sur l’interdiction de l’importation, commercialisation et de l’utilisation des filets monofilaments à Nylon dans la pêche artisanale est loin de faire l’unanimité.
Du côté dedu Port de Boulinet à Kaloum, une bonne partie des artisans de la pêche artisanale ont mal accueilli cette décision du président de la transition. ÉtanP donné que pratiquement tous les pêcheurs artisanaux n’utilisent que le monofilament à Nylon, son interdiction présenterait d’énormes conséquences. En plus d’impacter la productivité des pêcheurs, la décision de l’homme du 5 septembre risque de provoquer une pénurie de poissons sur le marché guinéen, apprend-t-on.
Suite à ce décret, un reporter de votre quotient en ligne, Le Courrier de Conakry, s’est rendu au port de pêche de Boulbinet pour recueillir l’avis des pêcheurs.
Alsény Sylla que nous avons trouvé en train de s’apprêter pour aller à la pêche explique : « La pêche artisanale c’est ce monfilament à Nylon, ce qui permet d’approvisionner facilement le marché guinéen en poisson. Car à chaque fois que nous venons de pêche, on trouve les femmes au port ici pour acheter et ravitailler les différents marchés. Si l’État interdit ce filet, cela risque de provoquer une pénurie de poisson et ça va beaucoup nous fatiguer. Puis que, c’est en travaillant avec ça, qu’on peut subvenir aux besoins de nos familles. Quand tu vois que les gens utilisent beaucoup ce filet, c’est à cause du prix qui est moins cher et qui est très rentable. Par contre le filet à coton coûte très cher et des fois on a des problèmes avec les propriétaires de bateaux. Normalement avant de prendre une telle décision, l’Etat aurait dû consulter les pécheurs pour mieux connaître les réalités du secteur. Je pense qu’il faut trouver une autre solution, sinon ça risque d’être très grave pour nous les pécheurs et pour la population qui aura du mal à trouver du poisson ».
Pour sa part, Ibrahima Sory Traoré, un des responsables de ce port, indique que ce n’est pas la première fois que l’Etat interdit le filet à Nylon, mais assure qu’à cause du nombre de personnes qui l’utilise, ça sera très compliqué de mettre fin à cette pratique.
« Ce n’est pas la première fois qu’on interdit ce filet, cela date depuis le temps du président Lansana Conté. C’était interdit dans plusieurs pays de la sous-région. Après quelque temps presque chacun a repris. Au temps d’Alpha Condé, il y a eu un sondage dans tous les ports du pays. Selon les résultats de cette enquête, 97% des pêcheurs artisanaux utilisent ce filet à Nylon. Ce n’est pas du tout facile de mettre fin à cette pratique. Il faut d’abord interdire aux commerçants de l’importer. Secondo, il faut une mesure d’accompagnement des pêcheurs à travers le recensement de toutes les personnes qui utilisent ce filet ».
Quant au Coordinateur national des débarcadères de Guinée, Fanyawa Soumah, il soutient la décision des nouvelles autorités du pays et sollicite un accompagnement de l’Etat à travers l’approvisionnement massif des filets à coton.
« Nous, nous sommes des pécheurs, tout ce que l’Etat décide c’est bon. Mais, on a juste besoin de filets à coton, il faut qu’on nous envoie ça. Nous sommes d’accord avec l’interdiction des filets monofilaments mais, il faut qu’on nous aide à avoir le coton. Nous comptons mobiliser les pêcheurs du port de Boulbinet pour les sensibiliser à se soumettre aux décisions du président du CNRD, Colonel Mamadi Doumbouya. »
Il faut signaler que malgré tout, les pêcheurs sont conscients des conséquences néfastes de l’utilisation des filets monofilaments à Nylon qui peuvent rester dans l’eau pendant des décennies sans pourrir.
Néanmoins ils espèrent que l’Etat leur offrira des mesures d’accompagnement leur permettant de remplacer le nylon par le coton qui est recommandé par les autorités.
Ibrahima Bah