Le débat autour du rôle et de la responsabilité des dirigeants des régies financières en Guinée se pose avec une acuité grandissante. Les nombreux scandales de mauvaise gestion et de corruption, largement relayés par l’opinion publique, illustrent l’urgence d’une refondation profonde du secteur. Il ne s’agit pas d’une simple reforme technique, mais d’un changement de paradigme, fondé sur l’éthique, la compétence et le sens du service public.

I. Des profils au service du public

Au cœur de la question se trouve la problématique des profils à la tête de nos régies financières : Quel président du conseil d’administration (PCA) et quels membres du conseil d’administration (CA) voulons-nous ? Historiquement, certains dirigeants, motivés par la seule quête du gain personnel, ont fait preuve d’un manque de rigueur et de transparence. Or, exercer de telles fonctions impose de se mettre au service de l’intérêt général : cela demande une intégrité à toute épreuve, une vision claire des objectifs à long terme et une volonté réelle de rendre compte au public.

Dans une Guinée en quête de stabilité, la compétence ne peut se résumer à de simples connaissances administratives ou financières. C’est l’engagement citoyen, la capacité à innover et à résister aux pressions politiques ou clientélistes qui doivent primer. Cela implique également une formation continue, pour s’aligner sur les standards internationaux de gouvernance financière et répondre aux exigences croissantes de transparence.

II. La nécessité d’un contrôle effectif

Dire que « l’argent est doux » est un constat bien ancré dans la réalité. Cependant, lorsqu’on occupe de hautes fonctions au sein d’une régie financière, la tentation de l’enrichissement rapide est d’autant plus forte. Il appartient donc aux organes de contrôle, qu’il s’agisse des inspections internes ou des juridictions compétentes, d’exercer une surveillance rigoureuse et indépendante.

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Au-delà des institutions officielles, la société civile et les médias jouent un rôle majeur dans la promotion de la redevabilité. Par leurs investigations et leurs campagnes de sensibilisation, ils peuvent alerter sur les dérives, exigeant ainsi des comptes de la part de ceux qui gèrent les fonds publics. La crainte de finir en prison, évoquée dans certains propos, doit être remplacée par la peur légitime d’entacher sa réputation, facteur souvent plus dissuasif lorsqu’il s’agit de faire carrière ou de préserver sa crédibilité.

III. La responsabilité collective face au pillage

Le fléau de la corruption ne se limite pas à ceux qui en sont directement coupables. Souvent, un réseau d’individus profite des largesses du système, s’enrichit en catimini, puis feint l’ignorance quand le scandale éclate. Dans ce contexte, le silence complice de certains s’avère tout aussi dommageable que les actes de corruption eux-mêmes. C’est ce phénomène qu’il faut éradiquer : l’idée que « tout le monde mange » légitime, aux yeux de certains, une sorte de fatalité entretenue au détriment de l’intérêt général.

La Guinée mérite mieux que ce fatalisme. Les dirigeants qui s’obstinent à piller les caisses publiques, puis à se poser en victimes lorsqu’ils sont rattrapés par la justice, sont les premiers fossoyeurs de notre avenir commun. La refondation demande une prise de conscience collective : les dignitaires et leurs soutiens doivent accepter de mettre fin à cette culture d’impunité et embrasser de nouvelles pratiques de gouvernance, plus vertueuses et plus transparentes.

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IV. Vers une refondation crédible

En appelant à « vivre la refondation », il ne s’agit pas d’un slogan creux, mais d’un impératif vital. Une refondation crédible implique de profondes réformes institutionnelles (limitation des cumuls de postes, revalorisation des salaires pour réduire la tentation de corruption), ainsi que l’instauration de mécanismes de contrôle indépendants et efficaces. La volonté politique doit être sans équivoque : quiconque s’éloigne de la mission de service public doit être sanctionné, quels que soient son rang et ses appuis.

La Guinée regorge de talents, de jeunes diplômés et de cadres compétents, dont le seul désir est de travailler au développement durable du pays. Leur donner la chance d’exercer dans un environnement sain, dépourvu de malversations, est un devoir moral et stratégique pour nos décideurs. Il en va de la crédibilité du pays sur la scène internationale, de l’attractivité pour les investisseurs et, surtout, du bien-être de tous les citoyens.

En définitive, le moment est venu d’opérer une véritable refondation des régies financières en Guinée. Ce changement passera par une sélection exigeante des profils à la tête des entités publiques, un contrôle efficace, la responsabilisation de tous et une tolérance zéro envers l’impunité. Se mettre au service du public est la plus noble mission qui incombe à un dirigeant ; tout manquement à ce principe sacro-saint doit être dénoncé et puni. Ainsi, la Guinée pourra enfin amorcer un cycle vertueux de développement et de prospérité, fondé sur l’intérêt général et l’égalité de tous devant la loi.

Abdourahamane Responsable Mécénat Santé et Solidarité drastone70@gmail.com

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