Une fois n’est pas coutume, la presse guinéenne a célébré l’une de ses icônes à son vivant. Il s’agit du Doyen Diallo Souleymane, ancien journaliste du quotidien national Horoya et fondateur du groupe de presse Lynx.
Ce samedi 29 octobre 2022 à Conakry, l’ancien reporter du journal ivoirien Fraternité Matin a réussi tous les honneurs dû à son rang. En plus des satisfécits de reconnaissance pour ce qu’il a apporté à la presse et d’une médaille d’or, on lui a décerné un Prix spécial ‘’ Diallo Souleymane’’ pour l’ensemble de ses œuvres. Ce prix qui porte son nom sera institué pour récompenser la personnalité médiatique de chaque année.
Cette cérémonie de gala qui a eue lieu dans la grande salle des Chapiteaux du Palais, a été présidée par le président du Conseil national de la Transition (CNT) Dansa Kourouma. L’évènement a également connu une forte mobilisation, des proches, parents, amis, anciens collaborateurs et personnalités publiques du pays.
- Diallo est l’un des rares homme de média à avoir survécu à tous les régimes de la république de Guinée. De Sékou Touré, jusqu’au temps du Colonel Mamadi Doumbouya, en passant par le régime du Général Lansana Conté et Alpha Condé. Mais malgré les intimidations, il est toujours resté fidèle à sa plume caustique et pointue
Durant la soirée de reconnaissance, les hommes de médias en Guinée et d’ailleurs ont rendu un vibrant hommage à M. Diallo tout en mettant en avant les valeurs qu’ils incarnent : son professionnalisme, son courage et sa détermination pour l’indépendance de la presse. Mais le moins qu’on puisse dire, est que, les intervenants dont Boubacar Yacine Diallo, président de la HAC, Serge Daniel correspondant France 24, Mamadou Diallo ex-correspondant du BBC Afrique, Kerfala Sano Cissé ancien président de l’URTELGUI, étaient tous unanimes du noble combat mené par cette icône pour la liberté de la presse et la liberté d’expression.
C’est dans cette logique que le président du CNT qui a collaboré avec Diallo Souleymane pendant la transition de 2010, a mis un accès particulier sur l’apport incontournable du Doyen pour la dépénalisation des délits de presse. (loi L002 qui permet aux journalistes guinéens d’éviter d’être incarcéré par la justice ).
Selon la deuxième personnalité du pays, au-delà de cette brillante célébration, les autorités guinéennes doivent à leur tour rendre un vibrant hommage au Doyen Souleymane qui le mérite amplement.
C’est dans ce même ordre d’idée que le secrétaire général du ministère de l’information, Souleymane Thianguel, a soutenu que son département est prêt à accompagner une telle initiative.
Pour sa part, l’initiateur de ce projet, Kerfala Sano Cissé, ancien travailleur du groupe Lynx est revenu sur la nécessité de célébrer Diallo Souleymane à titre anthume. Pour lui, ce grand homme qui continue d’inspirer la nouvelle génération mérite bien cette reconnaissance. C’est pourquoi, il a même donné le nom de son studio de Kissidougou à Diallo Souleymane.
Très ému par ce geste, le Doyen Diallo Souleymane, a vivement remercié les initiateurs de cette célébration.
« Ce mot de remerciement s’adresse à tous ceux qui ont permis à cette journée de reconnaissance et d’hommage à titre anthume de se réaliser envers le modeste journaliste que j’ai été. Je ne connaissais pas le sens du terme anthume. Un coup d’œil à travers Larousse, je panique : comment, grand dieu, arriver à cette date du 29 octobre? Je me suis retrouvé, à mon corps défendant, dans une trilogie qui ne dit pas son nom : les rabbanas, la clinique et la pharmacie. Dieu merci, aujourd’hui, c’est bien le 29 octobre ! Soyez remerciés de votre présence à cette grandiose cérémonie. »
Plus loin, le Doyen Diallo Souleymane a attiré l’attention des uns et des autres sur la liberté de la presse en disant :
« Je demande de redoubler de vigilance pour suivre d’assez près, l’enracinement dans ce pays de la culture démocratique, partant médiatique. C’est presque une lapalissade. Le journaliste ne saurait s’épanouir en dehors de la liberté, de la culture, de la démocratie, du respect des normes, des lois de la république. L’envie me vient souvent de prendre le journaliste pour un petit bonhomme qui travaille avec les grands. Le jour où il est persuadé qu’il est grand, qu’il raccroche ! J’ai pris aussi l’habitude contestable de comparer la liberté de la presse à un immeuble. Certains États sont au sous-sol, d’autres, au 16è étage. D’autres encore, aux étages supérieurs. La Guinée n’est pas au sous-sol. Jamais ! Elle a fait des pas de géants en matière de liberté de presse, en un temps record. Elle revendique valablement une place au 2è étage, au moins. Faisons l’économie des étapes franchies, pour ne citer que la décriminalisation des délits de presse, l’attribution par l’État d’une maison à la presse, la subvention annuelle de la presse par l’État. J’en arrête-là. »
Cette grande célébration qui a permis de mobilier la presse guinéenne et étrangère dans sa diversité et dans sa totalité a pris par des photos de familles.
Ibrahima Bah