Lancée le lundi 26 février dernier, la phase de la projection des éléments de preuve portant sur les évènements du 28 septembre 2009, a pris fin ce mercredi à 13h à Conakry. Ainsi à partir de la semaine prochaine le tribunal présidé par le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara entamera la phase des débats portant sur ces projections.
En effet, pendant trois jours, le tribunal de première instance de Dixinn délocalisé à la Cour d’Appel de Conakry et l’ensemble des parties composantes de ce procès ont pu visionner des vidéos et images et auditionnés des sons versés dans le dossier. Il s’agit notamment des interviews de l’ex-président de la junte militaire Moussa Dadis Camara, des interventions de l’ex-chef d’Etat-major, Oumar Sanoh devant la commission d’enquête, de la sortie du commandant Toumba Diakhité sur RFI, des témoignages des victimes dont les leaders politiques (Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré, François Lounceny Fall, Jean Marie Doré) des documentaires du jour du massacre, des séries de reportages de médias étrangers et autres…
A la fin de cette étape cruciale qui a permis à chacune des parties d’envoyer ses preuves, les avocats ont donné leur avis sur les projections.
Du côté de la partie civile, on estime que la méthode utilisée par le tribunal n’est pas la meilleure.
Dans son analyse, Me Thierno Amadou Diallo affirme : « Ce que j’ai constaté le tribunal avait inversé les rôles. Au lieu de commencer par les faits, le tribunal avait commencé par les interviews du président Moussa Dadis Camara. Or ces interviews sont venues bien après les évènements du 28 septembre. Il aurait fallu commencer par les évènements du 28 septembre. C’est à dire l’arrivée de la foule, la présence du Colonel Tiégboro lorsqu’il tentait de dissuader les gens. Nous avons bien constaté la présence de ces deux gendarmes coiffés de bérets rouge qu’il a contesté ici. Ensuite, la discussion qu’il a eu avec les leaders politiques au niveau du portait de l’université Gamaal, la rentrée de la foule à l’intérieur du stade, les différents discours tenus par les leaders politiques et puis la rentrée sanglante des militaires qui ont effectué des tirs… »
Poursuivant il signale que la partie civile a révélé des éléments importants pour inculper les accusés. ‘Le lundi prochain nous allons démontrer les différents éléments clés que nous avons retrouvés au cours de ces images mais également les audios diffusés. Nous avons trouvé des éléments déterminants qui peuvent valablement fonder nos prétentions pour inculper le capitaine Moussa Dadis Camara et tous les autres qui ont participé au massacre du 28 septembre ».
Par contre, Me Antoine Pépé Lamah, estime qu’aucun élément n’incrimine son client Moussa Dadis Camara. Il reste convaincu que l’ancien Chef d’Etat sera libéré par la justice.
»J’ai un sentiment de satisfaction parce qu’à date aucun de ces éléments ne compromet à aucune manière le capitaine Moussa Dadis Camara. Il n y a aucun élément qui prouve que le capitaine Moussa Dadis a donné les instructions, des moyens à qui que ce soit pour aller commettre les crimes au stade. Aucune de ces vidéos, aucun support audio ne corrobore l’accusation. Par contre les vidéos projetées ont montré un capitaine Moussa Dadis très touché par ce qui venait de se passer. Très attaché à la manifestation de la vérité et dévoué par un sentiment de justice pour les victimes…Aujourd’hui nous sommes heureux que les débats connaissent une telle évolution. Nous avons à l’esprit que les jours à venir nous allons suffisamment avancer pour finir avec ce dossier afin que le capitaine Moussa Dadis recouvre sa liberté pour le bonheur de la justice. » a indiqué Me Lamah.
La nouvelle phase prévue le lundi 4 mars permettra aux différents avocats de se prononcer devant le tribunal sur les éléments de preuve.
Ibrahima Soya