Très attendu dans ce procès, le gouverneur de la région administrative a finalement comparu ce Lundi 22 janvier 2018 devant le tribunal militaire à formation spécial de Labé.

Sadou Keita a surpris les inculpés avec un récit qui complique davantage leur situation dans ce procès des violences militaires des 17, 18 et 19 juin 2016 a constaté sur place lecourrierdeconakry.com.

Une fois à la barre, le président du tribunal a permis à Sadou Keita de livrer sa part de vérité par rapport aux violences enregistré à mali Yembering. Ainsi, le gouverneur y est allé de son mot :

« J’étais en réunion de sécurité quand monsieur le préfet de Mali m’a saisie de ce qu’il y a beaucoup de bruit autour de sa maison. Il y a la population qui exprime son mécontentement par rapport aux agissements du colonel ; il souhaiterait mon intervention urgente. Donc 17 heures déjà j’étais là-bas. C’est ainsi qu’on a compté 13 tirs et aussitôt un commerçant est venue me demander d’intervenir que sinon ce n’est pas bon car ça ne va pas. Il a fallu tard dans la nuit vers 1 heures du matin pour que je puisse m’entretenir avec le colonel Issa Camara qui est finalement venu me voir. Je lui ai dit, ‘’est ce que vous saviez que le gouverneur est à Mali ? Il a dit oui ; ‘’vous savez que je suis le représentant du président dans la région administrative de Labé’’ ? Il a dit oui ; ‘’vous savez que le commandant de la deuxième région militaire de Labe est là’’ ? Il a dit oui ; ‘’avez-vous entendu les tirs’’ ? Il a aussi dit oui, mais je vous jure sur la Fathia que ce n’est pas les militaires qui tirent. Je lui ai dit qu’à partir de maintenant je ne veux plus entendre de tir. J’avoue que depuis là il n’y a pas eu de tirs mais les cambriolages ont commencé à ce moment et j’ai reçu beaucoup de plainte » soutient Sadou Keita.

Et de poursuivre : « Le lendemain à 9 h j’ai invite la sécurité et le préfet afin qu’on aille ensemble et visiter les boutiques vandalisées. On a vu les kiosques, les véhicules et tous les dégâts. Nous sommes allé vers la grande route j’ai demandé au vice-maire de préparer tout le monde pour une rencontre à la maison des jeunes. comme çà de l’hôpital, avec le préfet on va les rejoindre à la réunion. Après nous sommes allé voir les malades car j’avais appris qu’il y a une personne qui a pris une balle. Mais, le maire ma interpellée par la suite pour me dire qu’ils ne peuvent pas seule aller avec les civils à la maison des jeunes car si les militaires les rattrapent ça peut être pire que les événements du 28 septembre 2009. C’est en ce moment que j’ai vu des militaires entrain de tirer en l’air. Je leur ai demandé d’arrêter mais des voix ont dit non dans les rangs des militaires. Je vous explique les choses telles qu’elles se sont passé. À l’instant mon garde du corps a voulu m’obliger pour chercher un abri j’ai dit non si c’est à Mali que je dois mourir je vais mourir et le président apprendra mon décès mais je ne vais pas fuir. Avec la pression des uns et des autres on est rentré dans la concession d’un imam je pense. Quelque temps après, les tirs ont cessé et on est allé à l’hôpital ou on a trouvé d’autres blessés. En ce moment comme les militaires n’obéissait ni à l’autorité militaire ni à l’autorité civile donc j’ai dit à mon ministre que je ne peux plus gérer cette crise » déclare le gouverneur de région.

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Continuant sa narration, Sadou Keita explique dans quel contexte ils ont quitté Mali Yembering : « Par après, j’ai reçu des consignes que j’ai partagées avec le commandant de la deuxième région militaire de Labé. Des consignes qui disaient d’arrêter celui qui a battu le jeune et de rentrer à Labé avec le colonel pour rencontrer le colonel d’état-major qui était déjà arrivé à Labé. Ainsi je l’ai fait savoir au colonel qui dit être déjà informé mais qu’il doit préparer ses troupes. Ensuite j’ai reçu une autre consigne qui nous demande d’attendre la nuit pour éviter d’autres crises. À 21 h 00 j’ai dit au colonel on va bouger et il a dit à vos ordres. Nous  sommes allés entre Fougou et Yembering où nous avons eu une crevaison dans l’obscurité. On a changé de pneu et sommes arrivés à ma résidence à 1 h 25. À l’instant le chef d’état-major m’a appelé pour le compte rendu. Ainsi, il m’a informé qu’il vient immédiatement à mon domicile pour nous rencontrer mais le colonel Issa Camara n’a pas voulu l’attendre car dit-il l’a rencontré doit se faire au camp donc il est parti au camp » ajoute-t-il.

Ainsi, le gouverneur de Labé n’a pas manqué d’exprimer sa déception vis-à-vis du comportement des militaires : « moi j’ai trouvé une situation extrêmement dangereuse à Mali. Voilà pourquoi on m’a applaudi à mon arrivée car les citoyens estimaient que le représentant du chef de l’État dans la région administrative allait rappel son inférieur à la raison. Mais malheureusement mon arrivée n’a pas changé la situation. La logique est claire. Un militaire sort du camp et procède à des tirs, des pillages alors que son supérieur se trouve à Mali et sans que celui-ci ne réagisse ça en dit long. Je n’ai pas entendu le colonel donner des ordres mais j’ai vu des militaires piller et tirer » déplore-t-il.

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Après cette comparution du gouverneur de région Sadou Keita et juste après les réactions des avocats des deux parties, Kolie Kémo Camara le président du tribunal a annoncé la fin des débats tout en précisant que l’audience reprendra le mercredi 24 Janvier 2017  avec les plaidoiries de la partie civile et de la défense ainsi que les réquisitions du ministère public.

Bah Djenabou Labé, pour lecourrierdeconakry.com

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