Après plus de 40 audiences tenues en 5 mois de la phase d’audition des 11 accusés, c’est au tour des victimes de s’exprimer. Le procès sur les événements du massacre du 28 septembre 2009 se poursuit à Conakry au tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la Cour d’Appel de Conakry. Depuis le 14 février dernier à la demande des parties civiles pour les victimes de viol qui souhaitaient témoigner en catimini, les audiences criminelles à huit-clos relatives au procès des évènements du 28 septembre 2009 se sont poursuivis jusqu’au mardi 14 mars 2023.
Ces audiences à huit-clos qui ont permis d’entendre plus d’une dizaine de victimes de viol à la barre sur leur mésaventure pendant la journée du meeting du 28 septembre 2009.
Selon Me Amadou Oury Diallo un des avocats de la défense, il y a beaucoup d’autres victimes de viol, mais qui souhaitent s’exprimer à visage découvert.« C’est fini aujourd’hui avec les victimes qui souhaitaient témoigner à huis-clos. Mais demain (mercredi ndr), les audiences publiques vont reprendre car beaucoup d’autres victimes souhaitent témoigner à visage découvert », a-t-il précisé. Le courage et la bravoure de Fatoumata BarryHabillé en tenue africaine avec foulard noir attaché de façon fantaisiste, Fatoumata Barry en témoignage à l’audience publique depuis le tribunal criminel de Dixinn ce mercredi 15 mars, est revenue sur les faits qu’elle a vécu lors des malheureux évènements du 28 septembre 2009. « Il y a eu beaucoup de carnage, c’est l’arrivée de M. Toumba qui nous a sauvé », a-t-elle dit en substance.
40 ans repus, dame Fatoumata dit avoir été violée, violentée et humiliée par des policiers et gendarmes. « Un d’entre eux a sorti un couteau et a déchiré mon pantalon et le dessous. Ils m’ont déshabillé et m’ont doigté. D’autres m’ont tripoté avec leur matraque et uriné sur moi », a expliqué Dame Barry.
Répondant aux questions des avocats avec courage et abnégation, la dame qui a préféré témoigner à visage découvert a précisé que les militaires présents ce jour du 28 septembre 2009 ne lui ont pas fait cadeaux.
Pour rappel, le 28 septembre 2009, lors d’une manifestation menée contre le projet du chef de la junte militaire, Moussa Dadis Camara de se présenter aux élections présidentielles, environ 50000 personnes se sont regroupées au stade de Conakry. Cette manifestation qui a été durement réprimée par l’armée a causé plus de 150 morts, des centaines de blessés, de nombreuses victimes de crimes sexuelles et de disparition forcée.
La Fédération Internationale des Droits Humains, (FIDH), Organisation Guinéenne de Défense des Droits de l’Homme et du Citoyen (OGDH) et l’Association des Victimes Parents et Amis du 28 septembre 2009 (AVIPA), partie civile au procès, poursuivent leurs mobilisations aux côtés des plus de 600 victimes qu’elles accompagnent depuis près de 13 ans. Ces organisations pour le respect des droits de l’homme en Guinée ont permis aux victimes d’être accompagnées tout au long des cinq années de la procédure d’instruction et de contribuer à l’inculpation des 13 individus.
Nantènin Traoré