Chacun savait que le réajustement des prix des produits pétroliers était devenu inéluctable et chaque jour plus pressant. Cependant, le Gouvernement a pris le temps, long mais utile, de discuter avec toutes les parties prenantes dans un dialogue franc et direct. Il s’est donné surtout tous les moyens pour que les populations ne souffrent pas, outre mesure, d’une nécessité économique et des Lois implacables du marché international. Le Gouvernement a espéré, jusqu’au bout, n’avoir pas à prendre une décision dont il se serait passé volontiers, partageant la fibre sociale du Président Alpha Condé et resté très sensible aussi aux épreuves de la crise sanitaire mondiale. Mais, à l’impossible nul n’est tenu, et aussi la Guinée, malgré la volonté et la détermination de son Président à conjurer les problèmes pour son pays, fait partie du monde qui est confronté dans sa globalité au dérèglement économique et à ses conséquences sociales dramatiques.
Depuis le début, le Président de la République et son Gouvernement se sont préoccupés davantage des conséquences sociales d’une mesure indépendante de leur volonté que de l’équilibre des comptes publics.
Aujourd’hui, certes les prix des produits pétroliers en Guinée, comme ailleurs, ont augmenté comme d’autres prix de biens et services, tels ceux des denrées de première nécessité qui ont flambé dans le monde, mais comme l’a exigé le Chef de l’Etat, cela a été fait dans des proportions raisonnables, surtout, en obtenant au préalable des mesures d’accompagnement concertées et librement consenties. Le Gouvernement s’en réjouit et félicite chaleureusement les syndicats des transporteurs qui, pendant ces temps difficiles pour tous les Gouvernements et peuples du monde, donnent à tous une leçon d’humanisme et de patriotisme. En effet, c’est une première en Guinée de voir les syndicats des transporteurs appeler, unanimement, au maintien des tarifs de transport au lendemain d’une augmentation des prix du carburant. Ce fait inédit n’a rien de fortuit, cela prouve que les rencontres initiées entre les différentes parties prenantes ont porté fruits.
Ce n’est pas tant de se complaire dans le confort de la critique facile, et du cirque des fausses solutions à de vrais problèmes, que de proposer des alternatives crédibles ou d’indiquer ce qu’il y aurait lieu de faire ensemble pour que la Guinée reste debout, pour que les Guinéens s’en sortent dans cette atmosphère de détresse universelle.
Ce qui est demandé à chacun et à tous, c’est de comprendre l’état du monde et la situation économique inédite consécutive à la pandémie de Covid-19 qui a ruiné les acquis, et remis en cause toutes les certitudes et projections les plus optimistes et prometteuses. Naturellement, les Etats, comme tous les citoyens du monde, n’ont pas d’autre choix à ce stade de l’histoire de l’humanité que de s’adapter à une vie devenue plus difficile et incertaine, tant par le discours public que dans le comportement au quotidien. Le péril individuel et commun auquel l’on se retrouve tous confrontés aujourd’hui a cultivé, chez beaucoup, la foi et l’humanité, a contribué aussi à susciter un effort de solidarité forcée. Car, à l’heure oú c’est l’impasse économique partout et la vulnérabilité pour tous, l’essentiel est de n’abandonner personne à son sort. Ce qui ferait le bonheur de tous, est que les plus forts se soucient des plus faibles, les plus nantis pensent aux personnes démunies. C’est dans nos traditions, c’est aussi l’option politique du Chef de l’Etat, à savoir, chaque fois placer l’Homme au cœur de toutes les politiques publiques, en particulier dans les économies de marché. Une politique humaniste et sociale qui n’a pas de prix pour la paix sociale et la cohésion nationale, mais qui chaque fois aura un coût élevé pour les finances publiques. Il en est ainsi pour le carburant, comme pour tout le reste. Même si on peut avoir du mal à le croire, à le comprendre et l’accepter dans un débat où les personnes de bonne foi et éclairées ont parfois du mal à se faire entendre, face au clientélisme ambiant et le nihilisme politique et intellectuel de ceux qui n’ont de projet et programme que de rejeter tout ce qui ne vient pas d’eux et n’est pas fait par eux. Le Gouvernement est leur unique cible, les Gouvernants sont devenus, à la fois, leurs souffre-douleurs et leurs boucs émissaires dans un psychodrame politique et une hystérie sociale accommodants.
Ils s’étonnent après que personne ne les écoute plus, que, jour après jour, ils s’isolent dans le déni systématique et l’illusion d’avoir toujours raison, d’incarner forcément la vertu.
Mais, comme aimait à le rappeler le Président Houphouët-Boigny, » le vrai bonheur, on ne l’apprécie que lorsqu’on l’a perdu ».
Tibou Kamara, Ministre d’Etat, conseiller personnel du Chef de l’Etat, Ministre de l’industrie et des PME, Porte-parole du Gouvernement