Quand est-ce que nos gouvernants vont comprendre que ce ne sont pas les réunions avec les commerçants qui vont résoudre la problématique de la cherté de la vie qui est plus structurelle que conjoncturelle ?
Décidément cette approche populiste fait partie de l’histoire de la mauvaise gouvernance dans notre pays. Tous nos dirigeants l’utilisent pour se protéger des critiques en désignant un bouc émissaire. Elle illustre leur mauvaise foi et méconnaissance des lois du marché. En somme, un amateuriste dans la gestion des problèmes de nos concitoyens.
Le premier paradoxe est celui de vouloir une augmentation continue des recettes fiscales sur une matière imposable rétrécie, et exiger au même moment des prix bas sur le marché des biens et services.
En effet, le cordon douanier représente l’une des principales poches des recettes publiques. Cela veut dire que ce sont les importations qui font vivre l’État alors que c’est l’inverse qui devrait se faire. Alors quoi de plus normal que les augmentations tarifaires se répercutent sur les prix de vente des produits ?
Le second paradoxe est celui d’avoir une économie non diversifiée et non industrialisée avec un taux de chômage explosif, et espérer un pouvoir d’achat élevé des ménages. Comment des personnes sans revenus peuvent-elles être des consommateurs viables ?
Au lieu de prôner des prix bas pour se faire applaudir, il faut plutôt initier des activités qui créent des emplois et des revenus élevés pour booster la consommation qui encourage la production locale.
Le dirigisme des prix est une utopie dans une économie devenue mondialisée. Cela veut dire que l’interconnexion des marchés défie les lois nationales au profit des règles internationales du commerce. Qui sommes-nous pour y échapper ?
Quant à la décision de faire pratiquer l’agriculture par les ministres, bien qu’elle puisse paraître symbolique et incitative, elle n’a aucune portée pratique. Les populations s’intéressent à l’agriculture depuis des lustres. Elles ont juste besoin d’un accompagnement structurel à travers une véritable vision de développement du secteur (ce qui ne relève pas du rôle d’une autorité de transition).
Mais puisque le colonel Doumbouya, militaire, lisait un discours écrit par je ne saurais dire qui, son égarement sur la question est excusable. Mais cela ne pourrait être le cas pour certains de ses collaborateurs dont son premier ministre, ancien fonctionnaire de la FAO, et son ministre du commerce dont j’ignore le parcours professionnel.
En attendant, M. le président de la transition, virez vos conseillers en charge des questions économiques et commerciales !
Aliou BAH
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