Au propre et au figuré, Alpha Condé est en vie. Il garde encore une emprise sur le parti qu’il a fondé. Le RPG Arc-En-Ciel. Peu ou prou. Peu importe. Le moins qu’on puisse dire, l’ancien président déchu du pouvoir le 05 septembre 2021, n’entend pas abdiquer.
Que ce soit contre ses tombeurs ou contre ses contradicteurs au sein du parti, Alpha Condé se croit encore fort, à tout point de vue, pour faire regretter à chacun son agissement. La semaine dernière, c’est le jeune dynamique Souleymane Dounoh qui en a fait les frais. La décision de la suspension de ce dernier a été dictée par lui. La démocratie et la dialectique, c’est ailleurs. Mais pas avec le maitre à penser ou le fondateur du parti qui a toujours raison.
« C’est Alpha qui a appelé pour suspendre Souleymane », réagissent des cadres gênés par cet agissement mais qui n’ont pas les couilles (excusez de peu) d’assumer leur position, de peur d’être les prochains sur une liste de bannis qui pourrait être longue et impitoyable.
Le secrétaire général du RPG est sans ambiguïté.
« Alpha suspend qui il veut ». La messe est dite. Saloum Cissé n’a pas l’ère de se gêner de réaffirmer le pouvoir étendu et sans limite de son patron. En d’autres termes, l’ancien vice-président de l’assemblée nationale veut amener l’opinion à comprendre, sans commisération, qu’Alpha Condé peut disposer du parti à sa guise et que pour être militant et responsable du navire jaune, il faut éviter de choquer son fondateur. A bon entendeur salut. Trêve de discussions. C’est donc à se convaincre, sans exagérer, qu’au RPG, soit tu acquiesces tout du maitre à penser, même tu n’es pas nécessairement d’accord avec lui, soit tu fous le camp.
Jusqu’à quand cela va durer ?
A propos, le même secrétaire général dont les réactions sont difficiles à décoder, parce que diffuses et vagues, a donné des indications. « Alpha est le fondateur du parti, Kassory est le Président ». Ce qui veut dire que l’ancien Premier ministre, en prison, qui est d’une très grande réputation et d’une aura incontestable, aujourd’hui solide, dans le parti jaune, pourrait être l’obstacle à l’obsession de son ancien patron de demeurer seul maître à bord du navire jaune.
La réalité est que l’ancien opposant qui revient à ses amours , demeure redoutable aussi bien à propos de sa succession, sans coup férir, par Kassory Fofana , que dans la gestion paisible du pays à laquelle aspire la junte qui lui a succédé. Cela, on n’en doute point. La brève sortie de l’homme au siège du parti, le week-end dernier, à l’occasion de l’assemblée ordinaire hebdomadaire, est illustrative de sa détermination à se venger de ses tombeurs, avec le soutien affiché de son parti et de ses militants. Advienne que pourra.
Mougnouma Cissé