La vente de pagnes locaux apparait comme un business florissant dans la ville.  Le commerce de pagnes indigo issus de la teinture, est une des principales activités génératrices de revenue pour bon nombre de femmes de la commune urbaine de Labé. Dans cette ville, plusieurs étalages et boutiques destinés à la vente des pagne indigo se bousculent au marché.

 Dans le quartier de Donghora, la teinture est une tradition familiale et la pratique est ancrée dans les mœurs. Malgré les apparences, la profession se porte mal à cause de la mauvaise qualité des intrants.

« On est là, mais ce n’est plus comment avant. La clientèle est considérablement réduite ; donc voilà pourquoi nous aussi on limite la production car on ne fait qu’entasser des pagnes du jour au lendemain. En plus de tout cela on n’a jamais bénéficié d’un quelconque appui de l’État ou d’un partenaire. Donc on travaille à nos propres frais » déclare Hadja Fanta Diakhaby, doyenne des teinturières.

Le port du pagne indigo est très tendance. Jeunes et vieux sont de plus en plus fiers d’arborer ses tenues, vraies identités culturelles de la Guinée. La clientèle aussi devient plus exigeante.

 «Le plus souvent, ils disent que la qualité n’est  pas la même alors que nous on a rien changé. On utilise les mêmes outils et les mêmes produits. En plus ils se plaignent du prix. Pourtant c’est la vie qui est chère et non les pagnes. Actuellement, il y a tous les prix car les produits diffèrent. Nous avons des complet de 120 000 GNF, 150 000, 200 000 GNF… » se  justifie Mariama Diallo.

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Les vendeuses de pagnes indexent les artisans de la place qui selon elle, économisent les matériaux de teinture et de filage dans la production du tissu. Conséquence directe, le tissu n’a plus de garantie.

Interpeller sur la question, d’autres teinturières rejettent cette mauvaise pratique sur des gens qu’elles appellent « Pirates » qui font tout pour envahir leur marché. « J’accuse ceux qui n’ont aucune notion du métier, qui font un très mauvais travail juste pour tromper les gens et saboter notre marché. Si non, les tissus que nous faisons sont vraiment authentique » renchérit une dame qui a préféré garder l’anonymat

Par ailleurs, on ne se lassera de le dire, notre identité, le savoir-faire de nos artisans perd sa valeur du jour au lendemain dans nos sociétés même dites traditionnelles. A Labé, cela est remarquable dans l’habillement. De nos jours, Il est rare de voir une personne vêtue des tissus locaux sortis du génie de nos artisans. Victime de la mode, les pantalons jeans, chemises et les tissus venus de l’occident attire les jeunes Guinéens.

« J’ai constaté que la grande partie de la population surtout la jeunesse a emprunté la mode occidentale. Personnellement je n’échappe pas à cet emprunt. Donc, d’une part cela est dû à la mondialisation » estime Alpha Oumar Bah, un jeune de la vingtaine rencontré dans la commune urbaine de Labé.

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Madame Saliou Dian de son côté est consciente de la valeur des tenues traditionnelles mais déplore la qualité du travail de certains artisans. « Nous devons porter nos tenues traditionnelles. C’est ça notre coutume. Nos habits traditionnels ont de la valeur par rapport aux autres tenues parce que, naturellement on n’est pas Européen. Mais, les produits utilisés par nos artisans n’ont pas de qualité. Il ne respecte pas la dose normale. Si non, s’ils travaillent bien même si c’est cher les gens allaient s’en procurer. Regarder, les bazins venant de Bamako et autre, même si tu laves le tissu ne perd pas sa couleur » déplore madame Saliou Dian Daillo.

A ce niveau, il revient également à l’État à travers le ministère de l’artisanat et du tourisme de prendre ses dispositions pour valoriser les arts locaux de chez nous.

Bah Djenabou Labé, correspondante à Labé

 

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