Le Tribunal de Première Instance (TPI) de Kaloum, sous la présidence du juge Mamadou Bhoye Diallo, a rendu son verdict ce mardi 3 décembre 2024, dans l’affaire opposant le journaliste Bakary Gamalo Bamba, directeur de publication du journal “Le Baobab”, à Francis Kowa Zoumanigui, président de la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF). Accusé de violation de la vie privée, le journaliste a été condamné à six mois de prison avec sursis, à une amende d’un million de francs guinéens et à la confiscation de son téléphone.
L’affaire remonte à une rencontre privée au domicile de Francis Kowa Zoumanigui. Bakary Gamalo Bamba, sous prétexte de discuter de préoccupations personnelles, aurait enregistré clandestinement une conversation dans le but d’obtenir des informations sensibles. Cet enregistrement, jugé illégal, a conduit le magistrat à déposer plainte, dénonçant une atteinte à sa vie privée et à son image.
La défense, assurée par Me Mohamed Camara, a plaidé que le journaliste agissait dans le cadre de ses fonctions en recherchant des informations d’intérêt public. En revanche, Me Alimou Kaba, avocat de la partie civile, a souligné que cet acte constituait une violation grave des droits fondamentaux de son client.
Le ministère public avait requis une peine d’un an de prison, dont six mois fermes, assortie d’une amende de trois millions de francs guinéens. Toutefois, le tribunal a opté pour une sanction plus clémente : six mois avec sursis et une amende réduite.
Malgré sa condamnation, Bakary Gamalo Bamba a pu retrouver sa liberté après près de deux mois de détention. Cette décision suscite toutefois des interrogations, notamment au sein du Syndicat des Professionnels de la Presse de Guinée (SPPG).
Présent lors des audiences, le secrétaire général du SPPG, Sékou Jamal Pendassa, a dénoncé un jugement basé sur le Code pénal au lieu de la loi sur la liberté de la presse.
« Nous sommes heureux qu’il recouvre sa liberté. Mais je déplore cette condamnation. Elle est une entorse grave à la loi sur la liberté de la presse. En confisquant son téléphone, on viole aussi sa vie privée. », a-t-il déclaré.
Cette affaire marque un autre tournant dans la relation entre les médias et les institutions judiciaires en Guinée. Si le tribunal a voulu rappeler les limites à ne pas franchir, elle soulève également des inquiétudes sur la protection des journalistes dans l’exercice de leur métier.
Foulamory Bah