Depuis la mort tragique de la SOGETRAG (Société Générale de Transports Guinéens), la Guinée n’a pas pu se doter d’une entreprise digne de nom dans ce domaine. Les multiples tentatives de relance des activités à travers de nouvelles sociétés comme la SOTRAGUI et la SOGUITRANS ont montré leurs limites.

Le manque d’organisation et la corruption érigée en mode de gouvernance ont fini par tuer les différents projets.

Bien que le pays ait connu un passé glorieux dans le secteur du transport terrestre avec le chemin de fer, nous allons nous contenter de parler de l’expérience de la SOGETRAG qui disposait d’une importante flotte de bus qui assuraient la navette à Conakry et dans plusieurs villes de l’intérieur.

A l’époque, se déplacer était simple avec assez de confort. Presque chaque 5 ou 10 minutes, un bus arrivait aux arrêts prévus à cet effet. Enfant, je me rappelle que mes frères et moi suivions notre père les weekends pour des salutations d’usage. Les écoliers, les infirmes et les hommes en uniformes étaient transportés gratuitement dans la ville de Conakry. Les étudiants avaient la possibilité de s’abonner et bénéficiaient d’une carte qu’ils devaient présenter une fois à bord.

Les agents vendeurs de tickets installés à l’arrière des bus et les chauffeurs étaient aimables et portaient de belles tenues. A côté de cette simplicité, il y avait aussi la rigueur. Les fraudeurs comme il en existe toujours se faisaient souvent prendre par des équipes de contrôle, une sorte de « police ». Les individus pris à bord sans tickets étaient embarqués dans des fourgonnettes de la société et déposés au siège à Matoto. La sanction était qu’ils lavent les bus de réserve avant d’être libérés après.

Tous ces avantages ont pris fin avec la mort de notre belle SOGETRAG. Il est important de signaler que derrière cette réussite, il y avait la coopération guinéo-française. La France détenait les parts les plus importantes dans cette entreprise. La main d’œuvre était guinéenne (conducteurs, vendeurs de tickets, mécaniciens) alors que certains postes étaient occupés par des français.

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De cette date à nos jours, la Guinée peine à voir le bout du tunnel à cause de certains facteurs que j’ai cité plus haut.

Un jour, alors que je travaillais à la radio Bonheur, j’ai embarqué à bord d’un bus d’une société publique mort-née dont je ne me rappelle plus le nom. Avec des collègues, nous devrions descendre au carrefour Enco 5. Le chauffeur qui n’était pas dans son rôle nous demande de lui donner les frais de transport. Surpris, nous avons exigé des tickets que nous n’obtiendrons pas jusqu’à notre descente. Nous avons fini par comprendre qu’il voulait alimenter sa poche au détriment des caisses de la société.

Quelques mois plus tard, les travailleurs de la même société, sous Alpha Condé, ont manifesté à Kaloum pour réclamer le paiement de leurs arriérés de salaires oubliant qu’ils ont contribué à liquider l’entreprise.

Bien avant, en 2007, le gouvernement de consensus conduit par Lansana Kouyaté obtient un financement pour l’achat de 100 bus en Inde. Le premier ministre propose de confier la gestion à la SOTRA (société des transports abidjanais). Mais des guinéens dans leur orgueil nationaliste arguent qu’au nom de notre souveraineté, nous sommes suffisamment mûrs pour gérer 100 bus.

Bien que lancée, la société finira par sombrer comme les autres alors que la SOTRA résiste encore au temps.

Dans un super deal avec son ami Erdogan pour le contrôle du port de Conakry, Alpha Condé nous a présenté dernièrement une cinquantaine de bus offerts selon lui par Ankara. Ces engins gérés par Albayrak ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes.

Aujourd’hui, voyager à travers la Guinée est un véritable cauchemar. Les passagers sont entassés dans de petits véhicules conduits par des chauffeurs dont la plus part ne respecte pas la clientèle. Les hommes cohabitent avec des bagages de toutes sortes dont des animaux. Ceci est une honte pour notre pays.

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A Conakry et en provinces, les gares routières sont de véritables marchés sans commodités. Les citoyens qui les fréquentent sont exposés aux intempéries de la nature.

Le secteur des transports est pourvoyeur d’emplois s’il est bien géré car même avec les meilleures routes au monde, si le guinéen continue dans son habitude de détourner tout ce qu’il voit, nous n’allons pas nous en sortir.

A côté de la relance des aérodromes, il est urgent de se pencher sur le secteur du transport terrestre. Notre pays doit continuer à améliorer son réseau routier, se doter de gares routières modernes et d’une ou plusieurs sociétés de transport comme en Côte d’Ivoire, au Mali, au Burkina…

Les ivoiriens l’ont compris très tôt en créant en 1960 la SOTRA qui employait en 2012, 1610 personnes. En 2009, l’Etat ivoirien détenait 60,13% des actions de cette entreprise. Début 2015, la société disposait d’un parc de 540 autobus et 10 bateau-bus.

Les récentes mesures annoncées par le Ministère des transports réglementant la circulation des motos et tricycles sont salutaires. Il est honteux dans une capitale de voir deux personnes assises près d’un conducteur de tricycle en pleine circulation. C’est encombrant. C’est aussi honteux de voir un motard avec ou sans casque rouler avec deux ou trois personnes.

Que dire des taxis qui transportent deux passagers devant et quatre derrière en pleine capitale ?

Réglementer c’est bien beau mais à côté de ces mesures, le gouvernement a l’obligation de trouver des solutions pour soulager les populations dans leurs mouvements au quotidien.

Mamadou Samba Sow, journaliste

Tel : 664.68.73.94/622.02.05.65

sowbantignel@gmail.com

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