Le président putschiste colonel Mamadi Doumbouya, a tenu un discours de nouvel an qui a déçu l’opinion nationale dans sa grande majorité. Rien que le décor dans lequel ce discours est présenté au peuple , ne corrobore pas avec l’homme qui s’est affiché le 5 septembre 2021. Un véritable scénario hollywoodien qui prouve à suffisance que le colonel Mamadi Doumbouya n’est pas sensible à la précarité que vit son peuple. Ce montage est réellement l’expression de son égo comme pour dire qu’il est le seul chef et qu’il maitrise la situation.
Le contenu du discours n’est pas du tout rassurant. C’est plutôt une certaine flagornerie qu’il fait des actes du CNRD, même si ces derniers sont loin d’intéresser le peuple. Cette lutte contre la corruption et le détournement des deniers publics dont il se targue, cette CRIEF qu’il brandit comme un trophée, ne sont en réalité que des pratiques déviationnistes. On comprend aisément que la boussole du CNRD est uniquement orientée vers les anciens dignitaires du régime déchu, alors que des questions pas des moindres restent sans réponses notamment : la nomenclature des membres du CNRD, l’état des finances publiques au moment du putsch, la déclaration des biens des hauts responsables et dignitaires de la transition.
Dans ce discours rien n’a été dit en faveur des populations, aucune véritable annonce pour les travailleurs, l’emploi des jeunes, la situation de crise que connait le pays et même pas le moindre regard vers la quintessence de la transition. Ces propos sont convaincants pour ceux qui ne vivent pas en Guinée mais, les populations savent que tout ce qu’il a annoncé au compte du dialogue et du rapport qui lui a été remis ne reflète aucunement la réalité. C’est simplement la matérialisation de sa volonté de se maintenir, même s’il dit ne pas être candidat aux prochaines élections ,mais, il peut être un excellent marionnettiste.
Ce discours est celui d’un chef de guerre qui n’hésite pas à dresser ses dards contre ceux qu’il qualifie de fossoyeurs de l’économie nationale. S’il n’a ni parent, ni ami parmi eux, sa justice peine cependant à prouver leur culpabilité, ou tarde à faire leur procès. Le peuple s’attendait à l’annonce du démarrage du chronogramme et de son déroulement, à la libération ou au procès de ceux qui sont séquestrés à la maison centrale et à l’apaisement de la tension sociale perceptible dans le pays. Mais dire qu’il ne tremblera pas et qu’il ne vacillera pas cela est un affront pour le peuple dont il n’est pas l’émanation. Son autorité n’est pas légitime encore moins légale, c’est un pouvoir usurpé et qui veut se maintenir par la force des armes et la terreur.
Dans ce discours, on ne note aucune trace de compassion pour ces innocentes victimes du 5 septembre 2021, ces déguerpis de l’opération de récupération des domaines de l’Etat abandonnés à leur sort, aux familles qui croupissent aujourd’hui sous le poids de l’indigence et également les victimes des répressions des manifestations. Le silence qui l’entoure est le témoignage du peu d’intérêt qu’on lui accorde. Le CNDD a commis les massacres du 28 septembre 2009 pour se maintenir au pouvoir, le CNRD aussi a commis des crimes pour accéder au pouvoir. Si les uns sont devant la tribune de l’histoire, les autres doivent s’attendre à la pareille.
Le discours ignore également le problème sécuritaire pendant que des citoyens sont quotidiennement victimes des bandits et des coupeurs de route. Le colonel évoque la déliquescence du système éducatif sans pour autant faire des annonces pour son amélioration. Les résultats des examens nationaux de la session 2022 ont prouvé à tous, le véritable mal qui gangrène ce secteur névralgique. On ne peut pas corriger ce mal par les couches de vernis, il faut aller en profondeur depuis la structure jusqu’à la mise en œuvre des principes professionnels et pédagogiques.
Ce qui est ridicule et qui met en exergue sa volonté inavouée d’exclure des potentiels acteurs politiques au profit des minables politiciens qui ne sont que des marionnettes susceptibles de les couvrir à la fin de la transition. Ce que le CNRD et son président doivent savoir, c’est qu’il est très facile de donner un chien en sacrifice mais, trouver un marabout pour l’égorger est le véritable embarras. Dalein et Sidya sont en exil, Dr. Ibrahima Kassory en prison, les opérateurs économiques et les autres dignitaires séquestrés mais, Dieu est là et en liberté, voilà ce qui est fondamental. Tout candidat en dehors de ceux qui sont préalablement connus ne passera pas, le peuple de Guinée s’y opposera par tous les moyens. A cette allure le CNRD s’est décrédibilisé aux yeux de l’opinion nationale et internationale. Sa face cachée est mise au grand jour, cette adresse à la nation a levé toutes les ambiguïtés sur les réelles intentions du CNRD. Cette nouvelle année s’annonce avec de réelles incertitudes pour la paix sociale. La radicalisation des positions antagonistes n’augure nullement des lendemains heureux.
Que le bon Dieu éclaire dirigeant et dirigé.
MAM CAMPBELL ÉDITORIALISTE JOURNALISTE INDÉPENDANT ET ACTIVISTE CONSULTANT EN COMMUNICATION