Le 5 septembre 2024 marque le troisième anniversaire de l’arrivée au pouvoir du Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD), dirigé par le Général Mamadi Doumbouya. Cette date a été l’occasion pour Mathieu Manamou, président du Conseil préfectoral des organisations de la société civile de N’Zérékoré, de faire un point sur les réalisations et les défis que continue de rencontrer la Guinée sous la direction du CNRD.Progrès réalisés par le CNRD : une paix fragile et des projets qqqd’infrastructures en cours

Lors d’un entretiene exclusif qu’il accordé à notre correspondant local, Mathieu Manamou a reconnu certains progrès réalisés par le régime de Mamadi Doumbouya depuis sa prise de pouvoir. Parmi ces avancées, il a mis l’accent sur les efforts du gouvernement pour maintenir la paix et renforcer la cohésion sociale dans un pays longtemps marqué par des tensions politiques et ethniques. Selon lui, le maintien de la paix, bien que fragile, reste un acquis précieux qu’il faut saluer et renforcer.

« Au rang des exploits du CNRD, nous pouvons retenir la maîtrise de l’inflation. Pour rappel, au soir du 4 septembre 2021, 1 Euro était évalué à 13 000 francs guinéens, mais depuis la prise du pouvoir du CNRD, le 05 septembre jusqu’à nos jours, ça tourne autour de 9500 GNF. Le deuxième exploit et non le moindre, c’est le maintien de la cohésion sociale. Dans trois (3) ans on n’a pas connu de dérangement social ou de crise sociale. Et ça, c’est à mettre à l’actif du CNRD », a-t-il déclaré.

En outre, Manamou a évoqué plusieurs projets d’infrastructures qui ont vu le jour ou sont en cours de réalisation sous l’égide du CNRD. Ces projets incluent la construction de routes et de ponts notamment à Conakry. Il souhaite que ces projets soient élargis a l’intérieur du pays pays notamment dans la région de N’Zérékoré. Il a également souligné l’importance du projet Simandou, un projet minier colossal visant à exploiter l’un des plus grands gisements de fer au monde, situé dans le sud-est de la Guinée. Selon lui, le démarrage effectif de ce projet est le plus succès du CNRD. De son avis, cela pourrait profondément transformer l’économie du pays en générant des revenus substantiels et en créant des milliers d’emplois.

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Les faiblesses persistantes : promesses non tenues et abus de pouvoir

Cependant, malgré ces réalisations, Mathieu Manamou n’a pas hésité à exprimer son mécontentement face à plusieurs dysfonctionnements majeurs du régime. En particulier, il a vivement critiqué l’échec du président Doumbouya à respecter sa promesse de faire de la justice « la boussole » qui guiderait toutes les actions du gouvernement et des citoyens. Manamou a dénoncé ce qu’il qualifie de « défaillance systémique » de l’État à garantir une justice équitable et impartiale.

Le président du Conseil préfectoral des organisations de la société civile a cité plusieurs exemples concrets de ces défaillances, parmi lesquels figurent les arrestations arbitraires de citoyens, souvent pour des raisons politiques ou sur la base d’accusations infondées.

« Ils (les membres du CNRD) continuent les mêmes pratiques qu’ils ont reprochées aux autres. On assiste à des arrestations bizarres, arbitraires qui n’ont pas d’explication » a-t-il signalé.

Il a également fustigé les licenciements abusifs, notamment au sein des forces armées, où des officiers seraient écartés de manière injustifiée, parfois sans procédure régulière ni possibilité de se défendre. Cette situation contribue, selon lui, à un climat de peur et d’insécurité au sein de l’armée, ainsi qu’à un affaiblissement général des libertés publiques.

Également,  Manamou a pointé du doigt la confiscation des libertés publiques, qui se manifeste par des restrictions de plus en plus sévères sur le droit de manifester et la liberté d’expression. Il dénonce surtout les fermeture des médias privés les plus critiques et écoutés. Ces actions, d’après lui, sont en totale contradiction avec les engagements pris par le Général Mamadi Doumbouya au début de la transition. L’état de la démocratie en Guinée semble donc stagner, voire régresser, selon plusieurs observateurs locaux.

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Lutte contre la corruption : un défi permanent

Enfin, Manamou a également dénoncé la persistance de la corruption au sein de l’appareil d’État. Malgré les discours officiels sur la transparence et la lutte contre les détournements de fonds publics, les résultats concrets tardent à se faire sentir. Les accusations de détournement de deniers publics continuent de hanter le régime, entachant les progrès réalisés dans d’autres domaines.

« Autre chose que le Général avait promis, c’est la moralisation de la gestion de la chose publique. On voyait ça dans leur comportement et dans leur enseignement. Mais aujourd’hui, il y a aucune différence entre la gestion du CNRD et celui des régimes précédents. On constate les même insolence de la part des admistrateurs de l’Etat. L’écart entre le niveau de vie ceux qui sont aux affaires et les autres continue de d’augmenter » a-t-il fait remarqué.

L’absence de calendrier pour la transition : une source d’inquiétude

Un autre sujet d’inquiétude soulevé par Mathieu Manamou est l’absence de clarté sur le calendrier de la transition politique en cours. En dépit de certaines réformes engagées, le manque de visibilité quant à l’évolution de la transition préoccupe la société civile. Selon lui, l’incertitude entourant les échéances électorales et la remise en place d’un gouvernement civil constitue une source de frustration pour les citoyens guinéens. Le flou persistant autour de ces questions nourrit les spéculations et entretient un climat de méfiance vis-à-vis des autorités en place.

Pour Mathieu Manamou et d’autres acteurs engagés, la route vers un État de droit en Guinée reste encore longue et semée d’embûches.

Mamady 2 Camara, correspondant à N’zérékoré

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